Fibromyalgie : 5 aliments sous surveillance

Par Priscille Tremblais - Journaliste scientifique Publié le 09/10/2011 Mis à jour le 16/02/2022
Conseils

Même si les données scientifiques sont limitées, certains ingrédients, aliments ou groupes d'aliments, semblent avoir une influence sur l’évolution de la fibromyalgie.

Qu'est-ce que la fibromyalgie (ou syndrome fibromyalgique) ?

La fibromyalgie - également appelée syndrome fibromyalgique - est une maladie chronique non dégénérative qui touche entre 0,5 et 2% de la population. Elle se caractérise par la présence d'une douleur chronique, les patients disent généralement qu'ils ont "mal partout". La fibromyalgie altère la qualité de vie et gêne les personnes qui en souffrent dans leurs activités quotidiennes.

La fibromyalgie est également désignée sous le nom "syndrome polyalgique idiopathique diffus".

Homme/Femme : qui est le plus touché par la fibromyalgie ?

La fibromyalgie ne touche pas les hommes et les femmes de la même façon. En effet, les femmes sont bien plus concernées que les hommes : dans 8 à 9 cas sur 10, le diagnostic de fibromyalgie concerne une femme.

Qu'est-ce qui provoque une fibromyalgie ? Quelles en sont les causes ?

Les causes exactes de la fibromyalgie sont mal connues. Selon le Dr Jean-Paul Curtay, nutrithérapeute et auteur de "Fibromyalgie, Un programme global pour améliorer votre santé et renouer avec le bien-être", la fibromyalgie se déclare dans la majorité des cas chez des personnes ayant une hypersensibilité au stress qui finit par épuiser leur corps et déclencher des douleurs.

Les symptômes : douleurs musculaires, fatigue, troubles digestifs…

Quels sont les premiers signes/symptômes de la fibromyalgie ?

Les premiers symptômes sont les douleurs musculosquelettiques. Au début, les douleurs -qui sont toujours présentes en cas de fibromyalgie- peuvent être localisées, puis elles s'étendent à tout le corps. Vient ensuite la fatigue chronique.

Quels sont les autres signes de la fibromyalgie ?

Les patients se plaignent aussi, selon les cas, de raideurs matinales, troubles digestifs, dépression, anxiété, sommeil non réparateur, mais également troubles de la mémoire, hypersensibilité au bruit. Sur le plan biologique, plusieurs études ont relevé des taux plus élevés de médiateurs pro-inflammatoires (cytokines), en particulier l'interleukine-6 (IL-6) chez les patients atteints de fibromyalgie, par rapport aux patients en bonne santé, ce qui suggère l'existence d'une inflammation chronique chez les malades. D'autres études ont trouvé que le microbiote des patients diffère de celui des personnes en bonne santé.

Le diagnostic de la fibromyalgie : quel test faire ?

Le diagnostic repose sur les symptômes rapportés par les patients et sur une évaluation clinique, étant donné qu'il n'existe pas de marqueurs physiologiques de la fibromyalgie

Pression des 18 points sur le corps

Initialement, l'American College of Rheumatology a proposé en 1990 d'évaluer la sensibilité à la pression de 18 points répartis sur le corps. Pour diagnostiquer une fibromyalgie, le patient devait ressentir une douleur à au moins 11 points de pression ainsi que des douleurs généralisées depuis au moins trois mois.

Quels sont les 18 points potentiellement douloureux de la fibromyalgie?

Les 18 points, appelés points de Yunus, se répartissent en 9 paires à gauche et à droite du corps. La pression exercée sur chaque point est de 4 kg au cm2 ce qui correspond à une palpation qui permet de blanchir l'ongle.

Les 9 paires de points sont :

  • Occipital : à la base du crane sur l’insertion des muscles sous-occipitaux
  • Cervical bas : espace intertransversaire
  • Omoplate : partie inférieure du sus-épineux soit la zone au-dessus de l’omoplate
  • Deuxième cote : bord supérieur de la jonction chondro-costale
  • Coude : 2 cm au-dessous de l’épicondyle de l’humérus
  • Trapèze de l’épaule : partie moyenne du bord supérieur
  • Fessier : quadrant supéro externe de la fesse
  • Hanche : juste en arrière de l’éminence du grand trochanter
  • Genou : sur la face interne en regard du coussinet graisseux près de l’interligne.

De nouveaux critères pour diagnostiquer la fibromyalgie

En 2010, de nouveaux critères dits de Rome III de l'American College of Rhumatologie, ont été proposés. Ils reposent sur un indice de douleurs généralisées (le WPI "Widespread pain index") conjugué à une échelle de sévérité de symptômes (le SS "Symptom severity" scale score). Un diagnostic de fibromyalgie est posé si :

  • Vous avez un score d'indice de douleur généralisée (WPI) de 7 ou plus et un score d'échelle de gravité des symptômes (SS) de 5 ou plus. Ou si vous avez un score WPI de 3 à 6 et un score SS de 9 ou plus.
  • Vous avez ressenti des symptômes à un niveau similaire pendant au moins 3 mois.
  • Vous n'avez pas d'autre trouble qui pourrait expliquer vos symptômes.

La douleur chronique est toujours présente en cas de fibromyalgie, c'est le symptôme principal.

Le traitement

Le traitement consiste principalement à prescrire des analgésiques, des relaxants musculaires et des anti-inflammatoires non stéroïdiens, mais les effets de ces médicaments sur les symptômes restent limités.

Soigner la fibromyalgie par l'alimentation

L'alimentation représente une voie de recherche prometteuse pour tenter d'améliorer les malades et soulager la douleur chronique qu'il altère leur qualité de vie. Les données sont encore peu nombreuses, mais quelques pistes se dégagent.

Pour aller plus loin : Fibromyalgie (Dr Jean-Paul Curtay)

Quel régime alimentaire adopter ?

Les nutriments présents dans les aliments permettent de corriger les éventuelles carences et de remonter l’énergie, la masse musculaire ou encore les défenses immunitaires. Les aliments peuvent également avoir des propriétés anti-inflammatoires et antitoxiques, utiles pour lutter contre les symptômes de la fibromyalgie.

Globalement, il s'agit de diminuer les graisses saturées, et de miser sur les aliments anti-inflammatoires, de limiter voire d'exclure les sucres à index glycémique élevé, de modérer la consommation d'alcool, d'éviter les substances toxiques comme les additifs ou celles venant des modes de cuisson malsains et d'augmenter la consommation de glucides à index glycémique bas, des aliments riches en oméga-3, et de choisir de bonnes protéines.

Pour aller plus loin, lisez le livre du Dr Jean-Paul Curtay "Fibromyalgie, Un programme global pour améliorer votre santé et renouer avec le bien-être"

Certains aliments sont particulièrement sous surveillance, car ils pourraient contribuer à exacerber les symptômes de la fibromyalgie. LaNutrition.fr vous en présente 5.

Quels sont les aliments à éviter pour soulager la fibromyalgie ?

Aspartame

L'aspartame est un édulcorant de synthèse aux effets santé controversés. Chez certaines personnes atteintes de fibromyalgie, les aliments édulcorés à l'aspartame pourraient exacerber les symptômes de la maladie. Une petite étude d'observation sur 37 personnes a testé pendant 4 semaines un régime sans aspartame ni glutamate monosodique (voir plus loin ce composé) : 84% d'entre eux ont vu plus de 30% de leurs symptômes s'améliorer, mais il n'est pas possible de distinguer les effets respectifs des deux substances.

Pour expliquer un éventuel effet de l'aspartame, on se réfère au fait que c'est un agoniste d’un récepteur des cellules nerveuses appelé NMDA (N-méthyl-D-aspartate), qui agit notamment sur la perception de la douleur. Dans une étude publiée dans le Journal of Rheumatology en 2006, des chercheurs ont trouvé que les patients atteints de fibromyalgie ont une surexpression des récepteurs NMDA dans la peau, signe d’une augmentation générale de l'activité des nerfs périphériques.

Conclusion : le niveau de preuves en faveur de l'élimination de l'aspartame est aujourd'hui faible à modéré.

MSG (glutamate monosodique)

Le glutamate monosodique (MSG, E621) est un exhausteur de goût que l'on trouve dans de nombreux aliments transformés et congelés, et dans la plupart des restaurants asiatiques. Il est classé parmi les additifs à éviter. Les chercheurs pensent que le MSG peut intensifier les symptômes de la douleur chez de nombreux individus. Comme l'aspartame, le MSG active les récepteurs NMDA.

L'étude sur 37 personnes citée ci-dessus, qui testait un régime sans aspartame ni MSG, a été prolongée par une étude croisée de deux semaines, en double aveugle contre placebo, pour savoir si la réintroduction du MSG entraînait des symptômes chez les patients qui avaient répondu favorablement à la première étude. Résultats : par rapport au placebo, la réintroduction du MSG a entraîné un retour significatif des symptômes, une aggravation de la fibromyalgie, une diminution de la qualité de vie en ce qui concerne les symptômes du côlon irritable, et une tendance non significative à l'aggravation de la douleur.

Conclusion : le glutamate alimentaire pourrait contribuer aux symptômes de la FM chez certains patients.

Lire aussi : 22 additifs qui n'ont rien à faire dans nos assiettes

Gluten

Le gluten est un ensemble de protéines du blé, de l’orge et du seigle, que l'on trouve en abondance dans les produits de boulangerie comme le pain, les pâtes, les pizzas. Il est responsable chez une petite partie de la population de la maladie céliaque – et chez une partie un peu plus importante, de ce qu’on appelle la sensibilité au gluten.

Il ne semble pas que les fibromyalgiques souffrent plus que les autres de maladie céliaque, mais les patients atteints de fibromyalgie présentent souvent des symptômes qui évoquent ceux de la sensibilité au gluten (nausées, douleurs abdominales, ballonnements, dyspepsie, fatigue, troubles de l'humeur).
Cela a conduit de nombreux chercheurs à émettre l'hypothèse que les patients atteints de fibromyalgie pourraient présenter une sensibilité sous-jacente au gluten.

Une étude a donc évalué 75 patients dans le cadre d'un essai clinique randomisé de 6 mois, qui a comparé l'efficacité d'un régime sans gluten à un régime hypocalorique (1500 kcal/jour) sur les symptômes gastro-intestinaux. Bien que ces deux régimes alimentaires aient permis d'améliorer les symptômes des patients, le régime sans gluten ne s'est pas révélé supérieur, ce qui laisse penser qu'il manque de spécificité.

Conclusion : un régime sans gluten pourrait être utile à certains patients, mais a peu de chances de bénéficier à tous.

Si vous souhaitez tester l'éviction du gluten, lire : 7 clés pour passer au sans gluten issues du Guide pour passer au sans gluten

FODMAPs

Un régime à faible teneur en FODMAPs vise à réduire ou à remplacer le lactose, le fructose, les fructanes et les galactanes avec des alternatives similaires.

Une étude de 8 semaines a évalué les conséquences d'un tel régime chez 38 patients. Le régime à faible teneur en FODMAP était caractérisé par l'exclusion de tous les produits laitiers, toutes les céréales sauf le riz, la noix de cajou, tous les fruits autres que banane, agrumes, ananas, baies, fraises et kiwis, tous les légumes autres que potiron, chou, laitue, tomate, carotte et concombre. Les 31 patients qui ont terminé l'essai, ont fait état d'une amélioration de 50% des douleurs abdominales et d'une diminution significative de la douleur.

Conclusion : sur la base d'une seule étude, l'éviction des FODMAPs peut entraîner une diminution de la douleur.

À lire aussi sur ce sujet : Diminuer les FODMAPs : utile ou non? et La solution Fodmap

Protéines animales

L'éviction de viande et poisson peut-elle améliorer les malades ? Deux études au moins ont testé cette hypothèse.

La première(2001) consistait en un régime végétarien majoritairement cru. Elle a trouvé une réduction significative après 7 mois d'intervention (sur la base du Fibromyalgia Impact Questionnaire) ; elle rapporte aussi une baisse de la sensation de fatigue, de la dépression et de l'anxiété. Cependant, cette étude portait sur un petit nombre de participants, sans groupe témoin. Une autre étude, contrôlée cette fois, a porté sur un régime végan. Elle conclut elle aussi à une diminution de la douleur (sur la base d'une échelle analogique visuelle) mais les scores n'ont pas été publiés ; autres bénéfices relevés dans cette étude : amélioration du sommeil et des raideurs articulaires.

Conclusion : un régime végétarien ou végan peut conduire à une diminution de la douleur, voire à d'autres améliorations dans les symptômes.

Pour aller plus loin : Protéines : 5 aliments végétaux pour se passer de viande et Régime végétarien ou végan : comment couvrir ses besoins en protéines (abonnés)

Références
  1. Holton KF, Taren DL, Thomson CA, Bennett RM, Jones KD. The effect of dietary glutamate on fibromyalgia and irritable bowel symptoms. Clin Exp Rheumatol. 2012;30(6 Suppl 74):10‐17.
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  4. Aman MM, Jason Yong R, Kaye AD, Urman RD. Evidence-Based Non-Pharmacological Therapies for Fibromyalgia. Curr Pain Headache Rep. 2018;22(5):33. Published 2018 Apr 4. doi:10.1007/s11916-018-0688-2
  5. Marum AP, Moreira C, Saraiva F, Tomas-Carus P, Sousa-Guerreiro C. A low fermentable oligo-di-mono saccharides and polyols (FODMAP) diet reduced pain and improved daily life in fibromyalgia patients. Scandinavian journal of pain. 2016;13:166-72.
  6. Donaldson MS, Speight N, Loomis S. Fibromyalgia syndrome improved using a mostly raw vegetarian diet: an observational study. BMC Complement Altern Med. 2001;1:7. doi:10.1186/1472-6882-1-7
  7. Kaartinen K, Lammi K, Hypen M, Nenonen M, Hanninen O, Rauma AL. Vegan diet alleviates fibromyalgia symptoms. Scand J Rheumatol. 2000;29(5):308‐313. doi:10.1080/030097400447697

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