Médecine personnalisée et analyse du génome : fausses promesses ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 28/05/2012 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité
L'utilisation de la génétique pourrait s'avérer très peu utile dans la prévention des maladies les plus communes.

Ces dernières années, le développement de la médecine et des capacités informatiques a permis de grandes avancées dans le domaine de la génétique. La recherche a donc identifier de plus en plus de gènes qui influencent le risque de nombreuses maladies. Il n'en fallait pas moins pour voir miroiter le concept d'une prochaine médecine nouvelle, une médecine personnalisée basée sur notre génétique propre qui permettrait de mieux prévenir les maladies et de mieux les soigner en adaptant les traitements.
Des chercheurs de l'université de Harvard viennent de montrer que ces espoirs ne deviendraient probablement jamais réalité.

Ils ont mené une étude unique en son genre en analysant l'interaction entre différents gènes et l'environnement pour trois grandes maladies communes : le diabète de type 2, le cancer du sein et la polyarthrite rhumatoïde. Pour se faire ils ont mis au point un modèle statistique qui tient compte de la plus grande partie des interactions environnementales possibles avec les facteurs génétiques et ont comparé la capacité de prédiction du risque de tomber malade avec les anciens modèles statistiques qui ne tenaient compte que des gènes, sans influence de l'environnement.

Ainsi, pour le cancer du sein, 15 variations génétiques ont été répertoriées et les facteurs environnementaux retenus principalement ont été l'âge des premières règles, l'âge à la première grossesse et le nombre de cancer du sein survenus dans la famille. Pour le diabète, 31 variations génétiques ont été retenues et les facteurs environnementaux furent principalement le surpoids, le tabagisme, l'activité physique et l'historique familial de diabète.

Les chercheurs ont alors fait une découverte surprenante : la capacité à prédire le risque de ces maladies, en tenant compte des facteurs de risque environnementaux, n'est que de 1 à 3%. Autrement dit, c'est notre mode de vie qui est déterminant sur notre santé, et non pas la génétique.

Hugues Aschard, un des chercheurs, déclare : "Globalement nos résultats suggèrent que la complexité des facteurs génétiques et environnementaux en lien avec la maladie devra être examiné à un degré plus large pour être utile en prévention. Le chemin vers une médecine génétique de prévention, si elle existe, sera très long." et son collègue Peter Kraft d'ajouter : "Pour la plupart des gens, les conseils que pourrait donner un médecin pour une maladie précise seront exactement les mêmes avant ou après avoir vu votre test génétique."

Un certain nombre d'études ont déjà montré que l'environnement et le comportement pouvaient modifier l'expression de certains gènes, consultez notamment nos actualités :
Dormir plus longtemps modifie les facteurs génétiques associés au surpoids
Les gènes de l'obésité sont influencés par le comportement
Du yoga pour désactiver les gènes du stress

Référence : Hugues Aschard, Jinbo Chen, Marilyn C. Cornelis, Lori B. Chibnik, Elizabeth W. Karlson, Peter Kraft. Inclusion of Gene-Gene and Gene-Environment Interactions Unlikely to Dramatically Improve Risk Prediction for Complex Diseases. American journal of human genetics doi:10.1016/j.ajhg.2012.04.017.

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