Christophe de Jaeger : "La nutrigénétique, une nouvelle arme dans la prévention personnalisée"

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 16/12/2008 Mis à jour le 10/03/2017
Le docteur Christophe de Jaeger est médecin au Centre de prévention du Vieillissement à Paris.Il utilise la nutrigénétique dans le cadre d’une approche de prévention personnalisée et globale

LaNutrition.fr : Comment utilisez-vous la nutrigénétique ?

Docteur Christophe de Jaeger : Dans le cadre de l’exercice du centre médical santé longévité, nous utilisons la nutrigénétique comme une corde supplémentaire à notre arc pour déterminer l’individu qui est en face de nous et nous aider à adopter une approche personnalisée et globale. Dans cette démarche la possibilité de connaître le profil génétique d’un individu nous permet d’ouvrir de nouveaux horizons en prévention en accédant notamment à ses capacités métaboliques.


Quel est l’intérêt de cette discipline dans votre activité de prévention ?

L’irruption des connaissances en génétique dans la pratique quotidienne en prévention primaire nous apporte un plus. Elle nous permet de mettre en évidence que le fait d’adopter une alimentation supposée parfaite ne suffit pas. En effet, en révélant nos capacités ou incapacités de métabolisation ou de détoxification, la nutrigénétique permet d’expliquer quels types de substance ou d’aliment conviennent aux patients ou au contraire leur sont déconseillés.


Quelle est la réaction des patients face à ce type d’analyses ?

Il y a deux cas de figure. Soit les patients en ont entendu parler et ils viennent pour ça, soit on propose ces analyses à des patients qui ne connaissent pas la nutrigénétique. Dans ce cas, il arrive fréquemment que les patients réagissent de prime abord avec une certaine inquiétude, le seul terme de « génétique » a souvent une connotation un peu mythique et dans l’esprit des patients ça s’apparente parfois à de la « biologie fiction ».


Dans ce cas comment réagissez-vous ?

Nous ne faisons pas de « forcing » mais nous essayons de convaincre les gens de l’intérêt de connaître leur profil génétique. En général, ils sont plutôt surpris mais la curiosité et l’envie d’accéder à des connaissances supplémentaires sur leur état de santé l’emportent. Ils trouvent ça plutôt positif de pouvoir avoir une explication à leurs problèmes métaboliques. De savoir que s’ils ne digèrent pas le lait, c’est probablement que leur gène codant pour l’enzyme lactase qui permet de métaboliser le lactose n’est pas actif. Que si un demi verre de champagne suffit à les rendre pompette, c’est probablement que leur gène qui code pour l’alcool déhydrogénase, l’enzyme qui métabolise l’alcool, n’est pas très actif non plus.


Comment exploitez-vous le profil génétique de vos patients ?

Le profil génétique seul ne sert à rien, c’est uniquement un élément d’une démarche de prévention globale qui doit systématiquement s’accompagner d’examens physiques et biologiques. Par exemple, si on constate qu’un patient est génétiquement prédisposé à l’hyperhomocystéinémie, on ne va pas le mettre sous traitement automatiquement. D’abord, on va doser son homocystéine. Si elle trop élevée, alors on lui prescrit de la vitamine B. En revanche si son taux d’homocystéine est normal, on lui fait des dosages réguliers pour pouvoir surveiller ce point sensible. Car si le profil génétique ne change pas, son expression peut être variable et l’expression des gènes peut être modifiée au cours du temps. Dans tous les cas on ne peut pas dissocier le bilan génétique d’un suivi clinique.


Qui sont vos patients ?

Globalement ce sont des gens qui ont comme point commun une grande curiosité par rapport à leur santé. Nous avons notamment beaucoup de médecins, d’enseignants ou de patients exerçant des professions libérales. C’est une population très intéressante qui vient nous voir pour chercher des réponses sur leur santé.


Est-ce une discipline qui s’adresse à des patients d’un certain âge ?

Pas du tout, au contraire ! Je déplore même que l’on ne s’adresse pas à des patients plus jeunes. En effet, au plus tôt vous avez connaissance de votre profil génétique, au mieux vous pouvez adapter votre mode de vie en conséquence, et ce dès l’enfance. Par exemple, si vous savez que le profil génétique de vos enfants les prédispose au diabète, c’est une bonne motivation pour limiter dès le plus jeune âge leur consommation de sucre. Si vous identifiez très jeune une sensibilité à l’hyperhomocystéinémie, vous pouvez très tôt prévenir l’augmentation de l’homocystéine et épargner ainsi à votre organisme 20 à 30 ans d’évolution négative dans l’ignorance de ce facteur de risque. C’est pareil pour le polymorphisme des récepteurs à la vitamine D. Le dosage de cette substance se fait le plus souvent après 50 ans, alors même que les carences peuvent s’être installées beaucoup plus tôt. En connaissant ce risque de déficience avant, on pourrait éviter cette situation de carence. Pour moi, la cartographie génétique devrait être établie dès l’enfance. J’ai d’ailleurs moi-même deux enfants en bas âge et je pense que je vais faire établir leur profil génétique.

 

La cartographie génétique en pratique

Si vous souhaitez connaître votre profil génétique vous pouvez vous adresser au Centre médical Européen Santé et Longévité du docteur Christophe de Jaegger.

7 rue de l'Yvette - 75016 Paris Tél. : (33) 01 42 30 59 96 . Fax : (33) 01 42 88 89 55
http://www.cemesal.org/

Un profil génétique complet avec l'ensemble des critères génétiques vous coûtera 4000 euros. L’analyse d’un seul critère coûte environ 700 euros. Le centre va procéder à un prélèvement sanguin qui sera envoyé pour cartographie à un laboratoire. Par la suite le médecin reçoit les résultats et vous expliquera votre profil lors d’un entretien.

 

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