L’huile d’olive protégerait de l'accident vasculaire cérébral, mais pas de l'infarctus

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 18/07/2014 Mis à jour le 10/03/2017
La consommation d’huile d’olive est associée à une diminution de 26% du risque d'AVC mais aucune association n’a été trouvée avec le risque de maladies coronariennes

De nombreuses études suggèrent que le régime méditerranéen permet de réduire le risque de maladies cardiovasculaires. Peu de viande, du poisson, des fruits et légumes, des céréales et bien sûr de l’huile d’olive, tels sont les principales caractéristiques de ce « régime » allié de notre santé. Dans cet article, paru dans le British Journal of Nutrition, les chercheurs ont étudié particulièrement le rôle de l’huile d’olive dans les bienfaits de la diète méditerranéenne. Ils ont effectué une analyse de la littérature scientifique (études cas-témoins, études de population, essais contrôlés randomisés) et ont montré que la consommation d’huile d’olive est inversement associée au risque d’AVC. L’étude ne met pas en évidence d’association significative entre consommation d’huile d’olive et maladie coronarienne (infarctus, angine de poitrine...).

Lire : le régime méditerranéen

Une des principales caractéristiques de la diète méditerranéenne est la consommation importante d’huile d’olive, riche en acide gras monoinsaturé (acide oléique). Les études montrent que dans les pays dans lesquels la consommation d’huile d’olive est importante le risque cardiovasculaire est plus faible. Grâce à la présence de composés mineurs – autres que les acides gras mono-insaturés - l’huile d’olive aurait des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes bénéfiques notamment vis-à-vis de l’endothélium et permettrait de stabiliser la plaque d’athérosclérose.

L’étude « Pooling Project of Cohort Studies on Diet and Coronary Disease » a montré des effets négatifs des acides gras mono-insaturés (AGMI) sur le risque de maladie coronarienne. Ces résultats s’expliquent en raison des différentes provenances des AGMI considérés dans l’étude (origine animale) qui peuvent influencer l’association entre AGMI et risque coronarien.
De nombreuses études ont été menées sur l’association entre consommation d’huile d’olive et maladie coronarienne et accident vasculaire cérébral. Mais les résultats sont contradictoires. L’étude PREDIMED notamment a montré l’effet bénéfique de l’huile d’olive sur le risque d’AVC mais pas sur l’infarctus du myocarde.

Lire : le régime méditerranéen améliorerait la santé des vaisseaux sanguins

Ici, les chercheurs ont combiné les résultats de plusieurs études existantes basées sur des critères communs comme la consommation d’huile d’olive et l’étude de son effet potentiel sur les maladies cardiovasculaires (AVC, maladie coronarienne). Toutes les études ont été menées dans des pays méditerranéens. Au total, leur analyse regroupe 101 460 participants pour le critère « maladie coronarienne » et 38 673 pour le critère « AVC ».

Résultats : les auteurs n’ont pas trouvé d'association significative entre la consommation d’huile d’olive et le risque de maladie coronarienne pour une augmentation de la consommation d’huile d’olive de 25g/jour. En revanche, la consommation d’huile d’olive est associée à une diminution du risque d’accident vasculaire cérébral de 26%, pour une augmentation de 25g/jour de la consommation d’huile d’olive.

Cette absence d’association entre huile d’olive et maladie coronarienne a également été rapportée dans l’étude PREDIMED. Ce résultat ne remet pas en cause les bienfaits de la diète méditerranéenne dans son ensemble sur le risque cardiovasculaire, mais pourrait en partie être expliqué par le fait « qu’un facteur alimentaire unique est peu probable d’avoir un effet bénéfique important sur une maladie multifactorielle, comme la maladie coronarienne » disent les auteurs. Selon eux, il serait peut-être plus approprié d’évaluer les effets de la consommation d’huile d’olive vierge extra exclusivement plutôt que celle de tous types d’huiles d’olive mélangées.

L'avis de LaNutrition.Fr : L'huile d'olive est une huile intéressante du fait de sa stabilité à la chaleur et de la présence de composés antioxydants et anti-inflammatoires (huile d'olive vierge). En revanche, elle est déséquilibrée du point de vue des acides gras polyinsaturés, avec quasiment pas d'acide alpha-linolénique, le chef de file des oméga-3, qui donne naissance dans l'organisme aux acides gras oméga-3 à longues chaînes (EPA, DHA, DPA), mais qui aurait aussi des bénéfices propres (lire cet extrait de "Prévenir l'infarctus", du Dr Michel de Lorgeril). Les populations méditerranéennes compensaient traditionnellement cette absence d'acide alpha-linolénique dans leur huile de prédilection, en mangeant des aliments riches en alpha-linolénique comme les noix, le pourpier, et certaines plantes sauvages, et en consommant du poisson apportant des oméga-3 à longues chaînes, par exemple sardine, maquereau, anchois. Il est possible que cette compensation soit moins marquée à notre époque, y compris en méditerranée. Notons aussi que l'huile d'olive apporte entre 7 et 16% d'acide palmitique, un acide gras saturé soupçonné de favoriser l'athérosclérose. LaNutrition.fr conseille depuis longtemps d'utiliser l'huile de colza en assaisonnement (riche en acide alpha-linoléique et en acide oléique) ou l'association colza + olive, toujours en assaisonnement, et réserver l'huile d'olive seule aux cuissons. Ces conseils, et d'autres, figurent dans notre livre "La meilleure façon de manger", épuisé à ce jour, mais dont la nouvelle édition, enrichie et rendue plus pratique, paraîtra en 2015.

Lire aussi : Huile d'olive : ne la faites pas trop chauffer

Source

Martínez-González MA1, Dominguez LJ2, Delgado-Rodríguez M3. Olive oil consumption and risk of CHD and/or stroke: a meta-analysis of case-control, cohort and intervention studies. Br J Nutr. 2014 Jul;112(2):248-59. doi: 10.1017/S0007114514000713. Epub 2014 Apr 28.

Publié le 21 juillet 2014 - modifié le 16 février 2015.

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