Manger trop souvent au fast-food nuirait aux résultats scolaires

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 05/01/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Une nouvelle étude montre que la quantité de fast-food que les enfants mangent en fin d’école primaire aurait un impact sur les progrès scolaires évalués trois ans plus tard

Manger trop souvent au fast-food n'est pas seulement mauvais pour le tour de taille. Dans une étude parue dans la revue Clinical Pediatrics, les chercheurs montrent que les enfants qui mangent fréquemment au fast-food en fin d’école primaire, font moins de progrès scolaires –évalués trois ans après au collège par des tests de lecture, science et maths - que ceux qui ne mangent jamais au fast-food.

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Les études scientifiques s’intéressent souvent à la relation entre habitudes alimentaires et obésité chez les jeunes. Mais l’alimentation peut affecter le développement des enfants à d’autres niveaux, notamment leur réussite scolaire. La consommation de fast-food suscite particulièrement l’intérêt des chercheurs car elle a beaucoup augmenté au cours des dernières décennies. Les enfants qui consomment le plus de fast-food ingurgitent plus de calories, de graisses (trans et chauffées), de glucides à index glycémique élevé et de sucres ajoutés que les enfants qui n’en consomment pas. Ce type d’alimentation est également pauvre en nutriments, comme le fer, la vitamine C, par exemple, et les enfants qui consomment beaucoup de fast-food présentent un risque de ne pas recevoir suffisamment de ces nutriments pour se développer de façon optimale.

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Ici, les chercheurs ont utilisé les données de la Early Childhood Longitudinal Study-Kindergarten Cohort, une étude qui concerne 11 740 élèves qui étaient à l’école maternelle durant l’année scolaire 1998-1999. Ils ont réalisé des tests de lecture/alphabétisation, mathématiques et sciences dans un premier temps lorsqu’ils étaient en classe de CM2 (en 2004) puis au collège en classe de 4ème (en 2007). En classe de CM2, les élèves ont également répondu à un questionnaire alimentaire pour évaluer leur consommation de fast-food la semaine avant les tests.

Parmi les élèves, 29% n’avaient pas consommé de fast-food dans la semaine précédant le questionnaire, 10% en avaient consommé tous les jours, 10%, 4 à 6 fois par semaine et un peu plus de la moitié des enfants (52%) avait consommé du fast-food 1 à 3 fois par semaine.

« Les élèves qui mangent le plus souvent au fast-food (tous les jours ou 4 à 6 fois par semaine) ont eu une progression de leur score aux tests inférieure d’environ 20% par rapport à ceux qui ne mangent pas au fast-food » dit Kelly Purtell, auteur de l’étude. Et ces résultats sont restés vrais après la prise en compte d’autres facteurs –tels que l’activité physique, le temps passer à regarder la télé, les autres aliments consommés, le statut socio-économique de la famille, le quartier d’habitation et l’école- qui auraient pu expliquer pourquoi ceux qui consomment le plus de fast-food avaient des scores plus faibles aux tests.

Les enfants qui ont mangé au fast-food 1 à 3 fois par semaine ont moins progressé que ceux qui n’y ont jamais mangé uniquement en mathématiques.

« Nous sommes allés aussi loin que possible pour contrôler et prendre en compte les facteurs connus qui pourraient influencer les résultats des élèves à ces tests » disent les auteurs.

« Il existe beaucoup de preuves que la consommation de fast-food est liée à l’obésité infantile. Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là. Trop de fast-food pourrait également nuire aux résultats des élèves en classe ».

« Nous ne disons pas aux parents de ne jamais emmener leurs enfants dans les fast-food. Mais ces résultats suggèrent que la consommation de ce type de nourriture devrait être limitée » dit le Dr Purtell.

D’ailleurs les auteurs soulignent que cette étude ne peut pas prouver que la consommation de fast-food a conduit à des progrès scolaires inférieurs chez les gros consommateurs de ce type de nourriture mais les auteurs sont convaincus qu’elle explique en partie les différences obtenues dans les résultats scolaires.

Une consommation importante de fast-food ne permet pas d’apporter à l’organisme les nutriments nécessaires, comme le fer impliqué dans le développement cognitif. Une alimentation riche en graisses trans, en produits de dégradtion des graisses (liées au chauffage) et en sucre affecterait également la mémoire immédiate et les processus d’apprentissage.

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Source

Purtell KM, Gershoff ET. Fast Food Consumption and Academic Growth in Late Childhood. Clin Pediatr (Phila). 2014 Dec 5. pii: 0009922814561742. [Epub ahead of print]

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