Le DHA, l'allié santé de votre cerveau

Par Dr Mounir Belkouch Publié le 11/07/2016 Mis à jour le 22/03/2017
Point de vue

Le DHA, un acide gras de la famille oméga-3, protège le cerveau et permettrait de prévenir les démences. Explications et conseils du Dr Mounir Belkouch, chercheur en neurosciences.  

Parmi les acides gras polyinsaturés oméga 3, Le DHA (acide docosahexaénoique) est important pour le développement adéquat du cerveau et la cognition. Le DHA est un élément structurel et fonctionnel du cerveau de toutes les membranes cellulaires et des neurones, représentant plus de 50% des acides gras oméga-3 du cerveau. De nombreuses études scientifiques : épidémiologiques, chez l’animal, précliniques et cliniques, mettent en évidence l'effet bénéfique du DHA sur les cellules du cerveau dans la prévention du vieillissement cérébral et des maladies neurodégénératives.

Lire : Dossier sur les oméga-3

Le DHA est présent naturellement dans les aliments d'origine marine, retrouvé surtout dans les poissons gras, comme le saumon, le thon, le hareng, la sardine, le maquereau... Nous en fabriquons un peu à partir d’un autre acide gras oméga-3, l’acide alpha-linolénique, qu’on trouve dans les graines de lin, l’huile de colza, les noix, les graines de chia…

Le DHA peut traverser la barrière hémato-encéphalique et parvenir au cerveau. Preuve de son importance, ses niveaux sont réduits dans les cerveaux et le plasma de patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Ceci soutient le rôle crucial du DHA dans la mémoire, l’apprentissage et les processus cognitifs. Il n'existe à ce jour aucun traitement curatif de cette maladie. D’où l’intérêt grandissant pour une alimentation riche en DHA, ou supplémentée en DHA, pour prévenir l’apparition et la progression de la maladie d’Alzheimer.

Le DHA favorise la cognition

Dans une étude parue dans le Journal of Nutritional Biochemistry, les chercheurs de l’INSA de Lyon ont évalué les bénéfices multiples du DHA en analysant une série d’études in vitro et in vivo parus au cours de ces 20 dernières années.

La majorité des études in vivo portait sur des sujets âgés ou présentant des troubles cognitifs légers ainsi que des modèles animaux de la maladie d’Alzheimer. L’ensemble de ces études a démontré clairement les effets bénéfiques du DHA sur la mémoire et la fonction cognitive. 

Les auteurs en concluent que le DHA pourrait favoriser la mémoire et qu’il représente un traitement potentiel de prévention d’Alzheimer.

Les effets bénéfiques d’une supplémentation en DHA seraient particulièrement efficaces avant le début de la maladie ou dans le cas de symptômes légers.

Les chercheurs ont identifié parmi les études in vitro et chez l’animal un certain nombre d’effets neuroprotecteurs du DHA via de multiples mécanismes interactifs.

Le DHA module notamment l’expression de gènes inflammatoires et stimule l’élimination du peptide amyloïde Aβ42, un marqueur d’Alzheimer.

Ces études démontrent également que le stress oxydant au niveau cérébral est un autre mécanisme clé impliqué dans la maladie d’Alzheimer notamment par une production accrue de radicaux libres et espèces réactives de l’oxygène et par la dégradation oxydative des lipides. Le DHA aide à lutter contre le stress oxydant qui initie la mort des neurones.

La perte de synapses et la mort neuronale dans les régions corticales et limbiques sont d’autres processus-clés responsables de la neurodégénération associée au déficit cognitif dans la maladie d’Alzheimer. Or le DHA favorise la survie des neurones en stimulant l’expression de protéines qui empêchent leur destruction tout en diminuant celles qui la favorisent. De manière intéressante, le DHA régule notamment la production de facteurs qui encouragent la croissance et la différenciation de nouveaux neurones et synapses, comme le BDNF (Brain-derived neurotrophic factor) d’où son potentiel pour la survie neuronale.

L’intérêt d’une intervention précoce

Les scientifiques pensent que dans Alzheimer, il faut initier tôt des traitements pour neutraliser les mécanismes précoces de stress oxydatif et d’inflammation.

Lire : Alzheimer, ces patients qui en guérissent.

Le DHA pourrait jouer ce rôle, en synergie avec des nutriments ou cofacteurs. Ainsi, une supplémentation en vitamines antioxydantes (vitamines C et E) ou polyphénols pourrait aider à diminuer le risque d'apparition de démence comme le rapportent les auteurs français de l’étude.

Ces études fournissent une démonstration solide que les capacités cognitives du cerveau âgé peuvent être préservées par le DHA, et cela soutient le rôle majeur de la consommation de poisson ou la consommation et le métabolisme du DHA dans la prévention de la maladie d’Alzheimer.

Combien de DHA ? Il est préconisé de manger régulièrement du poisson, notamment du poisson gras deux fois par semaine. Concrètement, une consommation d'environ 300 g de poisson gras par semaine apporte 900 mg d'EPA+DHA/jour. Exemples :  saumon, maquereau, hareng. Pour atteindre les 900 mg d'EPA+DHA/jour, il faut consommer à peu près 1000 g de poisson demi-gras par semaine. Exemples : carpe, truite, sole. Côté supplémentation, 1000 mg/jour de DHA semble être une dose optimale car il a été notamment démontré qu'une supplémentation de 24 semaines à la dose de 900 mg/jour de DHA améliore l'apprentissage et la fonction cognitive chez des sujets en déclin cognitif avec l'âge. Cette dose semble donc bénéfique pour la santé mentale avec l'âge.

Dr. Mounir Belkouch, Ph.D.

Laboratoire CarMeN

UMR INSERM U.1060 - Université Lyon-1

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