À petites doses, l'alcool protégerait le cerveau

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 24/02/2017 Mis à jour le 07/08/2018
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Différentes études suggèrent qu’une consommation faible à modérée d’alcool serait protectrice contre les démences.

L’excès d’alcool est associé à différentes pathologies, comme certains cancers et maladies cardiovasculaires. De nombreuses études font ainsi état des bénéfices d’une consommation modérée d’alcool, en particulier en prévention de l'infarctus et de l'accident vasculaire cérébral. Or il existe un lien entre certains facteurs de risque cardiovasculaire et la démence. Aussi, pourquoi l’alcool ne protégerait-il pas le cerveau ?

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Un risque de démence réduit avec un peu moins d'un verre d'alcool par jour

Dans un article paru dans l'European Journal of Epidemiology, des chercheurs chinois ont étudié le lien entre la consommation d’alcool et le risque de démence. Pour cela, ils ont effectué une recherche systématique d’articles dans les bases de données internationales et sélectionné : 

  • 11 études avec 73 330 participants et 4586 cas de démences toutes causes confondues,
  •  5 études avec 52 715 participants et 1267 cas de maladie d’Alzheimer,
  • 4 études avec 49 535 participants et 542 cas de démences vasculaires.

Ils ont observé une association non linéaire entre la consommation d’alcool et le risque de démence. La dose d’alcool correspondant à un risque réduit de démence était au maximum de 12,5 g par jour (sachant que 10 g d’alcool correspondent à peu près à un verre), le risque le plus faible se trouvant pour une consommation de 6 g par jour (soit moins d’un verre). Mais le risque devenait élevé quand les doses dépassaient un certain seuil : 23 verres par semaine soit 38 g par jour (trois à quatre verres par jour). Le vin s'avérait plus protecteur que les autres alcools. 
Conclusion : une consommation légère à modérée d’alcool, et de vin en particulier, semble protéger contre la démence, alors que les excès (plus de trois verres par jour) augmentent le risque.

Une autre étude de cohorte publiée dans le British Medical Journal, d'une durée 23 ans, a observé que le risque de démence augmentait chez les personnes qui s'abstenaient de boire ( + 47 %), qui buvaient plus de 14 unités d'alcool par semaine (+17 % par unité en plus), qui ont été hospitalisés à cause de l'alcool ( +328 %), se sont abstenues au long terme* (+ 74 %), ont diminué leur consommation* ( + 55 %), ont eu une consommation supérieure à 14 unités d'alcool au long terme* (+40 %) par rapport aux buveurs réguliers et modérés (1 à 14 unités par semaines tout au long de leur vie).

*De la quarantaine à la vieillesse

1 à 2 verres par jour pour la mémoire

Dans un article paru dans l'American Journal of Alzheimer’s Disease and Other Dementias, des chercheurs américains ont trouvé une meilleure mémoire chez des seniors qui buvaient modérément de l’alcool. Dans cet article, les scientifiques ont étudié les effets de la consommation d’alcool sur la cognition et les volumes des cerveaux de personnes âgées, qui n’avaient ni démence ni antécédents d’alcoolisme. Pour cela, ils ont utilisé les données de plus de 660 patients provenant de la cohorte américaine Framingham Heart Study Offspring. Ces patients ont répondu à des questions sur leur consommation d’alcool et ont passé des tests neuropsychologiques et des IRM cérébraux.

Résultats : une consommation légère et modérée d’alcool chez les personnes de plus de 60 ans (1 verre par jour pour les femmes, 2 pour les hommes) était associée à une meilleure mémoire épisodique et à un volume de l’hippocampe plus important. La mémoire épisodique correspond à la capacité à se remémorer des événements. L’hippocampe est justement une région du cerveau importante pour la mémoire épisodique. 
En revanche, la consommation d’alcool plus jeune, en milieu de vie, ne semblait pas influencer le fonctionnement cognitif ou le volume cérébral plus tard, à un âge plus avancé.

Le vin réduirait le risque de décès en cas d'Alzheimer

Une étude parue dans la revue BMJ Open montre que 2 ou 3 verres de vin par jour pourraient diminuer le risque de mort prématurée chez les personnes atteintes de maladie d'Alzheimer à un stade précoce. Les 321 participants de cette étude, appartenant à la Danish Alzheimer's Intervention Study (DAISY), étaient atteints de la maladie d'Alzheimer à un stade précoce. Ils ont été suivis pendant 3 ans et les chercheurs ont recueilli des données sur leur consommation d'alcool pendant cette période. 53 personnes sont décédées au cours du suivi.
La plupart des participants (71 %) buvaient occasionnellement c'est-à-dire une boisson alcoolisée par jour ou moins. Environ 17 % des participants en buvaient 2 ou 3, 8 % n'en buvaient pas du tout et 4 % en buvaient plus de 3. Les résultats montrent que pendant la période de l'étude ceux qui buvaient deux à trois boissons alcoolisées par jour avaient 77 % de risque en moins de décéder que ceux qui en consommaient moins.

"Les résultats de notre étude suggèrent une association potentielle entre une consommation modérée d'alcool et la mortalité chez des patients atteints de la maladie d'Alzheimer" écrivent les auteurs. Pour ces derniers, il se pourrait que ceux qui boivent 2 ou 3 boissons alcoolisées par jour aient un réseau social plus large, lui-même associé à une amélioration de la qualité de vie et donc potentiellement à un allongement de la durée de vie.

Pour aller plus loin, lire : La fin d'Alzheimer et La fin d'Alzheimer - Le programme

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