Téléphones portables et tumeur du cerveau : une étude inquiétante

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 27/11/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Une nouvelle étude rapporte que l’utilisation de téléphones sans fil ou mobiles augmenterait le risque de gliome, une forme de tumeur au cerveau. Les auteurs invitent à prendre certaines précautions

Selon l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes), il y avait au 30 septembre 2014, 79,3 millions de cartes SIM en service en France. L’utilisation des téléphones mobiles a véritablement explosé. Avec quels effets sur la santé ? Les informations sur ce point sont contradictoires. Une nouvelle étude parue dans la revue Pathophysiology (1) rapporte que l’utilisation à long-terme des téléphones sans fil et mobiles est associée à un risque accru de gliome, la forme la plus répandue de tumeur cérébrale.

Lire : faut-il croire les études sur les téléphones portables?

"L’utilisation des moyens de communication sans fil a beaucoup augmenté au cours de la dernière décennie et a entrainé une plus grande exposition aux champs électromagnétiques des radiofréquences. Cela suscite une certaine inquiétude quant aux risques pour la santé, notamment en ce qui concerne le cerveau. Les enfants sont encore plus sensibles en raison de la petite taille de leur tête, de leurs os du crâne plus minces et de la conductivité plus élevée de leur cerveau" expliquent les auteurs.

Lire : utiliser plusieurs sources de médias simultanément pourrait modifier la structure du cerveau

Les chercheurs ont regroupé les données de deux études cas-témoins, incluant des patients diagnostiqués pour une tumeur cérébrale. La première étude portait sur des patients âgés de 20 à 80 ans et diagnostiqués entre 1997 à 2003, et la seconde comprenait des patients âgés de 18 à 75 ans et diagnostiqués entre 2007 et 2009. Les cas provenaient de six centres d'oncologie en Suède et ont été comparés à des témoins sélectionnés au hasard dans le registre de la population suédoise (Swedish Population Registry). Des questionnaires ont permis d’évaluer la fréquence et le mode d’utilisation des téléphones sans fil ou mobiles.

L’analyse concerne 1498 personnes diagnostiquées avec une tumeur cérébrale – dont 1380 gliomes- et 3530 personnes dans le groupe témoin.

Les résultats de l’étude montrent que le risque de gliome est associé à l’utilisation des téléphones mobiles et sans fil. Le risque augmente avec le temps de latence et également l’utilisation cumulée des appareils. Par exemple, le risque de gliome est triplé chez les personnes qui utilisent un téléphone mobile depuis plus de 25 ans et il est également plus élevé pour ceux qui ont commencé à utiliser les téléphones mobiles ou sans fil avant l'âge de 20 ans.

« Les téléphones 3G semblent également être associés à un risque plus élevé de gliome que les autres types de téléphone mais les résultats sont obtenus sur une latence faible et sur un petit nombre de participants » expliquent les auteurs.

"Les médecins devraient être très préoccupés par ces résultats et discuter avec leurs patients des précautions à prendre," dit le Dr Lennart Hardell, auteur de l’étude. « Il faudrait notamment utiliser des téléphones avec des kits mains libres ou des fonctions haut-parleur. Et envoyer des SMS plutôt que de téléphoner ».

Ces résultats rejoignent ceux obtenus dans des études précédentes : une analyse de la littérature existante sur le sujet avait trouvé que le risque de tumeur au cerveau était quasiment doublé par une utilisation d’au moins 10 ans du téléphone mobile (2). D’autres études n’ont cependant pas abouti aux mêmes conclusions. Certaines n’ont pas trouvé d’association entre l’utilisation des téléphones mobiles ou sans fil et le risque de tumeur au cerveau. C’est le cas de l’étude internationale INTERPHONE (3).

Lire : téléphones portables : toujours pas de cancer

Cela dit, même si un doute persiste, cela n’empêche pas de prendre certaines précautions, notamment chez les jeunes, par exemple en enlevant le téléphone portable de la chambre et en les incitant à envoyer des SMS…

Sources

(1) Lennart Hardell, Michael Carlberg. Mobile phone and cordless phone use and the risk for glioma – Analysisof pooled case-control studies in Sweden, 1997–2003 and 2007–2009. Pathophysiology (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.pathophys.2014.10.001

(2) Levis AG, Minicuci N, Ricci P, Gennaro V, Garbisa S. Mobile phones and head tumours. The discrepancies in cause-effect relationships in the epidemiological studies - how do they arise? Environ Health. 2011 Jun 17;10:59. doi: 10.1186/1476-069X-10-59.

(3) INTERPHONE Study Group. Brain tumour risk in relation to mobile telephone use: results of the INTERPHONE international case-control study. Int J Epidemiol. 2010 Jun;39(3):675-94. doi: 10.1093/ije/dyq079. Epub 2010 May 17.

A découvrir également

Back to top