Grippe A(H1N1) : pourquoi le virus est agressif mais peu mortel

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 04/12/2009 Mis à jour le 15/02/2017
Le virus de la grippe pandémique infecte beaucoup de monde mais fait relativement peu de victimes. Des chercheurs pensent avoir trouvé pourquoi.

Une étude récente aide à mieux comprendre pourquoi le virus de la grippe A, en dépit de son caractère extrêmement contagieux entraîne relativement peu de décès. Aux Etats-Unis, 4000 personnes environ sont décédées des suites de l’infection. Un chiffre bien sûr trop élevé, mais cependant moins que celui attribué à la grippe saisonnière, soit 36000 décès annuels.

Des anticorps contre le virus H1N1 sont retrouvés presque exclusivement chez les personnes nées avant 1957, parce que de 1918 à 1957 ce sont des souches parentes du virus actuel qui ont presque exclusivement circulé chaque année. Les gens nés avant 1957 ont donc acquis une certaine immunité humorale – celle qui est liée à la production d’anticorps. Mais comment expliquer que les manifestations cliniques de la grippe A soient tout de même modérées chez les moins de 52 ans, qui n’ont pourtant guère d’anticorps contre ce virus ?

Pour répondre à cette question, des chercheurs ont mesuré la réponse immunitaire à la souche A(H1N1). Ils ont trouvé une réponse médiocre des lymphocytes-B (qui dans le système immunitaire produisent les anticorps) aux protéines de surface du virus. En revanche, ils ont trouvé que les lymphocytes-T mémoire reconnaissent d’autres protéines du virus qui sont mieux conservées dans la famille H1N1 et qu’ils répondent en conséquence. Les lymphocytes T-mémoire peuvent en effet reconnaître des virus déjà rencontrés dans une infection ou par vaccination et réagir par une attaque contre eux. Si les souches H1N1 ont moins circulé après 1957, elles ont tout de même refait leur apparition sous d’autres formes en 1977, et ont participé ces trente dernières années aux grippes saisonnières. Elles figurent d’ailleurs dans les vaccins proposés ces dernières années, avec deux autres souches virales. Les protéines de surface de ces souches H1N1 récentes seraient trop éloignées de la souche pandémique (et de celles de 1918 à 1957) pour favoriser des anticorps, mais d’autres protéines du virus en seraient suffisamment proches pour avoir pu imprimer la mémoire des lymphocytes-T en particulier les lymphocytes-T CD8.

Pour résumer, le manque d’anticorps dans la population générale expliquerait le niveau élevé d’attaque par le virus pandémique A(H1N1). En revanche, le fait que les lymphocytes T reconnaissent certains caractères du virus expliquerait que les manifestations cliniques soient la plupart du temps relativement bénignes une fois la personne infectée.

Si l’on accepte ce raisonnement, on peut penser que :

- Les plus de 52 ans ont théoriquement un risque plus faible d’être infectés en raison de leurs anticorps (cependant, il faut tenir compte de l’affaiblissement du système immunitaire avec l’âge)

- Pour les autres, les risque d’être infecté est élevé, mais la maladie reste dans la majorité des cas peu sérieuse ;

- Les personnes ayant été malades de la grippe à plusieurs reprises ces dernières années et celles ayant reçu des vaccins contenant des souches de type H1N1 ont, toujours en théorie, moins de risque de souffrir de complications en cas de maladie – grâce à leurs lymphocytes-T.

Source

Greenbaum JA, Kotturi MF, Kim Y, et al. Pre-existing immunity against swine-origin H1N1 influenza viruses in the general human population. Proc Natl Acad Sci U S A. 2009 Nov 16

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