Daniel Sincholle : "Les compléments antioxydants aident à contrôler l'inflammation"

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 03/04/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Point de vue

Daniel Sincholle est pharmacologue, spécialiste des compléments alimentaires, auteur avec Claude Bonne du Guide des compléments antioxydants. Pour lui, les compléments antioxydants sont utiles à condition de ne pas en abuser.

LaNutrition.fr Qu’est-ce qu’un régime alimentaire riche en antioxydants ? Quels aliments privilégier ?

Daniel Sincholle : Un  régime riche en antioxydants est un régime qui privilégie les aliments connus pour leurs propriétés antioxydantes et répertoriés comme tels dans les tables disponibles. Les fruits et les légumes, notamment les verts, jaunes ou rouges, sont les aliments les plus antioxydants ainsi que les épices. Parmi les fruits : les pommes, les pêches, les prunes, les fruits rouges : fraises, framboises et les petites baies rouges ou bleues foncé, baies de Goji, canneberge, myrtilles, groseilles, cassis. Les fruits secs : graines de lin, noix de pecan, noix de Grenoble, amandes, noisettes. Les légumes à feuilles vertes : épinards, choux, brocolis, laitue, artichauts, des racines comme les radis, les oignons. Les épices : curcuma, gingembre, cannelle, clou de girofle, origan. Les infusions de thé et d’hibiscus, le café (mélange de torréfié et de vert), un peu de vin rouge.

Que peut-on en attendre sur le plan de la santé ?

Consommer des aliments choisis pour leurs propriétés antioxydantes va permettre de protéger de la meilleure des manières l’organisme du stress oxydant ; un ensemble d’agressions provenant de notre métabolisme et de notre environnement, en renforçant nos défenses naturelles. Les conséquences vont être un meilleur entretien de notre capital bonne santé ; forme physique et intellectuelle, contrôle du poids, de la glycémie, de l’inflammation, en un mot de moins ressentir et de mieux supporter le poids des années. dans ce livre, nous détaillons les effets bien documentés et qu'on peut espérer.

On a longtemps pensé que les radicaux libres étaient néfastes, mais dans votre livre vous nuancez cette affirmation.

Effectivement, on a longtemps accusé les radicaux libres, désignés aujourd’hui sous le terme d’Espèces Réactives de l’Oxygène, d’être des substances exclusivement toxiques. Pas toujours, car des recherches récentes montrent que c’est une question de concentrations et de niveau de stress. De toutes petites quantités de ces substances sont nécessaires au bon fonctionnement de nos organes parce qu’elles jouent un rôle de signalisation entre les cellules, en particulier dans le contrôle de la glycémie et du diabète. De plus, dans le système immunitaire par exemple, certains de nos globules blancs assurent leur fonction de défense contre les envahisseurs microbiens en produisant des quantités relativement importantes de radicaux oxygénés. Il s’agit donc de faire en sorte de respecter cet équilibre biologique indispensable.

Lire : Comment les radicaux libres font vieillir

Comment savoir si on est soumis à un stress oxydant excessif ?

Le plus simple est de procéder à un bilan antioxydant, c’est-à-dire à un dosage sanguin des différents éléments directement impliqués dans le système de défense antioxydant. En général ces dosages sont réalisés dans des laboratoires spécialisés dans les CHU. On peut également détecter la tendance de son propre statut oxydant en examinant, à l’occasion de contrôles biologiques classiques (bilan sanguin pour une recherche d’une anomalie lipidique par exemple) les valeurs de certains traceurs sanguins comme la CRP, les lipoprotéines oxydées, le niveau de tension artérielle, analyser ses habitudes alimentaires, si l’on dort convenablement, si l’on est sportif ou pas, contrôler si l’environnement favorise le stress aussi bien psychologique que physique, atmosphère polluée, pesticides, etc.

Vous abordez longuement la question du bon emploi des compléments antioxydants. Dans quelles circonstances sont-ils intéressants ?

Plus que la présence ou l’absence de stress oxydant, il faut prendre en compte le rapport stress oxydant/défenses antioxydantes, c’est le déséquilibre en faveur du stress oxydant par rapport aux défenses qui est à l’origine de troubles biologiques et de désordres pour notre santé.

Sachant que le niveau de stress oxydant monte avec l’âge pendant que le niveau de nos défenses diminue, les deux courbes effet/temps se croisent, si bien que les personnes particulièrement concernées sont d’abord:

- Les seniors car leurs défenses antioxydantes s’amenuisent avec l’âge et particulièrement les femmes ménopausées car l’hypoestrogénie augmente  leur sensibilité au stress oxydant, puis

- Les personnes qui ne peuvent suivre les recommandations nutritionnelles (5 fruits et légumes / jour) et plus généralement celles qui n’ont pas un régime équilibré.

- Les personnes qui suivent un régime hyperprotéiné qui peut induire une carence en vitamines antioxydantes.

- Les fumeurs car ils ont un statut antioxydant diminué en particulier une chute des caroténoïdes plasmatiques. Mais il ne faut pas complémenter en vitamine A ou en béta-carotène.

- Les sportifs soumis à des efforts prolongés.

- Les patients à risque de maladies liées à l’âge (Alzheimer, DMLA, cancer de la prostate).

Comment choisir un bon complément antioxydant ?

L’attitude la plus sage consiste à faire en sorte que l’organisme tout entier soit imprégné de substances antioxydantes. C’est-à-dire aussi bien les compartiments huileux et aqueux de nos cellules. On choisira de prendre plusieurs antioxydants, de façon à assurer une bonne répartition entre ces deux compartiments, vitamine C, vitamine E, acide alpha-lipoïque, coenzyme Q10, oméga-3 et des polyphénols végétaux qui agissent directement comme antioxydants et indirectement en stimulant les autres défenses antioxydantes.

Lire aussi : Choisir un complément antioxydant (abonnés)

Y a-t-il des inconvénients à prendre trop d’antioxydants ?

Oui probablement, parce que comme nous l’avons vu, une micro quantité d’EOR est nécessaire au bon fonctionnement de la machine biologique, les supprimer totalement par des doses trop importantes d’antioxydants pourrait être néfaste, notamment pour le système immunitaire et la production énergétique. D'ailleurs le Pr Harman, qui est à l'origine de la théorie du vieillissement par les radicaux libres met en garde contre un excès d'antioxydants.

Lire l'interview du Pr Denham Harman

Certains médecins mettent en garde contre la prise d’antioxydants par les personnes traitées pour un cancer. Qu’en est-il ?

Il est clair que si votre traitement contre le cancer est basé sur la production de radicaux libres visant à bombarder et détruire les cellules cancéreuses, il ne faut pas prendre d’antioxydants à des doses qui pourraient diminuer l’efficacité du traitement. Il est recommandé d’en parler à votre médecin traitant.

Vous-mêmes à titre personnel, prenez-vous des antioxydants ? Lesquels et à quelles doses ?

La réponse est oui. Depuis plusieurs années nous utilisons quotidiennement, une formule contenant de la vitamine C, 200 mg, vitamine E 50 mg, acide alpha-lipoïque 50 mg, coenzyme Q10 30 mg, acide chlorogénique 200 mg, resvératrol 100 mg, le tout mélangé à une dose de 8 g de fibres solubles (fructo-oligosaccharides) et tout semble aller pour le mieux.

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