Julien Tort : J’étais un junkie des pâtes !

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 05/04/2011 Mis à jour le 10/03/2017
La psycho-nutrition vise à rééquilibrer le cerveau pour mettre fin aux fringales

Rencontre avec Julien Tort, l’homme qui a fait connaître les travaux de la psychothérapeute clinicienne californienne Julia Ross en France, également responsable du site Liberezvousdesfringales.com. Arrêter les sucreries, les pâtes, les chips ou les cacahuètes : juste une question de volonté ? Pour Julia Ross, auteur de Libérez-vous des fringales, la réponse est non. Il s’agit d’une dépendance et elle doit être traitée comme elle. Et c’est notre cerveau qui détient la clé du problème.

Entre dépendance au sucre et addiction à l’opium, n’y a-t-il donc pas de différence ?

Julien Tort : Des mécanismes semblables contrôlent l’ensemble des dépendances. Le cerveau a un besoin vital de sucre, mais aussi de quatre neurotransmetteurs qui régulent les humeurs. Un de ces éléments fait défaut ? Il lui faut y pallier coûte que coûte ! Ce peut être via l’alcool, le chocolat qui font remonter la glycémie, ou même l’inanition qui fait planer les anorexiques, en générant des endorphines. Cela suffit à calmer le cerveau, mais temporairement, car ces substituts aggravent à terme la carence initiale.

On est donc biologiquement condamné à la dépendance ?

Non, quand le cerveau crie famine, il suffit de lui procurer les bons acides aminés pour l’apaiser. Ils permettent au corps de fabriquer immédiatement des neurotransmetteurs indispensables. Un acide aminé, la L-glutamine, peut même se substituer au glucose comme carburant du cerveau. Cinq acides aminés constituent le cœur de l’arsenal de Julia Ross. Ils peuvent mettre un terme en quelques heures, et parfois même quelques minutes, aux fringales et aux envies incontrôlables. On traite ainsi les causes profondes, physiologiques, de la dépendance.

Quels sont ces 5 acides aminés ?

La L-glutamine, pour répondre aux problèmes d’hypoglycémie. Le 5-HTP pour produire la sérotonine, un antidépresseur naturel. La D-phénylalanine, principal aminé favorisant la production d’endorphines (aux vertus antidouleur et euphorisantes). La tyrosine permet de produire nos stimulants naturels (adrénaline, noradrénaline et dopamine). Et le GABA, une sorte de Valium naturel. En vente libre, ces substances sont essentiellement inoffensives, en dépit de quelques contre-indications (l’avis du médecin est indispensable) et permettent très souvent de reconquérir rapidement une liberté dont on ignorait tout.

En avez-vous fait l’expérience ?

J’étais un « junkie » des pâtes. On pouvait bien m’appeler à la modération ; littéralement, je mangeais jusqu’à éclater, sans réel contrôle. Avec le protocole, j’ai pu me désintoxiquer très rapidement. Et maintenant, je me sens libre par rapport aux pâtes comme par rapport à la cigarette… je me demande ce que je pouvais y trouver. Vous savez, le premier stress de nos vies modernes (sans compter le bruit et le rythme aberrant de nos civilisations), c’est l’apport en glucides.

Du coup, on peut conjuguer la méthode avec un régime hypocalorique ?

Non, les acides aminés permettent de contrôler les fringales si, et seulement si on mange assez. Il est absolument contre indiqué de sauter des repas ou de compter ses calories. Grâce aux compléments alimentaires recommandés, on retrouve (ou pour certains, on découvre) la régulation naturelle de l’appétit : on écoute son corps pour savoir si on a besoin de manger ou pas. Il faut réformer son alimentation (stop aux aliments drogues, davantage de protéines, de bon gras et de légumes), mais surtout pas de régime amaigrissant.

Prendre des suppléments au long cours, n’est-ce pas dommage ?

Les acides aminés sont une aide à cette réforme de l’alimentation. On les prend pour quelques mois, un an au plus, le temps de corriger les déséquilibres physiologiques à l’origine des dépendances. C’est ainsi que se met en place une façon de manger où l’on fait confiance à l’intelligence immédiate du corps.

En fait, c’est l’anti-régime !

Oui, les régimes sont la première cause des problèmes de poids et des désordres alimentaires. Ils épuisent par exemple la concentration en tryptophane (comme l’atteste une étude du Lancet en 1997) : or, cet acide aminé est le seul à pouvoir produire la sérotonine, clé d’un moral en acier et d’une santé mentale à toute épreuve. Une carence induit des obsessions, des phobies et des désordres psychologiques. Dans les années 1990, on a oublié les vertus du tryptophane dans la lutte contre la dépression, au bénéfice des seuls anti-dépresseurs comme le Prozac.

Quels sont les autres déséquilibres ?

Le livre les détaille longuement, mais vous pouvez retenir les principaux : une régulation de la glycémie déficiente, des désordres hormonaux, l’épuisement des surrénales (dû au stress) qui peut conduire à des désordres immunitaires, la prolifération de levures dans l’organisme, les carences en acides gras essentiels et les sensibilités alimentaires (ou allergies cachées) qui créent un véritable cercle vicieux induisant le corps (via les endorphines) à devenir « accro » à ce qui le rend malade !

Traducteur et adaptateur de Libérez-vous des fringales, Julien Tort est directeur de collection et coach en réforme de l'alimentation : il aide à améliorer les problèmes de poids, de comportement alimentaire et de mauvaise humeur par la nutrition.

Propos recueillis par Tristan Gautié-Lahary pour unéo infos

 

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