Sclérose en plaques : les bénéfices de la vitamine D

Par Sarah Amiri - Diététicienne et journaliste scientifique Publié le 13/01/2016 Mis à jour le 17/10/2022
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La vitamine D peut améliorer la qualité de vie, diminuer les rechutes et réguler la réponse immunitaire des patients atteints de sclérose en plaques.

Notre experte sur la vitamine D : Dre Brigitte Houssin, auteure de Vitamine D, mode d'emploi

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire s’attaque à la gaine de myéline des neurones. La SEP touche entre 60 000 et 75 000 français, avec 4 000 nouveaux cas chaque année. Cette maladie neurologique progressive et invalidante atteint de jeunes adultes.

Les facteurs déclencheurs de la maladie sont toujours débattus ; parce qu’elle touche surtout le monde occidental, des causes environnementales et alimentaires sont parfois évoquées. Différentes études se sont intéressées au lien entre vitamine D et sclérose en plaques et montrent toute l'importance d'avoir un statut adéquat en vitamine D quand on est atteint. Cela passe par l'exposition obligatoire au soleil d'avril à octobre dans l'hémisphère nord, et la prise de vitamine D3, prescrite par le médecin sur la base des taux sanguins, le reste de l'année.

Les faibles niveaux de vitamine D associés aux maladies auto-immunes

Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv et parue dans Autoimmunity Reviews (1) suggère que l’obésité et le manque de vitamine D jouent un rôle important dans le déclenchement et la progression des maladies auto-immunes comme la SEP. Dans les dernières décennies, les maladies auto-immunes ont connu une augmentation très importante dans les pays occidentaux. L’implication de facteurs environnementaux pourrait expliquer cette hausse. « De nombreux facteurs sont associés au risque de maladies auto-immunes -les infections, le tabagisme, les pesticides, le manque de vitamines. Mais depuis quelques années, l’obésité est également pointée du doigt » dit le Pr Yehuda Shoenfeld.

Plusieurs maladies auto-immunes sont associées à de faibles niveaux de vitamine D (2). Le Pr Shoenfeld a mené une étude sur des souris atteintes de sclérose en plaques et nourries avec un régime méditerranéen riche en acides gras insaturés. Il a constaté que la carence en vitamine D était une conséquence de l’obésité et qu’une fois corrigée, la paralysie et la détérioration des reins associées à la pathologie étaient améliorées. Le pronostic et la survie des souris étaient aussi améliorés.

Une autre étude parue en septembre 2017 dans la revue Neurology confirme qu’un déficit en vitamine D augmente le risque de sclérose en plaques. Les chercheurs ont examiné l’association entre les niveaux de vitamine D chez 800 000 Finlandaises enceintes et le risque de souffrir de sclérose en plaques plus tard. Les femmes ont été classées en trois groupes : déficit ou insuffisance en vitamine D et niveau en vitamine D suffisant, correspondant respectivement à des concentrations en 25-hydroxyvitamine D < 30 nmol/L, comprises entre 30 et 50 nmol et > 50 nmol/L.

Les résultats montrent que les femmes qui présentent un déficit en vitamine D ont un risque 43 % plus élevé d’être atteintes de sclérose en plaques que celles aux taux suffisants et 27 % plus élevé que les femmes avec des niveaux insuffisants en vitamine D. Une augmentation de 50 nmol/L de la concentration en 25-hydroxy-vitamine D diminue de 39% le risque de sclérose en plaques.

« Nos résultats suggèrent que corriger le déficit en vitamine D pourraient diminuer le risque de développer une sclérose en plaques plus tard » disent les auteurs. "Il est difficile de faire des recommandations sur le moment le plus adéquat pour une supplémentation". Le mieux est de maintenir un niveau optimal en vitamine D sur le long terme compte tenu des multiples effets bénéfiques pour la santé.

Une étude, dont les résultats ont été présentés au forum 2021 de l’America's Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis, indique qu’un déficit en vitamine D détecté au moment du diagnostic de la maladie est associé à un déficit cognitif. Les troubles cognitifs et en particulier une vitesse de traitement de l’information ralentie sont très fréquents chez les personnes atteintes de sclérose en plaques, dès les premiers stades de la maladie. Ils sont cependant souvent sous-estimés et les mécanismes sous-jacents ne sont pas complètement élucidés.

Les chercheurs ont recueilli les concentrations sériques de vitamine D chez 60 patients récemment diagnostiqués pour une SEP. Les participants ont passé des tests pour évaluer leur vitesse de traitement de l’information qui est généralement la première capacité cognitive touchée en cas de déficit cognitif associé à la SEP.

Au moment du diagnostic, environ 85 % des participants manquaient de vitamine D : 51,7 % des participants étaient en vrai déficit (moins de 20 ng/ml) et 33,3 % présentaient une insuffisance (entre 20 et 30 ng/ml). Ainsi, les personnes qui souffrent d'un déficit cognitif (27 % des patients) sont plus susceptibles de présenter également une carence en vitamine D. Parmi les personnes qui ne manquaient pas de vitamine D, aucune ne présentait de déficit cognitif.

Les taux sériques de vitamine D au moment du diagnostic sont associés positivement aux résultats obtenus au test cognitif. La supplémentation en vitamine D peut être une bonne stratégie pour corriger ou limiter les troubles cognitifs chez les personnes atteintes de SEP pour les auteurs de cette étude.

La vitamine D diminue le risque de rechutes

Une étude de 2012 (3) montre que la vitamine D pourrait aider les personnes atteintes de la forme récurrente-rémittente de la maladie. Dans cette étude, plus de 150 patients ont pris de la vitamine D3 (en moyenne 3.010 UI par jour) conjointement au traitement immunomodulateur (acétate de glatiramère, interféron béta 1a ou interféron béta 1b). Le taux de vitamine D dans le sang des participants a été multiplié en moyenne par deux pour atteindre plus de 40 ng/mL, une valeur considérée comme normale.

Les chercheurs ont alors constaté que les personnes dont le taux de vitamine D avait bien augmenté avaient moins de risque de rechute. Chaque augmentation de 4 ng/mL du taux de vitamine D dans le sang diminue le risque de rechute de 13,7 %, une différence très significative. Toutefois le bénéfice ne semble pas s'accentuer au-delà de 40 ng/mL.

Les chercheurs concluent que ces données confirment de précédentes études qui sont arrivées à la même conclusion (4) et tout ceci sans aucun effet secondaire.

Les fortes doses bénéfiques

D’après une étude pilote parue dans la revue Neurology en décembre 2015 (5), une complémentation avec de fortes doses de vitamine D peut aider à contrôler la réponse immunitaire. Pour cette étude, 40 patients atteints par la forme récurrente-rémittente de la maladie ont reçu soit 10400 UI soit 800 UI de vitamine D chaque jour pendant six mois. Des tests sanguins au début de l’étude, à trois et six mois, ont mesuré les niveaux de vitamine D et la réponse des lymphocytes T qui jouent un rôle dans la SEP. Les effets secondaires de la vitamine D étaient mineurs et étaient similaires dans les deux groupes.

Les personnes qui ont pris les fortes doses ont eu une réduction du pourcentage de lymphocytes T inflammatoires, liés à la sévérité de la SEP, en particulier les cellules IL-17+CD4+ et CD161+CD4+. Les personnes avec les doses faibles n’avaient pas de changement notable dans les pourcentages de lymphocytes T.

La vitamine D a le potentiel pour être un traitement peu coûteux, sûr et pratique pour les personnes atteintes de SEP

« Ces résultats sont très intéressants, car la vitamine D a le potentiel pour être un traitement peu coûteux, sûr et pratique pour les personnes atteintes de SEP », a expliqué l’auteur de l'étude, Peter Calabresi, professeur de neurologie à Johns Hopkins (Baltimore). « Nous espérons que ces changements dans les réponses inflammatoires des cellules T se traduisent par une réduction de la gravité de la maladie. »

Par ailleurs, une revue parue en avril 2018 dans le JAMA (Journal of American Medical Association) affirme que la vitamine D est le seul complément alimentaire ayant fourni des preuves évidentes contre la SEP. Cette étude a analysé les données existantes sur l'effet de différentes vitamines et compléments chez les personnes atteintes de SEP. Si certaines vitamines ont des effets modestes sur la fatigue (vitamines A et B1), d'autres sur la force musculaire et la coordination (vitamine B7), la seule qui montre de vrais effets sur les rechutes et le nombre de lésions est la vitamine D.  Pour les auteurs, c'est le seul complément que l'on peut recommander et plebisciter pour l'instant, en cas de SEP. 

Pour tout savoir sur la vitamine D, lisez le guide du Dr Brigitte Houssin : Vitamine D, mode d'emploi (lire un extrait ICI >>)

Oméga-3, sport et méditation aussi

Une étude parue en 2022 a étudié l'effet de l'entraînement aérobie à domicile et de la supplémentation en vitamine D sur la fatigue et la qualité de vie chez des patientes atteintes de SEP pendant l'épidémie de COVID-19. L’étude a porté sur 40 femmes (20 - 40 ans) atteintes de SEP (6). Les participantes ont ensuite été réparties au hasard dans l'un de ces quatre groupes : exercice (groupe AT : intensité 50-75 %, 20-40 minutes par jour, trois jours par semaine), supplémentation en vitamine D (groupe Vit D : 50 000 UI une fois par semaine), AT plus supplémentation en Vit D et contrôle sédentaire.

Résultats : après huit semaines d'intervention, le degré de fatigue était nettement réduit dans les groupes AT + Vit D, AT et Vit D alors que la fatigue avait augmenté dans le groupe témoin. La qualité de vie a augmenté de manière significative dans les groupes AT + Vit D, AT et Vit D par rapport au groupe contrôle. De plus, les participantes du groupe AT + Vit D avaient une qualité de vie significativement plus élevée que celles du groupe AT et du groupe Vit D. Ces résultats suggèrent que la prescription associant exercice aérobie et vitamine D réduit la fatigue et améliore la qualité de vie chez les femmes atteintes de SEP.

Enfin, les patients atteints de SEP qui adoptent un mode de vie basé sur l'alimentation, le sport, la méditation verraient leur bien-être physique et mental s'améliorer selon des travaux conduits par un chercheur australien, le Pr George Jelinek. George Jelinek, lui-même diagnostiqué avec la sclérose en plaques en 1999, a amélioré sa santé après avoir mis au point et suivi une alimentation pauvre en graisses saturées, sans viande ni produits laitiers, avec de l’exercice, de la méditation et du soleil !

Dans un article publié en février 2013 dans Neurological Science (7), George Jelinek et ses collègues ont décrit les résultats obtenus avec des patients qui suivaient un stage visant à modifier leur mode de vie. Pendant 5 jours, les patients mangeaient fruits, légumes, noix, poisson et recevaient une complémentation en oméga-3 et en vitamine D. Ils devaient aussi s’exposer 15 min au soleil par jour, méditer 30 min par jour, et faire de l’exercice pendant 30 min 5 fois par semaine, de préférence à l’extérieur. Un questionnaire a évalué la qualité de vie des patients 1 et 5 ans plus tard.

Alors que la maladie se développe progressivement, les patients ont constaté des améliorations significatives de leur qualité de vie. Un an après le séjour, les auteurs ont noté 11,3 % d’amélioration de la qualité de vie en général, avec 18,6 % d’amélioration pour la santé physique et 11,8 % pour la santé mentale. 5 ans après le stage, il y avait une amélioration de la qualité de vie de 19,5 %, avec 17,8 % pour la santé physique et 22,8 % pour la santé mentale.

Pour en savoir plus, lire : Vaincre la sclérose en plaques de Julien Venesson (lire un extrait ICI  >>)

Références
  1. Versini M, Jeandel PY, Rosenthal E, Shoenfeld Y. Obesity in autoimmune diseases: not a passive bystander. Autoimmun Rev. 2014 Sep;13(9):981-1000.
  2. D'Aurizio F, Villalta D, Metus P, Doretto P, Tozzoli R. Vitamin D is a player or not in the pathophysiology of autoimmune thyroid diseases? Autoimmun Rev. 2014 Oct 11. pii: S1568-9972(14)00220-1.
  3. Pierrot-Deseilligny C, Rivaud-Péchoux S, Clerson P, de Paz R, Souberbielle JC. Relationship between 25-OH-D serum level and relapse rate in multiple sclerosis patients before and after vitamin D supplementation. Ther Adv Neurol Disord. 2012 Jul;5(4):187-98.
  4. Soilu-Hänninen M, Aivo J, Lindström BM, Elovaara I, Sumelahti ML, Färkkilä M, Tienari P, Atula S, Sarasoja T, Herrala L, Keskinarkaus I, Kruger J, Kallio T, Rocca MA, Filippi M. A randomised, double blind, placebo controlled trial with vitamin D3 as an add on treatment to interferon β-1b in patients with multiple sclerosis. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2012 May;83(5):565-71.
  5. Sotirchos ES, Bhargava P, Eckstein C, Van Haren K, Baynes M, Ntranos A, Gocke A, Steinman L, Mowry EM, Calabresi PA. Safety and immunologic effects of high- vs low-dose cholecalciferol in multiple sclerosis. Neurology. 2015 Dec 30.
  6. Bahmani E, Hoseini R, Amiri E. The Effect of Home-Based Aerobic Training and Vitamin D Supplementation on Fatigue and Quality of Life in Patients with Multiple Sclerosis During COVID-19 Outbreak. Sci Sports. 2022 Sep 12.
  7. Hadgkiss EJ, Jelinek GA, Weiland TJ, Rumbold G, Mackinlay CA, Gutbrod S, Gawler I. Health-related quality of life outcomes at 1 and 5 years after a residential retreat promoting lifestyle modification for people with multiple sclerosis. Neurol Sci. 2013 Feb;34(2):187-95.

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