La pollution influence le poids de naissance

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 06/07/2007 Mis à jour le 21/11/2017
Les futures mamans exposées à la pollution ont plus de risque de faire des petits bébés.

Femmes enceintes, prenez garde à la pollution. Une équipe franco-allemande vient de mettre en évidence que les femmes qui respirent un air chargé en particules fines durant leur grossesse ont plus de risques d’accoucher d’un bébé présentant un petit poids à la naissance.

Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques, des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et du Centre national de recherche pour l’environnement et la santé de Neuherberg près de Munich (Allemagne), ont utilisé les données de la cohorte LISA. Les volontaires qui en font partie sont suivis depuis une dizaine d’années dans le but de mieux connaître l’influence de leurs conditions de vie et de leurs comportements sur le développement de leur système immunitaire et des allergies (Living conditions and behaviours on the development of the Immune System and Allergy).

1016 femmes et leurs enfants nés à Munich entre 1998 et 1999 étaient impliqués dans cette étude. A partir du lieu de résidence de chacune de ces femmes (dont elles n’avaient pas déménagé durant la grossesse), les chercheurs ont mesuré le degré de pollution auquel chacune d’elles avait été exposée au cours des 9 mois de gestation. Les scientifiques se sont en particulier intéressés aux particules fines de l’air, des poussières de diamètre inférieur ou égal à 2,5 micromètres (les « PM2,5 ») appelées particules respirables car capables de pénétrer dans l’appareil respiratoire plus profondément que les particules plus larges.

Les PM2,5 ont essentiellement pour origine la combustion de carburant (gaz d’échappement des véhicules, production énergétique, installations industrielles, foyers domestiques, brûlage agricole). Elles contiennent des centaines de substances chimiques différentes. Les personnes souffrant d’asthme, d’une maladie cardiovasculaire ou respiratoire, ainsi que les enfants et les personnes âgées sont les plus sensibles à leurs effets.

Pour faire leurs calculs, les chercheurs ont pris en compte la distance entre les axes routiers et les maisons des volontaires, les densités de population aux alentours des lieux de résidence ainsi que les fluctuations des niveaux de pollution atmosphérique durant chacune des grossesses. En parallèle, les femmes ont rempli des questionnaires sur leurs habitudes de vie afin que les chercheurs puissent évaluer l’importance des autres facteurs influençant aussi le poids des bébés (tabagisme, poids et taille de la mère avant sa grossesse, niveau d’éducation, durée de la grossesse et sexe de l’enfant).

Résultats : plus une femme a été exposée à des niveaux élevés de particules fines durant sa grossesse, plus son nouveau-né a de risques de peser moins de 3 kg.

Comment expliquer cette relation ? On n’est pas encore en mesure d’apporter une explication biologique claire à ce phénomène. Il est cependant très possible qu’une partie des substances chimiques transportées par les particules fines traversent la paroi des alvéoles pulmonaires et se retrouvent transportées dans le sang jusqu’au placenta et aux organes du fœtus régulant la croissance. Une étude polonaise avait mis en évidence que des substances chimiques de la famille des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) retrouvées dans les PM2,5 pouvaient atteindre le fœtus et influencer sa croissance.

Des résultats identiques avaient déjà été obtenus aux Etats-Unis. Ces travaux germano-français sont les premiers à établir clairement un lien entre pollution et poids de naissance en Europe de l’Ouest.

Véronique Molénat

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