Une autre raison de limiter les grillades : elles favorisent le cancer du rein

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 23/11/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Les personnes qui consomment le plus de viande, notamment grillée, ont un risque accru de cancer du rein. En cause : les substances cancérigènes qui se forment pendant la cuisson

Les viandes et poissons grillés sont soupçonnés de favoriser des cas de cancer du fait de composés toxiques qui se forment lors des cuissons à haute température. Ces composés accélèrent aussi le vieillissement. Dans une nouvelle étude parue dans la revue Cancer, des chercheurs ont découvert que les régimes riches en viande sont associés à un risque accru de carcinome à cellules rénales, la forme la plus commune de cancer du rein, notamment lorsque la viande est cuite à haute température (barbecue, frite à la poêle…) et que des composés cancérigènes se forment.

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Le nombre de nouveaux cas de carcinome à cellules rénales est en augmentation depuis plusieurs décennies et des chercheurs suggèrent que le régime occidental est en partie responsable, particulièrement une consommation de viande élevée. La consommation élevée de viande a été associée à un risque accru de cancer, « cependant les raisons pour lesquelles le fait de manger plus de viande augmente le risque de cancer ne sont pas claires » explique le Dr Stephanie Melkonian, auteure de l’étude. Un des mécanismes possibles est la consommation de composés mutagènes qui se forment lors de la cuisson de la viande à haute température comme par exemple la 2-amino-1-methyl-6-phenyl-imidazo(4,5-b) pyridine (PhIP) et l'amino-3,8-dimethylimidazo(4,5-f) quinoxaline (MeIQx).

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« Le rein est un organe biochimiquement actif qui est chargé de filtrer de nombreuses toxines de l’organisme et il est donc judicieux d’étudier l’effet de l’alimentation et notamment des substances cancérigènes qui en sont issues sur le risque de cancer du rein ».

Les chercheurs ont recueilli d’une part les habitudes alimentaires -et particulièrement la consommation de viande et l’exposition aux substances cancérigènes (PhIP et MeIQx)- et d’autre part des informations génétiques de 659 personnes récemment diagnostiquées pour un carcinome à cellules rénales. 699 personnes en bonne santé ont constitué le groupe témoin.

« Nous avons trouvé un risque accru de cancer du rein associé à la fois aux apports en viande et aux substances cancérigènes issus de la cuisson de la viande, suggérant un effet indépendant des substances cancérigènes sur le risque de cancer du rein ». Les résultats montrent que les personnes qui souffrent d’un cancer du rein ont consommé plus de viande rouge et de viande blanche. Les chercheurs ont trouvé un risque de cancer du rein accru de 54% chez les personnes ayant les apports en PhIP les plus élevés (par rapport aux personnes ayant les apports les moins élevés) et un risque presque doublé associé aux apports les plus élevés en MeIQx. Cette étude est la première à montrer une association entre le risque de cancer du rein et le MeIQx issu de l’alimentation.

Ces résultats suggèrent que la méthode de cuisson est un facteur important dans l’augmentation du risque de cancer du rein liée à la consommation de viande.

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Les chercheurs ont également mis en évidence que les personnes porteuses de mutations génétiques spécifiques -connues pour être associées au risque de cancer du rein- sont plus sensibles aux composés nocifs formés lors de la cuisson à haute température. « Des études complémentaires devront éclaircir le lien entre les apports en substances cancérigènes issues de la cuisson de la viande et la susceptibilité génétique ».

Les chercheurs ne peuvent pour le moment pas faire de recommandations en ce qui concerne les quantités de viande ou de substances mutagènes issues de la cuisson qui peuvent être consommées sans risque. Mais ils soulignent que leurs résultats plaident en faveur de la réduction de consommation de viande, particulièrement celle cuite à haute-température (grillade, friture, barbecue…).

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Sources

Increased meat consumption, especially when cooked at high temperatures, linked to elevated kidney cancer risk. MD Anderson Cancer Center.

Stephanie C. Melkonian, Carrie R. Daniel, Yuanqing Ye, Nizar M. Tannir, Jose A. Karam, Surena F. Matin, Christopher G. Wood, Xifeng Wu. Gene-environment interaction of genome-wide association study-identified susceptibility loci and meat-cooking mutagens in the etiology of renal cell carcinoma. Cancer, 2015; DOI: 10.1002/cncr.29543

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