Après 65 ans, on cogite mieux quand on a beaucoup d'oméga-3

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 03/06/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité
Les personnes âgées qui ont le plus d'acides gras oméga-3 dans le sang raisonnent et analysent mieux.

Une nouvelle étude parue dans la revue Frontiers in Aging Neuroscience rapporte que consommer plus d’acides gras oméga-3 présents dans des aliments d'origine végétale (noix, graines de lin, huiles de colza...) et, sous la forme de longues chaînes (PA, DHA, DPA) dans de nombreux poissons, seraient bénéfiques pour le cerveau des personnes âgées à risque de développer la maladie d’Alzheimer. Leur consommation permettrait d’améliorer la flexibilité cognitive en agissant sur une zone spécifique du cerveau, le cortex cingulaire antérieur.

Lire : comment les oméga-3 favorisent les fonctions cérébrales

La flexibilité cognitive fait partie des fonctions exécutives qui consistent en la planification et l’exécution des comportements orientés vers un but, le raisonnement abstrait et le jugement. « Plus récemment, les fonctions exécutives ont été définies comme l’efficacité avec laquelle un individu applique ses connaissances pour faire face à la vie quotidienne » dit l’article. La flexibilité cognitive représente la capacité d’adaptation à de nouvelles exigences ou règles.

« L’alimentation et les nombreuses substances bioactives présentes dans les aliments représentent une nouvelle cible d’intervention pour favoriser un vieillissement sain du cerveau. Définir les mécanismes précis par lesquels l’alimentation peut influencer la santé du cerveau est une première étape pour développer des stratégies alimentaires efficaces contre le vieillissement du cerveau » écrivent les auteurs.

De nombreuses études ont montré que les acides gras oméga-3 avaient des effets bénéfiques sur le vieillissement cognitif. En particulier, ils ont été directement liés à de meilleures performances sur des tâches impliquant la flexibilité cognitive.

Lire : les oméga-3 préserveraient le volume du cerveau

Ces acides gras polyinsaturés à longue chaine sont des composants structurels des membranes neuronales et pourraient avoir des propriétés neuro-protectives par des voies anti-inflammatoires, antioxydantes ou du métabolisme énergétique. Cependant, les régions du cerveau sur lesquelles les omega-3 agissent sont inconnues.

Les chercheurs ont étudié 40 adultes, âgés de 65 à 75 ans, en bonne santé mentale mais porteurs de l’allèle e4 de l’apolipoprotéine, facteur de risque génétique de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont analysé la relation entre les concentrations plasmatiques en oméga-3, les résultats des tests de flexibilité cognitive et le volume de matière grise dans une région spécifique du cerveau, impliquée dans la flexibilité cognitive, le cortex cingulaire antérieur.

Les résultats montrent que ceux qui consomment le plus d’acides gras oméga-3 présents dans le poisson - acide eicosapentaénoïque (EPA) et acide docosahexaénoïque (DHA) – obtiennent de meilleurs résultats aux tests qui évaluent la flexibilité cognitive, c’est-à-dire la capacité à passer d’une tâche mentale à l’autre. Ces participants présentaient également un plus grand cortex cingulaire antérieur.

« Il se pourrait que la consommation d’acides gras oméga-3 améliore la flexibilité cognitive en augmentant la taille du cortex cingulaire antérieur » disent les auteurs.

Lire : moins de risque cardiovasculaire avec les oméga-3 du poisson

« Les recherches récentes suggèrent qu’il existe un lien entre les carences nutritionnelles et l’incidence à la fois de la détérioration cognitive et des troubles neuro-dégénératifs comme la maladie d’Alzheimer » dit Aron Barbey, auteur de l’étude. « Nos résultats viennent s’ajouter aux preuves déjà existantes qu’une alimentation optimale aide à préserver la fonction cognitive, ralentir la progression du vieillissement et réduire l’incidence de maladies invalidantes chez les personnes âgées ».

« L’étude a porté sur des domaines de la fonction cérébrale parfois négligés dans la recherche sur le vieillissement » explique Marta Zamroziewicz, co-auteure de l’étude. « Beaucoup de travaux sur le vieillissement cognitif se concentrent sur la mémoire mais en fait il a été démontré que la flexibilité cognitive et d’autres fonctions exécutives prédisent mieux le fonctionnement quotidien que la mémoire ne le fait elle-même ».

« Ces fonctions ont tendance à décliner plus tôt que d’autres fonctions cognitives au cours du vieillissement » disent les auteurs.

Lire : quand les oméga-3 nourrissent la mémoire

Source

Marta Zamroziewicz et al. Anterior cingulate cortex mediates the relationship between O3PUFAs and executive functions in APOE e4 carriers. Front. Aging Neurosci., 21 May 2015 |  .

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