Un environnement favorable pendant l’enfance serait bénéfique pour le coeur

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 20/01/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Un enfant qui grandit dans une famille qui procure une sécurité financière et lui apprend à contrôler son comportement aurait moins de risques d'infarctus et AVC à l’âge adulte

L’enfance et la jeunesse sont des étapes importantes de la vie en ce qui concerne la santé future. Les maladies cardiovasculaires sont impactées par les habitudes prises pendant l’enfance et par certains déterminants sociaux qui commencent à s’accumuler dès les premières années de vie. Selon une étude finlandaise parue dans le journal Circulation, les enfants ayant des expériences psychosociales favorables –notamment un statut socio-économique favorable et une auto-régulation de leur comportement- auraient une meilleure santé cardiovasculaire à l’âge adulte. Changer, même un seul facteur psychosocial, apporterait un bénéfice en termes de santé cardiovasculaire.

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Pour un enfant, des facteurs psychosociaux positifs comprennent le fait de grandir dans une famille ayant des habitudes saines, de bons revenus et permettant un environnement affectif stable dans lequel les enfants apprennent à contrôler agressivité et impulsivité et à s’intégrer socialement.

L’American Heart Association a défini une nouvelle mesure de « santé cardiovasculaire idéale » dans le cadre des objectifs qu’elle s’est fixés à savoir améliorer de 20% la santé cardiovasculaire des américains d’ici 2020 en mettant davantage l’accent sur la prévention mais aussi en ayant une meilleure compréhension des origines des maladies cardiovasculaires. Le but est de diminuer la mortalité par maladies cardiovasculaires et accidents vasculaires cérébraux de 20%. Le concept de « santé cardiovasculaire idéale » est défini par la présence de 7 facteurs de santé « idéaux » qui décrivent si une personne a une santé cardiovasculaire idéale et si ce n’est pas le cas, quel facteur il serait possible d’améliorer pour obtenir une meilleure santé.

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Cette étude concerne 3 577 enfants appartenant à la Cardiovascular Risk in Young Finns Study et âgés de 3 à 18 ans lorsque le projet a été initié. Les chercheurs ont mesuré 6 facteurs psychosiciaux : le statut socio-économique, la stabilité émotionnelle, les comportements de santé des parents, les évènements stressants, l’auto-régulation des comportements et l’adaptation sociale. 27 ans plus tard, les chercheurs ont évalué le niveau de santé cardiovasculaire idéale de 1089 participants.

Pour calculer la « santé cardiovasculaire idéale », les chercheurs ont utilisé la mesure American Heart Association's Life's Simple 7 qui prend en compte plusieurs facteurs : être actif, contrôler son cholestérol, manger sainement, contrôler la pression artérielle, perdre du poids, réduire sa glycémie et arrêter de fumer. Chaque facteur compte pour un point dans la détermination de l’indice de santé cardiovasculaire idéale.

Les participants ayant les meilleurs avantages psychosociaux dans l’enfance obtiennent, à l’âge adulte, de meilleurs scores à l’indice de santé cardiovasculaire idéale que ceux qui ont le moins d’avantages psychosociaux. La différence est d’environ un point. Les résultats de l’étude révèlent notamment que les enfants qui ont grandi avec le plus d’avantages psychosociaux ont 14% de chance en plus d’avoir un poids normal à l’âge adulte, 12% de chance en plus d’être non-fumeurs et 11% de chance en plus d’avoir un niveau de glucose sain à l’âge adulte.

Chez les jeunes, un statut socio-économique favorable et une auto-régulation du comportement étaient les meilleurs prédicteurs de la santé cardiovasculaire idéale à l’âge adulte. Les premières expériences influencent la santé cardiovasculaire pour toutes les personnes.

« Les choix que font les parents ont un effet à long-terme sur la santé future de leurs enfants et toute amélioration sur n’importe quel point peut avoir des avantages mesurables » explique le Dr Laura Pulkki-Råback, auteure de l’étude. « Par exemple si un parent chômeur obtient un emploi stable, l’effet peut être énorme. Si cela s’accompagne de l’arrêt du tabac, le bénéfice est encore plus grand. Tous les efforts pour améliorer le bien-être familial sont bénéfiques. »

« Les preuves scientifiques suggèrent que l’investissement dans le bien-être des enfants et des familles sera rentable à long-terme car cela permet de diminuer les dépenses de santé plus tard dans la vie » concluent les auteurs.

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Source

L. Pulkki-Raback, M. Elovainio, C. Hakulinen, J. Lipsanen, M. Hintsanen, M. Jokela, L. D. Kubzansky, T. Hintsa, A. Serlachius, T. T. Laitinen, K. Pahkala, V. Mikkila, J. Nevalainen, N. Hutri-Kahonen, M. Juonala, J. Viikari, O. Raitakari, L. Keltikangas-Jarvinen. Cumulative Effect of Psychosocial Factors in Youth on Ideal Cardiovascular Health in Adulthood: The Cardiovascular Risk in Young Finns Study. Circulation, 2015; DOI: 10.1161/CIRCULATIONAHA.113.007104

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