Les fibres préviennent les infections en nourrissant nos bactéries intestinales

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 23/11/2016 Mis à jour le 10/03/2017
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Les fibres sont essentielles à votre microbiote intestinal qui s’en nourrit. En leur absence, les bactéries présentes dans l’intestin « grignotent » le mucus qui recouvre l’intestin, ce qui augmente le risque d’infection

Une nouvelle étude parue dans Cell montre que lorsque les bactéries du système digestif n’obtiennent pas la quantité suffisante de fibres à partir de l’alimentation, elles peuvent commencer à « grignoter » la couche de mucus qui entoure l’intestin jusqu’à un point critique où les bactéries nuisibles peuvent infecter la paroi du colon.

Les fibres -qui constituent une catégorie de nutriments qui comprend un large éventail de polysaccharides non digérés par nos enzymes- présentent de nombreux bénéfices pour la santé et elles représentent un substrat pour l’ensemble des bactéries intestinales.

Lire : adoptez une alimentation riche en fibres pour préserver votre santé

« Contrairement à l’homme qui produit environ 17 enzymes gastro-intestinales pour digérer essentiellement l’amidon, notre microbiote intestinal produit des milliers d’enzymes complémentaires avec diverses spécificités leur permettant de dépolymériser et fermenter les polysaccharides alimentaires en acides gras à chaines courtes absorbables » expliquent les chercheurs. « Ainsi, la physiologie du microbiote intestinal est axé sur le métabolisme des polysaccharides alimentaires ».

A l’heure actuelle, les chercheurs savent peu de choses sur la façon dont le microbiote intestinal satisfait ses besoins énergétiques lorsqu’il est privé de fibres et comment les changements au niveau du microbiote - induits par des apports alimentaires en fibres quasi-nuls- impactent la santé.

« En dehors des fibres alimentaires, une autre source énergétique possible pour le microbiote intestinal est la couche de mucus riche en glycoprotéines qui recouvre l’épithélium intestinal et représente la première ligne de défense contre les microbes ».

Dans cette étude, les souris sont nées et ont grandi sans bactéries dans leur intestin. Elles ont ensuite reçu une transplantation de 14 bactéries qui normalement grandissent dans l’intestin humain. L’utilisation de souris spéciales sans germe et les techniques génétiques avancées ont permis de déterminer quelles bactéries étaient présentes et actives sous diverses conditions. Les chercheurs ont notamment étudié l’impact de plusieurs régimes alimentaires ayant des teneurs en fibres différentes ou sans fibres. Certaines souris ont également été infectées avec une souche bactérienne afin de provoquer une infection intestinale qui conduit à une irritation, une inflammation et des diarrhées.

Résultats : chez les souris ayant reçu une alimentation contenant 15% de fibres issus de céréales et végétaux, l’infection n’a pas eu de prise et la couche de mucus est restée épaisse. Mais quand les chercheurs ont modifié l’alimentation et supprimé toutes les fibres, certaines bactéries présentes dans l’intestin des souris ont commencé à grignoter le mucus.

Les chercheurs ont remarqué que la composition bactérienne dans l’intestin variait en fonction de l’alimentation des souris, plus ou moins riche en fibres. Et les bactéries qui se sont plus particulièrement développées en présence de très peu- voire pas du tout- de fibres étaient les seules à produire des enzymes capables d’entrainer l’altération des glycoprotéines qui composent le mucus. En fait, le manque de fibres conduit à une sur-production d’enzymes qui dégradent le mucus.

Lorsque les chercheurs ont infecté les souris avec une bactérie nuisible, ils ont remarqué que chez celles qui avaient une alimentation sans fibres, le développement bactérien était plus important et ces souris sont devenues malades et ont perdu du poids. Les souris présentaient également au niveau de l’intestin un mucus beaucoup plus mince et une vaste zone d’inflammation. Chez les souris ayant reçu une alimentation riche en fibres, la zone d’inflammation était présente mais beaucoup plus petite.

Les résultats permettent de comprendre à la fois le rôle des fibres dans un régime alimentaire normal, mais aussi leur utilisation potentielle pour contrer les effets des troubles intestinaux.

« Ce que nous apprenons en étudiant l’interaction entre les fibres, le microbiote intestinal et le système de barrière intestinale, c’est que si nous ne nourrissons pas nos bactéries, elles peuvent nous manger ». « Votre alimentation influence votre microbiote intestinal ainsi que l’état de la couche de mucus de votre intestin et donc votre tendance à tomber malade ».

Lire : les fibres alimentaires protègeraient de l'asthme

Source

Desai MS, Seekatz AM, Koropatkin NM, Kamada N, Hickey CA, Wolter M, Pudlo NA, Kitamoto S, Terrapon N, Muller A, Young VB, Henrissat B, Wilmes P, Stappenbeck TS, Núñez G, Martens EC. A Dietary Fiber-Deprived Gut Microbiota Degrades the Colonic Mucus Barrier and Enhances Pathogen Susceptibility. Cell. 2016 Nov 17;167(5):1339-1353.e21. doi: 10.1016/j.cell.2016.10.043.

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