Les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Pluton

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 09/01/2012 Mis à jour le 02/06/2017
Actualité
Les hommes viennent de Mars et les femmes de Pluton ?

Qui n'a jamais entendu dire "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus", livre à succès des années 90 et repris dans diverses présentations théâtrales ? Il semble malgré tout que cette affirmation soit encore loin de la réalité. Les chercheurs en psychologie s'intéressent depuis longtemps à l'observation, la mesure et la comparaison de traits de caractère ou de comportements. Ces exercices ne sont pas  faciles compte tenu des nombreux facteurs extérieurs qui interfèrent avec les résultats. Jusqu'alors l'évaluation scientifique des différences entre hommes et femmes avait fait l'objet d'études comparant des traits précis avec d'autres, de manière bien distincte.

Contexte

Tout a commencé en 2005 avec la parution d'une large étude, une méta-analyse de 46 études précédentes (1) qui concluait que les différences entre hommes et femmes étaient très faibles en dehors de certains comportements sexuels et légèrement sur le plan de l'agressivité. Cette conclusion était basée sur une analyse obéissant à certaines règles de la théorie dite "hypothèse de similarité des genres". A l'opposé de cette théorie se trouve la théorie évolutionniste qui semble montrer qu'il existe de fortes différences entre hommes et femmes par une pression de sélection naturelle. Ces constats ont été observés en particulier pour des questions de promiscuité sexuelle ou d'éducation (2, 3).

Face à cette différence entre les deux théories et les résultats observés, des chercheurs Italiens ont décidé d'amener une nouvelle précision à cette question. Ils ont analysé les données précédentes pour constater que les traits de caractères comparés étaient trop grossiers pour pouvoir être précis. Ils ont donc inclus des tests de personnalité sur des points beaucoup plus détaillés. Par exemple, la mesure de l'extraversion comporte deux éléments: la cordialité/le lien (fréquemment plus élevé chez les femmes) et la dominance/le côté aventureux (fréquemment plus élevé chez les hommes). A cela ils ont ajouté une correction statistique source d'erreur dans les précédentes études.

Nouveaux résultats

Les chercheurs ont ensuite décidé d'appliquer leur nouvelle méthode d'analyse à un groupe de 10261 Américains (50,1% de femmes et 49,9% d'hommes) dont le niveau d'éducation moyen est supérieur à celui du pays. Ces hommes et femmes ont subi des tests de personnalité sur 185 traits différents. L'analyse des résultats est alors particulièrement inattendue : seuls 10% des caractères sont retrouvés de manière égale chez les hommes et les femmes contre 50 à 75% avec l'ancienne méthode.

Les chercheurs notent des différences particulièrement marquées pour certains traits de personnalité tels que l'agressivité et l'engagement professionnel. Les femmes sont notamment plus sensibles, plus cordiales et plus anxieuses. De leur côté les hommes sont plus stables émotionnellement, plus dominants plus conscients des lois et plus vigilants. Ils ont aussi tendance à prendre naturellement plus de risques que les femmes et à être plus agressifs, un point que nous avions abordé dans notre article Affaire DSK : testostérone et agressivité du mâle dominant.

Ils concluent en déclarant qu'un ensemble de petites différences sur des points particuliers s'ajoutent pour former une grosse distinction globale et encouragent les nouvelles recherches sur la personnalité, les capacités intellectuelles ou la créativité à utiliser cette nouvelle méthode d'analyse plus précise. Ils soulignent également que ces différences entre hommes et femmes ne permettent toujours pas de valider une théorie évolutionniste en raison de l'influence sociale qui ne peut être écartée avec les méthodes actuelles. Si votre mari vous demande de lui amener une bière, cela n'a peut-être rien à voir avec la sélection naturelle.

Référence: (1): Hyde JS. The gender similarities hypothesis. Am Psychol. 2005 Sep;60(6):581-92.

(2): Schmitt DP. The big five related to risky sexual behavior across 10 world regions: Differential personality associations of sexual promiscuity and relationship infidelity. Eur J Pers 2004 18: 301–319.

(3): Kelly EL, Conley JJ. Personality and compatibility: A prospective analysis of marital stability and marital satisfaction. J Pers Soc Psychol 1987 52: 27–40.

Marco Del Giudice et al. The Distance Between Mars and Venus: Measuring Global Sex Differences in Personality. PLoS ONE 7(1): e29265.

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