Soleil et bactéries pour prévenir asthme et allergies

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 09/11/2016 Mis à jour le 10/03/2017
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Allaiter les enfants 6 mois, ne pas les couper du soleil, les laisser se salir : les conseils de LaNutrition pour prévenir les allergies et l'asthme 

Certaines familles sont plus touchées que d’autres par l’asthme et les allergies, ce qui montre l’existence de facteurs génétiques. Mais l’augmentation des allergies au cours des dernières décennies dans les pays occidentaux suggère un rôle de l’environnement. Mais il est possible, en agissant sur certains facteurs dès le plus jeune âge, de diminuer le risque d’allergies et d’asthme chez les enfants. En voici 3.

Surveiller leur statut en vitamine D

Une nouvelle étude parue dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology rapporte que des épisodes répétés de déficit en vitamine D dans la petite enfance sont associés à un risque plus élevé d’asthme -mais aussi d’allergies et d’eczéma- à l’âge de 10 ans. Il semblerait que le déficit en vitamine D accroit le risque d’asthme en augmentant la susceptibilité à 2 facteurs de risque de la maladie : la sensibilisation allergique et les infections respiratoires sévères.

« Nous savons que la vitamine D joue un rôle important dans la régulation du système immunitaire et dans le développement de poumons sains » expliquent les auteurs de l’étude.

« Mais si certaines études suggèrent qu’un déficit en vitamine D peut être un facteur contribuant à l’augmentation de l’asthme au cours des dernières décennies, d’autres études ont donné des résultats contradictoires sur cette association. Cela peut s’expliquer par des différences environnementales et génétiques. Il manque également des recherches pour analyser si le déficit en vitamine D est plus préjudiciable à certaines périodes de l’enfance ».

Dans cette étude, les chercheurs ont recueilli les niveaux de vitamine D depuis la naissance puis régulièrement : à l’âge de 6 mois, 1 an, 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans et 10 ans chez 147 enfants ayant un risque élevé d’asthme ou d’allergie.

Les résultats montrent que le déficit en vitamine D dans la petite enfance est associé à un risque accru d’asthme persistant plus tard. L’étude montre également que les réponses immunitaires allergiques sont plus fréquentes chez les enfants ayant des niveaux faibles de vitamine D dans les premières années alors que les enfants ayant un déficit en vitamine D à l’âge de 6 mois étaient plus susceptibles de souffrir d’une part d’une colonisation accrue, par des bactéries nocives, des voies respiratoires supérieures et d’autre part d’infections sévères des voies respiratoires inférieures avec de la fièvre. Ces deux conditions ont été précédemment associées à un risque accru d’asthme.

« Il se pourrait que l’association entre déficit en vitamine D et le risque d’avoir de l’asthme plus tard s’explique par une modulation de la susceptibilité à une sensibilisation allergique précoce, à la colonisation des voies respiratoires supérieures par des pathogènes bactériens ou les deux » expliquent les auteurs.

Des études antérieures ont montré que les deux premières années de vie sont une période critique pendant laquelle allergies et infections respiratoires peuvent se combiner pour conduire au développement de l’asthme. « Nos résultats montrent que le déficit en vitamine D est un facteur qui pourrait favoriser ce processus ».

Lire : la vitamine D peut-elle soulager l'asthme?

Des essais doivent être menés pour vérifier si une supplémentation appropriée en vitamine D pendant l’enfance permettrait de réduire le risque d’avoir de l’asthme. En attendant, les enfants ne devraient pas être écartés du soleil en été, et ils devraient recevoir selon leur âge 400 à 1000 UI de vitamine D par jour en hiver (consulter un médecin).

Ne pas éviter le contact avec les animaux et les bactéries !

Une étude menée en 2016 sur les Amish a montré que dans cette communauté la prévalence de l’asthme était très faible (5,2%), bien en-dessous de celle d’une autre communauté les Huttérites (21,3%).

Les échantillons sanguins d’enfants âgés de 7 à 14 ans ont montré que les enfants amish avaient des niveaux bien plus élevés de cellules immunitaires qui jouent un rôle dans la réponse immunitaire innée. Les niveaux d’endotoxines (des molécules libérées par certaines bactéries dans l’environnement) dans les poussières étaient 6,8 fois plus élevés dans leurs maisons. Ce qui pourrait expliquer la différence entre les poussières amish et huttérites, c'est que les familles amish vivent plus près des fermes laitières que dans les communautés huttérites et les enfants amish commencent à aller dans les étables très jeunes, ce qui les expose aux animaux et à des micro-organismes qui pourraient ensuite se retrouver dans la poussière des maisons. Dans les communautés huttérites, les enfants n’entrent pas si tôt en contact avec les animaux. L'hygiène plus importante des maisons actuelles a un impact sur le système immunitaire, c’est l’hypothèse hygiéniste.

Une autre étude a montré que les allergies alimentaires sont liées à une faible exposition aux endotoxines dans la première année de vie. Ceci semble confirmer qu’une exposition précoce à certains micro-organismes protégerait les enfants des allergies et de l’asthme. Les enfants les plus exposés à certains allergènes d'animaux et aux bactéries dans leur logement, pendant leur première année, auraient moins de risque d’asthme et d’allergie.

Une maison propre, c'est bien. Une maison aseptisée, ce n'est probablement pas une bonne idée. Il faudrait éviter les détergents agressifs et privilégier les solutions écologiques comme le vinaigre. Il faut aussi laisser les enfants se salir, sans nécessairement se précipiter pour les nettoyer à la moindre souillure.

Lire : les logements trop propres favoriseraient asthme et allergies chez l’enfant

Allaiter

D’après une étude publiée dans l’European Respiratory Journal, les enfants qui sont exclusivement allaités durant six mois auraient moins de risques que les autres de développer un asthme au cours des quatre premières années de leur vie.

Les chercheurs du Centre Médical Erasmus, aux Pays-Bas, ont analysé les données de 5638 enfants afin d’évaluer la relation entre l’allaitement (sa durée et son exclusivité) et le développement des symptômes de l’asthme (respiration sifflante, essoufflements, toux sèche et mucosités).

Comparés aux enfants qui ont été allaités durant un minimum de 6 mois, ceux qui n’ont jamais été allaités ont un risque bien plus important de développer les symptômes de l’asthme avant l’âge de 4 ans (augmentation du risque de 25 à 57 % selon les symptômes).

Pour cette raison et bien d'autres, y compris celles qui se rapportent à la santé de la maman, les femmes devraient être encouragées à allaiter pendant 6 mois au moins, lorsqu'elles le peuvent.

Sources

A.M.M. Sonnenschein-van der Voort, V.V.W. Jaddoe, R.J.P. van der Valk, S.P. Willemsen, A. Hofman, H.A. Moll, J.C. de Jongste, L. Duijts ; Duration and exclusiveness of breastfeeding and childhood asthma-related symptoms Eur Respir J erj01781-2010; published ahead of print 2011, doi:10.1183/09031936.00178110

Hollams EM, Teo SM, Kusel M, Holt BJ, Holt KE, Inouye M, De Klerk NH, Zhang G, Sly PD, Hart PH, Holt PG. Vitamin D over the first decade and susceptibility to childhood allergy and asthma. J Allergy Clin Immunol. 2016 Oct 7. pii: S0091-6749(16)30949-6. doi: 10.1016/j.jaci.2016.07.032.

Michelle M. Steim et al, Innate Immunity and Asthma Risk in Amish and Hutterite Farm Children. New England Journal of Medicine, 4 août 2016.

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McGowan EC, Bloomberg GR, Gergen PJ, Visness CM, Jaffee KF, Sandel M, O'Connor G, Kattan M, Gern J, Wood RA. Influence of early-life exposures on food sensitization and food allergy in an inner-city birth cohort. J Allergy Clin Immunol. 2014 Aug 13. pii: S0091-6749(14)00899-9. doi: 10.1016/j.jaci.2014.06.033.

Susan V. Lynch, Robert A. Wood, Homer Boushey, Leonard B. Bacharier, Gordon R. Bloomberg, Meyer Kattan, George T. O’Connor, Megan T. Sandel, Agustin Calatroni, Elizabeth Matsui, Christine C. Johnson, Henry Lynn, Cynthia M. Visness, Katy F. Jaffee, Peter J. Gergen, Diane R. Gold, Rosalind J. Wright, Kei Fujimura, Marcus Rauch, William W. Busse, James E. Gern. Effects of early-life exposure to allergens and bacteria on recurrent wheeze and atopy in urban children. Journal of Allergy and Clinical Immunology. 2014; DOI: 10.1016/j.jaci.2014.04.018

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