Le bonheur de courir expliqué par l'appétit

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 03/09/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Le sentiment de bien-être procuré par la course passerait par la dopamine. Et s'expliquerait par le but même de la course à pied chez nos ancêtres.

Pourquoi court-on ? Pour être en bonne santé, pour prendre l'air, pour se sentir bien... mais aussi aux temps préhistoriques pour trouver de la nourriture. D'après une recherche canadienne parue dans Cell metabolism, le sentiment de bien-être que peuvent ressentir les coureurs serait lié à la dopamine, un neurotransmetteur important pour la motivation.

Au cours de l'évolution, les capacités des mammifères en course d'endurance, et en particulier celles des humains, auraient évolué pour augmenter leurs chances de trouver de quoi manger. C'est pourquoi les signaux hormonaux qui contrôlent l'exercice et la prise alimentaire pourraient être liés.

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Dans cet article, les chercheurs ont étudié des souris qui couraient de manière volontaire dans des cages. Ces souris sont capables de courir jusqu'à 7 km par jour. Les chercheurs ont comparé l'activité de souris normales à celle de souris qui avaient eu une modification génétique supprimant une molécule activée par la leptine : STAT3.

La leptine est fabriquée par les tissus adipeux et  intervient dans le contrôle de la satiété, mais elle influence aussi l'activité physique. La molécule STAT3 est présente dans les neurones qui fabriquent la dopamine dans le cerveau, un neurotransmetteur impliqué dans l'éveil, la vigilance et la motivation.

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Comme l'explique Maria Fernanda Fernandes, principale auteur de l'étude, « Les souris qui ne possèdent pas la molécule STAT3 dans les neurones dopaminergiques courent beaucoup plus. En revanche, les souris normales sont moins actives, car la leptine active alors STAT3 dans les neurones dopaminergiques, signalant que les réserves d'énergie dans le corps sont suffisantes et qu'il n'y a pas besoin d'être actif et d'aller chercher de la nourriture. »

Par conséquent, la leptine intervient en modulant l'activité physique, via les neurones dopaminergiques et en agissant sur le système de récompense , comme l'explique Stephanie Fulton, également auteur de l'article : « Plus il y a de graisse, plus il y a de leptine et moins nous avons envie de manger. Nos résultats montrent maintenant que cette hormone joue également un rôle essentiel dans la motivation à courir, qui peut être liée à la recherche de nourriture. »

Des travaux précédents avaient montré un lien entre la leptine et les temps de course au marathon : plus les niveaux de leptine sont faibles, meilleure est la performance. Conclusion : des niveaux de leptine bas motiveraient l'individu à courir. Le message des hormones envoyé au cerveau est clair : quand la nourriture se fait rare, cela fait du bien de courir pour en ramener.

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Source

Maria Fernanda A. Fernandes, Dominique Matthys, Cécile Hryhorczuk, Sandeep Sharma, Shabana Mogra, Thierry Alquier, Stephanie Fulton, Leptin Suppresses the Rewarding Effects of Running via STAT3 Signaling in Dopamine Neurons, Cell Metabolism, Available online 1 September 2015, ISSN 1550-4131, http://dx.doi.org/10.1016/j.cmet.2015.08.003.

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