Des oméga-3 contre le cancer de l’endomètre

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 20/03/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Les femmes qui ont des apports élevés en poisson et en oméga-3 ont un risque plus faible de développer un cancer de l’endomètre. Mais ce n’est vrai que pour celles ayant un poids normal

Boire du café, faire du sport et éviter le surpoids font partie des recommandations pour diminuer le risque de cancer de l'endomètre. Une nouvelle étude parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition montre que les femmes qui consomment le plus d’acides gras oméga-3 à longues chaines ont un risque réduit de cancer de l’endomètre, notamment si elles sont minces.

L’endomètre est le tissu qui tapisse la paroi intérieure de l'utérus. En France, le cancer de l’endomètre se situe au 5ème rang des cancers chez la femme en termes d’incidence.

L’inflammation joue un rôle important dans le développement du cancer de l’endomètre. Dans les études scientifiques, les apports en acides gras oméga-3 à longues chaines –qui proviennent soit de la consommation de poissons gras soit de suppléments d’huile de poisson-, ont été associés à une inflammation réduite. Les propriétés anti-inflammatoires des oméga-3 pourraient donc réduire le risque d’apparition du cancer de l’endomètre.

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Dans cette étude, 87 360 femmes appartenant à l’étude Women’s Health Initiative Observational study and Clinical Trials et âgées de 50 à 79 ans ont répondu à un questionnaire alimentaire. Les apports en acides gras oméga-3 à longues chaines - acides eicosapentaénoïque (EPA), docosapentaénoïque (DPA) et docosahexaénoïque DHA) et en poisson ont été évalués.

Durant les 13 années de suivi, 1253 cas de cancer de l’endomètre ont été enregistrés. Pour l’ensemble de la population étudiée, les résultats montrent que les femmes qui ont les apports les plus élevés en acides gras oméga-3 à longues chaînes ont un risque réduit de 19% de cancer de l’endomètre par rapport à celles qui ont les apports les plus faibles. Cependant, cette association n’est vraie que pour les femmes ayant un poids « normal », pour lesquelles la réduction du risque atteint même 41%. Aucune association n’a été trouvée entre apports en oméga-3 et risque de cancer de l’endomètre chez les femmes en surpoids ou obèses.

 

Lire : la café protègerait du cancer de l'endomètre mais il faut en boire beaucoup

« Les propriétés anti-inflammatoires des oméga-3 peuvent largement expliquer leur rôle dans la protection du cancer de l’endomètre » expliquent les auteurs. « Cependant, la restriction du bénéfice aux seules femmes de poids normal est difficile à expliquer ». « Les personnes en surpoids ou obèses présentent une augmentation de l’inflammation et des hormones sexuelles endogènes. Il se pourrait que les effets anti-inflammatoires des oméga-3 soient éclipsés dans un environnement hautement inflammatoire ou en présence plus forte d’hormones sexuelles ».

« L’association entre apports en oméga-3 et risque de cancer de l’endomètre s’applique essentiellement au cancer de type I qui est sensible aux œstrogènes. Cela va dans le sens d’une relation entre acides gras, hormones sexuelles, inflammation et risque de cancer » concluent les auteurs.

Parmi les bonnes sources de DHA, DPA et EPA figurent la sardine, le maquereau, le hareng, le saumon, les crustacés. Mais nous synthétisons aussi un peu de ces acides gras lorsque nous suivons un régime alimentaire suffisamment riche en oméga-3 végétaux (graines de lin, huiles de colza et de cameline, etc...).

Source

Brasky TM, Rodabough RJ, Liu J, Kurta ML, Wise LA, Orchard TS, Cohn DE, Belury MA, White E, Manson JE, Neuhouser ML. Long-chain ω-3 fatty acid intake and endometrial cancer risk in the Women's Health Initiative. Am J Clin Nutr. 2015 Mar 4. pii: ajcn.098988. [Epub ahead of print]

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