Oméga-3 végétaux ou pas, votre cœur leur dit merci

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 30/06/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité

Les oméga-3, qu’ils soient d’origine végétale ou animale, protègent du risque cardiovasculaire.

Une étude récente, réalisée par un consortium international de chercheurs appelé FORCE (Fatty acids and Outcomes Research Consortium), vient d'apporter des preuves supplémentaires des bénéfices cardiovasculaires des oméga-3 (4).

Les graines de lin et de chia, les noix, l'huile de colza, contiennent de l'acide alpha-linolénique, le chef de file de la famille des oméga-3. Cet acide alpha-linolénique a des propriétés protectrices qui lui sont propres; il est également transformé en composés à longues chaînes : DHA, EPA, DPA. Le poisson, les crustacés, les coquillages sont une source importante de DHA, DPA, EPA préformés. Le maquereau, le saumon, les sardines, les truites, les anchois possèdent des taux élevés. On trouve des taux relativement intéressants d'EPA et DHA dans les oeufs de poule nourries au lin, ou s'alimentant librement en liberté (les poules nourries au maïs, au contraire, font des oeufs oméga-6). 

Les premières preuves de l'intérêt des oméga-3 datent de la publication, en 1994, par Michel de Lorgeril et Serge Renaud des résultats de la Lyon Diet Heart Study, qui testait chez des patients cardiaques une margarine oméga-3 associée à un régime méditerranéen.

Lire ici le passage du livre "Prévenir l'infarctus" dans lequel Michel de Lorgeril relate cette expérience

Depuis plus de vingt ans, les preuves des bienfaits des oméga-3 pour la santé cardiovasculaire s’accumulent. 

Les oméga-3 du poisson réduisent le risque cardiovasculaire

Le nombre d’études épidémiologiques qui associe la consommation de poisson gras à un risque coronarien plus faible est tel qu’un livre entier pourrait leur être consacré. En voici quelques preuves cliniques :

  • en 1989, une équipe de chercheurs britanniques a montré qu’en consommant plus de poissons gras, les cardiaques voient leur mortalité totale et cardiovasculaire diminuer de 30 % par rapport aux autres (1),
  • dans une étude de 1997, le groupe de malades cardiaques qui recevaient un supplément quotidien d’huile de poisson a connu deux fois moins de morts par infarctus que le groupe qui consommait un placebo (2),
  • depuis 1966, 12 études cliniques ont testé les suppléments d’oméga-3 chez des victimes d’infarctus ; ces études ont été conduites contre placebo : un groupe prenait les oméga-3, un autre une capsule dénuée d’effet. Prises collectivement, elles démontrent clairement que ces personnes peuvent, grâce aux oméga-3, diminuer de plus de 30 % leur risque de mourir d’un deuxième infarctus (3).

La consommation d’oméga-3 favorise la survie après une crise cardiaque

Malgré ces premières preuves de l’intérêt des oméga-3 pour le cœur, le sujet restait controversé, comme l’explique Dariush Mozaffarian, professeur d’épidémiologie à Harvard : « Au moment où certains essais cliniques sur la complémentation en huile de poisson, mais pas tous, ont montré des avantages, il existe une incertitude sur les effets cardiovasculaires des oméga-3. »  

La plupart des études précédentes se sont appuyées sur des estimations d’apports en oméga-3 provenant des réponses des participants à des questionnaires alimentaires. C’est pourquoi  cette fois-ci les chercheurs ont utilisé des biomarqueurs sanguins pour connaître la quantité d’oméga-3 réellement présents dans le sang.

Les scientifiques ont rassemblé 19 études provenant de 16 pays incluant 45.637 participants. L’âge moyen des participants était de 59 ans et 62,8 % étaient des hommes. Les scientifiques ont trouvé que les oméga-3, provenant d’animaux ou de végétaux, étaient associés avec une réduction de 10 % du risque de crise cardiaque fatale.

L’étude suggère donc que les niveaux sanguins d’acides gras oméga-3 sont associés de manière modérée à un risque réduit de décéder d’une crise cardiaque.

Les graines de lin, riches en oméga-3, réduisent la pression artérielle

Dans une étude de 2015, des chercheurs ont analysé les données issues de 15 essais cliniques portant sur l’évaluation de l’efficacité d’une supplémentation en graines de lin sur la pression artérielle.

Lire : Santé : les graines de lin ont tout bon

Les données provenant de 1.302 participants indiquent que les suppléments de graines de lin induisent des réductions significatives de la pression artérielle systolique et diastolique de 2,85 mmHg et 2,39 mmHg respectivement.

Lire : Des céréales complètes pour diminuer la pression artérielle

« Les résultats obtenus dans cette méta-analyse sont encourageants pour la gestion de l’hypertension par l’utilisation de produits nutraceutiques (produits fabriqué à partir de substance alimentaires et disponibles sous forme de comprimés). L’étude Heart Outcome Evaluation a en effet démontré qu’une réduction de 3,3/1,4 mm Hg est associée à une diminution de 22 % du risque relatif de mortalité cardiovasculaire » écrivent les auteurs dans leur article.

Les scientifiques ont également remarqué qu’une supplémentation pendant plus de 12 semaines conduit à des réductions de la pression artérielle encore plus importantes, 3,10 mm Hg et 2,62 mm Hg pour les pressions systolique et diastolique respectivement, par rapport à des essais sur des périodes plus courtes (5).

Les mécanismes biologiques ne sont pas encore complètement compris. Ils pourraient être liés à la teneur en lignanes des graines de lin, mais pas seulement : « La teneur en acide α-linolénique (oméga-3) des graines de lin pourrait aussi contribuer aux bénéfices potentiels sur la pression artérielle grâce à leur capacité de réduire l’activité de l’enzyme époxyde hydrolase soluble. » Une fraction de protéine riche en arginine (KCI-F1) présente dans les graines de lin pourrait aussi influer sur la pression artérielle.

Pour en savoir plus sur l’alimentation qui protège contre le risque cardiovasculaire : La diététique anti-infarctus

Sources

(1) Burr ML : Effects of changes in fat, fish, and fibre intakes on death and myocardial reinfarction : diet and reinfarction trial (DART). Lancet 1989, 2(8666) : 757-761.

(2) Singh RB : Randomized, double-blind, placebo-controlled trial of fish oil and mustard oil in patients with suspected acute myocardial infarction : the Indian experiment on infarct survival – 4. Cardiovasc Drugs Ther 1997, 11 : 485-491.

(3) Bucher HC : N-3 polyunsaturated fatty acids in coronary heart disease: a meta-analysis of randomized controlled trials. Am J Med. 2002, 112(4):298-304.

(4) ω-3 Polyunsaturated Fatty Acid Biomarkers and Coronary Heart Disease. Liana C. Del Gobbo et al. JAMA Intern Med. Published online June 27, 2016. doi:10.1001/jamainternmed.2016.2925

(5) Ursoniu S, Sahebkar A, Andrica F, Serban C, Banach M; Lipid and Blood Pressure Meta-analysis Collaboration (LBPMC) Group. Effects of flaxseed supplements on blood pressure: A systematic review and meta-analysis of controlled clinical trial. Clin Nutr. 2015 May 29. pii: S0261-5614(15)00144-2. doi: 10.1016/j.clnu.2015.05.012.

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