Le syndrome maniaco-dépressif ou bipolaire

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 16/05/2006 Mis à jour le 21/11/2017
L'essentiel
Caractérisé par une alternance de phases d'exubérance à outrance (manie) et de phases dépressives, le trouble bipolaire peut se traiter avec différentes substances naturelles. Tour d’horizon.

Les oméga-3

Les acides gras oméga-3 sont efficaces dans la plupart des cas pour soulager les personnes qui souffrent de troubles maniaco-dépressifs. C’est d’ailleurs d’abord dans ce syndrome qu’ils ont été utilisés – avec succès – par le Dr Andrew Stoll, de Harvard (Boston, Massachusetts). Les huiles de poisson efficaces sont celles qui contiennent une forte proportion d’EPA. Les effets secondaires sont rares, et font donc des huiles de poisson un traitement de choix.

Le tryptophane

Plusieurs études suggèrent qu’un acide aminé précurseur de la sérotonine, le tryptophane, est efficace dans les cas de dépression bipolaire (syndrome maniaco-dépressif). Par exemple, dans une expérience, on a donné 9 à 10 g de tryptophane à seize dépressifs unipolaires (syndrome dépressif) et à huit maniaco-dépressifs. Sur les seize malades du premier groupe, seul un fut soulagé par le traitement. En revanche, cinq des huit malades maniaco-dépressifs répondirent positivement aux suppléments de tryptophane, et trois sur cinq rechutèrent lorsqu'on leur donna un placebo. Sachant que les antidépresseurs traditionnels sont efficaces dans 40 % des cas, le score réalisé par le tryptophane dans cette étude est extrêmement intéressant (1). D'autres études ont confirmé ces résultats (2) (3).

Sur la base de la relation entre sérotonine basse et comportement agressif, on a essayé d'évaluer l'effet du tryptophane sur cet aspect de la personnalité. On a donné des suppléments et un placebo à douze schizophrènes particulièrement agressifs (il s'agissait de meurtriers !), sur lesquels les neuroleptiques n'avaient aucun effet. Le tryptophane a entraîné une diminution très nette des incidents, qu'il s'agisse d'agressions verbales ou physiques (4). Comme l'agressivité s'accompagne souvent d'une anxiété importante, cette expérience laisse supposer que le tryptophane agit sur l'aspect «anxiété» de la dépression (5).

Une autre substance, le 5-hydroxytryptophane (5-HTP), est sensiblement plus efficace que le tryptophane, car elle semble influencer les sécrétions de dopamine, noradrénaline et sérotonine, là où le tryptophane ne joue que sur la sérotonine (6). Le 5-HTP est tout simplement le produit intermédiaire entre le tryptophane et la sérotonine.

Lithium et syndrome maniaco-dépressif

L'apparition du lithium dans le traitement des dépressions unipolaires et bipolaires est due aux travaux du psychiatre australien John Cade. Malgré son efficacité, le lithium n'a pas réussi à s'imposer comme traitement de choix de ces troubles psychiatriques, peut-être parce qu'il ne peut faire l'objet de brevet de la part des compagnies pharmaceutiques et qu'il est donc infiniment moins rentable que des médicaments comme les inhibiteurs de la mono-amine-oxydase, les tricycliques ou les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Le lithium est surtout efficace pour traiter les épisodes maniaco-dépressifs (7). Longtemps, son mécanisme d'action est resté inconnu. Des chercheurs de la société Merck Sharp & Dohme ont montré qu'il interagissait avec une enzyme du cerveau (inositol monophosphatase), bloquant un mécanisme de recyclage de l'inositol. L'inositol, un messager cellulaire, affecte le degré de réaction des cellules nerveuses ; un recyclage rapide de l'inositol augmenterait la réponse de ces cellules aux stimuli extérieurs, d'où les changements d'humeur observés chez les maniaco-dépressifs (8).

L'orotate de lithium est souvent prescrit à des doses de 150 à 300 mg, qui ne nécessitent pas un dosage de la lithémie (taux de lithium dans le sang). Cependant, un traitement à 300 mg de lithium ne doit pas être poursuivi au-delà d'un mois.

Choline et manie

Des suppléments de choline ont, dans certains cas, aggravé les symptômes de la dépression chez certains malades. À l'inverse, choline et phosphatidylcholine semblent bien améliorer l'état de ceux qui souffrent de manie. Dans une étude, on a donné des suppléments de phosphatidylcholine (15 à 30 g de phosphatidylcholine à 90 %) à quatre patients. Deux d'entre eux ont reçu en plus du lithium, les deux autres du lithium et un médicament. Les quatre malades ont vu leur état s'améliorer, mais, lorsque les suppléments de phosphatidylcholine furent retirés, leurs symptômes réapparurent (9). La choline (1 à 1,5 g par jour) ou la phosphatidylcholine (10 à 15 g) peuvent aider à contrôler ce type de symptômes.

 

Bibliographie

(1) Murphy, Baker, Goodwin, Miller, Kotin, Bunney, L-tryptophan in Affective Disorders, Psychomarmacology, 34 : 11-20, 1974.

(2) Prange, Wilson, Lynn, L-tryptophan in Mania : Contribution to a Permissive Hypothesis of Affective Disorders, Arch. Gen. Psychiatry, 30 : 56-62, 1974.

(3) Chouinard, Young, Annable, A Controlled Clinical Trial of L-tryptophan in Acute Mania, Biol. Psychiatr., 20 : 546-557, 1985.

(4) Morand, Young, Ervin, Clinical Response of Aggressive Schizophrenics to Oral Tryptophan, Biol. Psychiatr., 18 : 575-578, 1986.

(5) Van Praag, Kahn, Asnis, Therapeutic Indications for Serotonin Potentiating Compounds : A Hypothesis, Biol. Psychiatry, 22 : 205-212, 1987b.

(6) Van Praag, Kahn, Asnis, Denosologization of Biological Psychiatry on the Specificity of 5-HT Disturbances in Psychiatric Disorders, J. Affective Disord., 13 : 1-8, 1987a.

(7) Snyder, Les Drogues et le Cerveau, Pour la Science, p. 126, 1987.

(8) Bradley, How Lithium Limits Mood Swings, New Scientist, p. 19, 15/10/1994.

(9) Cohen, Lipinski, Altesman, Lecithin in the Treatment of Mania, American Journal of Psychiatry, 139 : 1162-1164, 1982.

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