Autisme : quelle alimentation mettre en place ?

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 07/02/2017 Mis à jour le 02/04/2019
Actualité

L'état des connaissances sur les mesures diététiques pour les troubles du spectre de l’autisme.

Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) regroupent l’autisme ou trouble autistique, le syndrome d’Asperger et le trouble envahissant du développement non spécifié. Les TSA sont caractérisés par des anomalies du développement neurologique qui se manifestent par des altérations de la capacité à communiquer et à interagir socialement ainsi que par des comportements atypiques dans la communication. Les troubles autistiques sont liés à la fois à des facteurs génétiques et environnementaux.

Les médicaments utilisés pour soulager les troubles des patients présentent des inconvénients, avec des effets secondaires. Alors existe-t-il d'autres pistes plus naturelles pour les améliorer ?

Un régime sans gluten ?

Une étude récente avait montré que la sensibilité au gluten était fréquente chez les autistes, d'où l'idée qu'un régime sans gluten soulage les symptômes de l'autisme, d'autant que de nombreux parents ont rapporté des améliorations chez les enfants suivant un régime sans gluten ni caséine. Des chercheurs iraniens ont étudié l’effet d’une alimentation sans gluten sur le comportement et les troubles gastro-intestinaux d’enfants autistes. 80 enfants autistes ont participé. 40 ont suivi un régime sans gluten et 40 un régime normal pendant six semaines. Sur les 80 enfants, 53,9 % avaient des problèmes gastro-intestinaux. Dans le groupe qui a mangé sans gluten, ces troubles ont été réduits de manière significative, mais pas dans le groupe qui suivait une alimentation normale. Il y avait aussi une diminution significative des problèmes de comportement dans le groupe sans gluten, mais pas dans le groupe témoin. L’étude suggère donc qu’un régime sans gluten peut être efficace pour contrôler les troubles intestinaux et les comportements autistiques des enfants autistes.

Cependant, récemment a été conduite une petite étude en double aveugle qui portait sur 14 enfants autistes âgés de 3 à 5 ans. Les enfants ont suivi un régime sans gluten ni caséine (SGSC) pendant 4 à 6 semaines, puis, au cours des 12 semaines suivantes, ils ont soit consommé des repas SGSC, soit des repas classiques qui contenaient ces protéines. Cette étude n'a pas mis en évidence de bénéfice d'un régime SGSC sur les fonctions physiologiques, les troubles du comportement ou les symptômes de l'autisme. Malgré ces résultats négatifs, les auteurs de l'étude ne découragent pas les parents de tester les effets d'un tel régime.

Lire aussi : Autisme : faut-il éliminer le gluten ?

Plus de brocoli pour son sulforaphane

Les légumes crucifères (choux, navet, radis, cresson...), et particulièrement le brocoli, contiennent une substance, la glucoraphanine (de la famille des glucosinolates) qui se transforme en sulforaphane lorsque le légume est mastiqué et avalé. Les bienfaits du brocoli sont déjà connus pour la prévention du cancer colorectal, l'amélioration de l’arthrose et de l’asthme, la détoxification de l’organisme... Dans cette étude, les chercheurs ont administré quotidiennement pendant 18 semaines et par voie orale du sulforaphane issu de brocolis, à 29 jeunes hommes (13 à 27 ans) atteints de troubles du spectre de l’autisme. Le groupe de contrôle (15 participants) a reçu un placebo. Les effets du sulforaphane sur le comportement ont été évalués par trois tests comportementaux remplis par les parents, les soignants et les médecins (Aberrant Behavior Checklist (ABC), Social Responsiveness Scale (SRS), et Clinical Global Impression Improvement Scale (CGI-I) avant et après l’intervention.

Au bout de 4 semaines de traitement par le sulforaphane, des améliorations apparaissent déjà et continuent d’augmenter jusqu’à la fin de l’intervention. Après 18 semaines de traitement, les scores des tests ABC et SRS ont diminué de 34 % et 17 % respectivement, démontrant une amélioration comportementale notamment sur des paramètres tels que la léthargie, l’irritabilité, l’hyperactivité, la communication et la motivation. Les chercheurs ont noté qu’après l’arrêt du traitement avec le sulforaphane, les scores ABS et SRS ont eu tendance à revenir à leur niveau initial (avant l’intervention).

Dans le groupe qui a pris du sulforaphane, après 18 semaines de traitement, les chercheurs ont remarqué une nette amélioration au niveau de l’interaction sociale pour 46 % d’entre eux, au niveau des comportements aberrants pour 54 % d'entre eux et au niveau de la communication verbale pour 42 % d'entre eux. Le sulforaphane permet donc d’améliorer certains troubles du comportement liés à la maladie, comme l’interaction sociale et la communication verbale. Il joue un rôle dans la protection des cellules contre le stress oxydatif, l’inflammation et les dommages subis par l’ADN.

De bonnes graisses

Les acides gras oméga-3 jouent un rôle clé dans le développement normal du cerveau et du système nerveux central de l’enfant. L’autisme étant un trouble du développement, il est logique de se demander s’il existe un lien entre les oméga-3 et cette maladie. Selon différentes études, c’est effectivement le cas. Ainsi, en 2001, une étude française a montré que les niveaux sanguins d’acides gras oméga-3 étaient 20% plus bas chez les enfants souffrant d’autisme que chez les enfants en bonne santé.

Est-ce que supplémenter les enfants autistes en oméga-3 a un effet sur leurs symptômes ? Il semblerait que oui. Ainsi, en 2009, une petite étude incluant 10 enfants âgés de 4 à 7 ans souffrant d’autisme a montré que prendre 1 g d’oméga-3 par jour durant 12 semaines permettait une amélioration d’environ 33% de leurs capacités, d’après l’Autism Treatment Evaluation Checklist. Par ailleurs, aucune aggravation ni effet secondaire n’a été rapporté.

Selon une analyse de toutes les études sur le lien entre oméga-3 et autisme parue en février 2017, la supplémentation en oméga-3 permet d’améliorer :

  • les interactions sociales
  • les comportements ou intérêts répétitifs et restreints.

Rappelons que 1 g d’oméga-3 correspond à environ 25 g de poisson gras (saumon, thon, sardine, hareng, maquereau), une cuillère à soupe d’huile de colza, 15 g de noix de Grenoble, 1 œuf oméga-3 + 1 tranche de jambon oméga-3…

Un antioxydant bénéfique : la N-acétylcystéine

Des chercheurs de l'université de Stanford ont conduit une étude pilote pour savoir si un antioxydant comme la N-acétylcystéine pouvait réduire certains symptômes de l’autisme tels que l'irritabilité, les changements d'humeur et l'agressivité. Actuellement ces symptômes sont contrôlés par l'utilisation de médicaments psychotropes, les antipsychotiques, efficaces mais aux effets secondaires importants. De plus il n'existe encore aucun traitement pour soigner les comportements répétitifs.

31 enfants autistes âgés de 3 à 12 ans ont donc reçu de la N-acétylcystéine ou un placebo pendant 12 semaines. La supplémentation en acétylcystéine consistait à recevoir 900 mg par jour pendant 4 semaines, puis 900 mg deux fois par jour pendant 4 semaines puis 900 mg trois fois par jour pendant 4 semaines, une dose importante. Résultat : le score standard de mesure de l'irritabilité a été divisé par deux chez les enfants ayant reçu la N-acétylcystéine. Ces résultats sont plus faibles que ceux obtenus avec des médicaments mais non négligeables d'après les chercheurs qui considèrent qu'il s'agit d'un "outil efficace avant d'utiliser des armes lourdes". De plus les enfants ont manifesté moins de comportements répétitifs et stéréotypés. Le mécanisme d'action de l'acétylcystéine n'est pas compris mais les chercheurs pensent qu'il pourrait améliorer les défenses antioxydantes qui semblent déficientes dans l'autisme. 

On trouve de la N-acétylcystéine dans les fluidifants bronchiques vendus librement en pharmacie.

Lire aussi le livre de Nathalie Champoux, "Etre et ne plus être autiste", pour découvrir les changements alimentaires qui ont sauvé ses enfants (EXTRAIT ICI >>)

Références
  1. Ghalichi F, Ghaemmaghami J, Malek A, Ostadrahimi A. Effect of gluten free diet on gastrointestinal and behavioral indices for children with autism spectrum disorders: a randomized clinical trial. World J Pediatr. 2016 Jun 10.
  2. Singh K, Connors SL, Macklin EA, Smith KD, Fahey JW, Talalay P, Zimmerman AW. Sulforaphane treatment of autism spectrum disorder (ASD). Proc Natl Acad Sci U S A. 2014 Oct 13. pii: 201416940.
  3. Hardan AY, Fung LK, Libove RA, Obukhanych TV, Nair S, Herzenberg LA, Frazier TW, Tirouvanziam R. A randomized controlled pilot trial of oral N-acetylcysteine in children with autism. Biol Psychiatry. 2012 Jun 1;71(11):956-61.
  4. Schuchardt JP, Huss M, Stauss-Grabo M, Hahn A; Significance of long-chain polyunsaturated fatty acids (PUFAs) for the development and behaviour of children. Eur J Pediatr. 2010 Feb; 169(2):149-64.
  5. Vancassel S, Durand G, Barthélémy C, Lejeune B, Martineau J, Guilloteau D, Andrès C, Chalon S. Plasma fatty acid levels in autistic children. Prostaglandins Leukot Essent Fatty Acids. 2001 Jul; 65(1):1-7.
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  7. Mazahery H, Stonehouse W, Delshad M, Kruger MC, Conlon CA, Beck KL, von Hurst PR. : Relationship between Long Chain n-3 Polyunsaturated Fatty Acids and Autism Spectrum Disorder: Systematic Review and Meta-Analysis of Case-Control and Randomised Controlled Trials. Nutrients. 2017 Feb 19;9(2). pii: E155. doi: 10.3390/nu9020155. Review.

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