Plus les jeunes passent de temps devant les écrans, plus ils mangent mal

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 16/10/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Le temps passé devant les écrans est associé à une consommation accrue d’aliments ou de boissons sucrés et une diminution de la consommation des fruits et légumes. En cause : la publicité pour les aliments de faible qualité nutritionnelle.

Certains jeunes passent plus de temps devant un écran qu’à n’importe quelle autre activité à part dormir. Ils voient donc plus de publicités pour les aliments (pas toujours sains) et pour les boissons sucrées. Quelle est l’influence de ces pubs alimentaires sur la prise de poids ou le risque d’obésité ? D’après une nouvelle étude parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition, chaque heure passée devant un écran est associée à une augmentation de la consommation d’aliments de faible qualité nutritionnelle (boissons sucrées, fast-food, snacks salés, bonbons).

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Les résultats des études et les interventions menées pour réduire le temps passé devant les écrans mettent en avant un possible lien de causalité entre le fait de regarder la télé et le gain de poids trop élevé chez certains jeunes. Plusieurs explications sont envisagées : la télé « remplace » l’activité physique, elle est à l’origine d’une diminution du taux métabolique au repos et promeut l’excès d’apports énergétiques en diffusant des publicités d’aliments sucrés. Les DVD et les jeux vidéo ne sont pas en reste avec les publicités avant le film ou le placement de produits.

Ici, les auteurs de l’étude sont partis de l’hypothèse que la télévision impacte négativement le poids des jeunes essentiellement car elle modifie leur régime alimentaire. C’est ce qu’ils ont voulu vérifier dans leur étude.

Les chercheurs ont utilisé les données de la Growing Up Today Study II concernant des adolescents - 4604 filles et 3668 garçons - âgés de 9 à 16 ans au début de l’étude en 2004. Les participants ont répondu à des questionnaires au début de l’étude puis en 2006 et 2008.

Les chercheurs ont évalué l’effet du temps passé devant les écrans sur la consommation d’aliments de faible qualité nutritionnelle (Foods of Low Nutritional Quality FLNQ) communément vantés dans des publicités : boissons sucrées, fast-food, bonbons, snacks salés…Les chercheurs ont calculé pour chaque participant la quantité totale de ce type d’aliments consommés, le FLNQ total. La consommation de fruits et légumes a également été évaluée.

Les résultats montrent que l’augmentation du temps total passé devant les écrans est associée à une augmentation de la consommation de produits de faible qualité nutritionnelle, particulièrement les boissons sucrées et les bonbons. Chaque heure supplémentaire par jour passée devant un écran (télé, jeux électroniques, DVD) est associée à une augmentation de la portion des aliments de faible qualité nutritionnelle (FLNQ)- boissons sucrées, bonbons, fast-food et snacks salés- et une diminution de la consommation de fruits et légumes.

Pour les auteurs, cette étude fournit une preuve supplémentaire que la publicité pour des produits de faible qualité nutritionnelle peut jouer un rôle dans la relation qui existe entre temps passé devant les écrans, le régime alimentaire et la prise de poids chez les jeunes. Ainsi, pour réduire l’impact négatif des écrans sur le risque d’obésité, il faudrait diminuer le nombre de publicités ou de placements de produits ciblant le jeune public et qui vantent ce genre de produits.

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Source

Falbe J, Willett WC, Rosner B, Gortmaker SL, Sonneville KR, Field AE. Longitudinal relations of television, electronic games, and digital versatile discs with changes in diet in adolescents. Am J Clin Nutr. 2014 Oct;100(4):1173-81. doi: 10.3945/ajcn.114.088500. Epub 2014 Aug 13.

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