Otages : quelles conséquences sur la santé psychologique ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 03/07/2008 Mis à jour le 01/03/2017
Enquête
Comment se portent les otages après leur libération ? Des chercheurs se sont penchés sur la question et ont évalué l’état psychologique d’ex-otages.

 

Des jours, des semaines, des mois, parfois même des années passés en captivité avant de retrouver la liberté. Si la libération d’un otage est souvent un moment de liesse, la question de leur état de santé ne doit pas être écartée. Quelles sont les conséquences de ces périodes de détention sur l’équilibre psychologique des otages ? Des chercheurs qui ont suivi des ex-otages donnent quelques éléments de réponse.

 

Faut-il laisser les otages rentrer chez eux dès leur libération ?

C’est souvent le premier désir des ex-otages : rentrer chez eux et retrouver leurs familles. Faut-il accéder à cette demande ? La question n’est pas si simple d’après les médecins et psychologues qui suivent les ex-otages. Ces derniers soulignent en effet que dans les premiers instants de leur libération, les ex -détenus ont souvent tendance à minimiser l’impact psychologique de leur aventure. Le suivi médical de 52 américains victimes d’une prise d’otage en Iran dans les années 1990 le confirme. Dès leur arrivée au camp médical ces derniers se sont déclarés « prêts à rentrer chez eux ». Pourtant au bout de 4 jours de suivi psychologique tous se sont accordés à dire que ce sentiment initial était trop optimiste compte tenu de leur état de santé et que cette période de repos leur était nécessaire. Les médecins jugent par ailleurs que les ex-otages qui ont dès les premiers jours un programme de soutien psychologique ont moins de risque de souffrir par la suite d’un syndrome de stress post traumatique.

 

Comment peut-on évaluer objectivement l’état de stress d’un ex-otage ?

D’après les chercheurs, une évaluation de ce niveau de stress grâce aux échelles habituellement utilisées par les psychiatres est insuffisante. En effet, il semblerait que bon nombre d’anciens détenus aient tendance à minimiser le stress qu’ils ressentent. Les chercheurs ont donc recours à des mesures biologiques pour évaluer l’ampleur du traumatisme. Ils dosent le taux de cortisol. Cette hormone est un marqueur de l’état de stress. Le cortisol permet entre autre d’identifier un syndrome de stress post traumatique. Ce dernier peut en effet perdurer de très nombreuses années après la fin des évènements. Ainsi certains vétérans de la guerre du Vietnam présentent encore à l’heure actuelle des niveaux de cortisol anormalement élevés. Les chercheurs qui ont suivi les ex-otages d’Iran ont mesuré leurs taux de cortisol et se sont aperçus que ce dernier était souvent beaucoup plus élevé que la normale, et ce même quand les ex-détenus disaient se sentir peu stressés.

 

Sommes-nous tous égaux face à une prise d’otage ?

Il semblerait que non ! C’est en tout cas ce que révèlent les médecins qui ont suivi les otages libérés d’Iran. Parmi eux se trouvaient des militaires mais aussi des civils. En comparant ces deux groupes les psychologues se sont aperçus que les militaires paraissaient beaucoup moins perturbés par cette expérience.

 

RICHARD H. RAHE, MD, SAMUEL KARSON, PHD, NOEL S. HOWARD, JR, MD, ROBERT T. RUBIN, MD, PHD, and Russell E. Poland, PhD Psychological and Physiological Assessments on American Hostages Freed from Captivity in Iran, Psychosomatic Medicine 52:1-16 (1990)

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