L’exposition aux nitrates augmenterait le risque de cancer de l'estomac

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 24/02/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Chez les personnes non-infectées par la bactérie H. pilori, les nitrates alimentaires pourraient augmenter le risque de cancer gastrique.

Si la bactérie Helicobacter pilori est un facteur de risque connu pour le cancer de l’estomac, des facteurs alimentaires pourraient aussi jouer un rôle. C’est ce que suggère une étude sino-américaine parue dans PLOS One qui a porté sur une cohorte de 18.244 hommes chinois.

Le cancer de l’estomac est le 4e cancer le plus diagnostiqué et la 3e cause de décès par cancer au monde (700.000 décès en 2012 d’après l’OMS). L’incidence de ce cancer est particulièrement élevée en Asie de l’est. Comme ce taux d’incidence diminue chez des migrants japonais qui partent aux Etats-Unis, des facteurs environnementaux pourraient jouer un rôle.

Dans cette étude, les chercheurs ont examiné les niveaux urinaires de composés azotés et le risque de cancer gastrique dans une cohorte d'hommes vivant à Shanghai. Ils ont relevé des informations sur les apports alimentaires des volontaires, leurs habitudes concernant l’alcool et le tabac et leurs niveaux urinaires en nitrates, nitrites, NMTCA (N-nitroso-2-methylthiazolidine-4-carboxylicacid), NPRO (N-nitrosoproline), NSAR (N-nitrososarcosine ) et NTCA (N-nitrosothiazolidine-4-carboxylic acid). Ces dernières molécules sont des nitrosamines.

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Les composés nitroso- (ou NOC), comme les nitrosamines, ont des effets cancérogènes. Ils peuvent être obtenus par nitrosation de nitrates et de nitrites qui ont été ingérés. Les NOC exogènes proviennent de certains aliments, comme la charcuterie, le poisson salé ou fumé, les légumes séchés ou les pickles. Les NOC seraient plus fréquents dans la nourriture et à des concentrations plus élevées en Asie que dans les pays occidentaux.

Résultats : par rapport aux témoins, les patients qui avaient un cancer gastrique avaient des niveaux globaux comparables en nitrates, nitrites et autres composés azotés. Mais chez ceux qui n’avaient pas été infectés par la bactérie H. pilori, des niveaux élevés en nitrates urinaires étaient associés à une augmentation du risque de cancer gastrique. Cependant, il n’y avait pas d’association significative entre les niveaux urinaires de nitrites ou de composés azotés et le risque de cancer gastrique. Le niveau urinaire de NMTCA était associé de manière significative avec la consommation d’alcool et de viandes ou poissons conservés. Or, dans les produits carnés, nitrates et nitrites permettent d’améliorer la conservation.

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La formation des NOC dans l’organisme est probablement catalysée par le fer présent dans la viande rouge. Cette réaction de nitrosation a lieu dans des environnements acides comme l’estomac, là où le niveau en antioxydant vitamine C est bas. Les réactions de nitrosation peuvent être favorisées par certaines bactéries et dans certaines conditions inflammatoires. Comme la présence d’H pilori cause des dommages inflammatoires à la muqueuse de l’estomac, elle pourrait favoriser la formation des NOC. L’alcool pourrait aussi jouer un rôle dans la formation des NOC in vivo.

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Cette étude montre que l’exposition aux nitrates, un précurseur des composés nitroso-, pourrait augmenter le risque de cancer gastrique chez ceux qui n’ont pas été infectés par la bactérie H. pilori. Cette étude a aussi trouvé une forte relation dose dépendante entre la consommation d’alcool ou les viandes ou poissons conservés et les niveaux urinaires de NTMCA.

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Source

Xu L, Qu YH, Chu XD, Wang R, Nelson HH, Gao YT, Yuan JM. Urinary levels of N-nitroso compounds in relation to risk of gastric cancer: findings from the shanghai cohort study. PLoS One. 2015 Feb 6;10(2):e0117326. doi: 10.1371/journal.pone.0117326.

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