Un navet fermenté contre la grippe ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 26/11/2013 Mis à jour le 10/03/2017
Les bactéries d'un légume fermenté traditionnel japonais, le « suguki », préviendraient les infections grippales chez la souris.

La cuisine japonaise est riche en légumes fermentés, comme le « tsukemono ». D’après un article de Letters in Applied Microbiology, des navets fermentés populaires au Japon, les « suguki », stimuleraient indirectement le système immunitaire de la souris exposée au virus de la grippe.

La fermentation est un processus biologique catalysé par des micro-organismes. Ainsi, la fermentation lactique, qui permet la fabrication de fromage, nécessite des bactéries lactiques. La fermentation alcoolique peut avoir lieu grâce à des levures, alors que le vinaigre a besoin de bactéries acétiques. Certains micro-organismes, qui ont un effet bénéfique sur la santé, sont qualifiés de « probiotiques ». On les trouve par exemple dans certains yaourts.

Consulter notre dossier sur les probiotiques

Ici, des chercheurs japonais et néo-zélandais se sont intéressés à un navet fermenté japonais, le suguki, qui contient la bactérie lactique Lactobacillus Brevis KB290, connue pour avoir un effet sur l'immunité. Pendant 14 jours, ils ont nourri des souris avec des souches lyophilisées de cette bactérie, remises en suspension dans une solution saline. Puis ils ont infecté les souris par voie intra-nasale avec un virus H1N1, en utilisant 50 % de la dose mortelle pour une souris. Les chercheurs ont arrêté l’administration de la souche bactérienne avant l’infection par le virus grippal.

Résultats : 7 jours après l’infection, les niveaux d’immunoglobuline A (un type d'anticorps) spécifiques du virus ont augmenté dans le fluide broncho-alvéolaire des souris nourries avec KB290, par rapport aux témoins. Il y avait aussi une élévation significative de l’interféron alpha chez les souris nourries au KB290, même 3 et 7 jours après l’infection. L'interféron est une molécule produite par des cellules immunitaires en réaction à la présence d'agents étrangers. La souche probiotique donnée pendant les 14 jours précédant l’infection par le virus a soulagé des symptômes comme la perte de poids et la détérioration des conditions physiques.

Ces résultats montrent donc que l’administration de KB290 avant l’infection limiterait les symptômes grippaux, en augmentant la production de molécules du système immunitaire dans l’organisme : interféron alpha et anticorps spécifiques de la grippe. Ceci pourrait favoriser la destruction des cellules infectées par le virus. Les chercheurs ignorent ce qui permet à la bactérie de jouer ce rôle, mais celle-ci semble particulièrement résistante aux sucs gastriques, pourtant trop acides pour beaucoup de bactéries. Ceci serait dû à une couche protectrice de sucres appelés exopolysaccharides, présents à la surface de la bactérie. Ces molécules stimulent le système immunitaire chez des bactéries similaires, et pourraient être responsables des effets observés.

Ces résultats demandent à être confirmés chez l’homme. Ils pourraient aussi s'étendre à d'autres virus grippaux. Des essais cliniques testant une boisson contenant Lactobacillus brevis KB290 sont en cours chez l'homme.

Lire : Grippe 2013 : 4 moyens pour se protéger

Source

Waki, N., Yajima, N., Suganuma, H., Buddle, B.M., Luo, D., Heiser, A. and Zheng, T. (2013), Oral administration of Lactobacillus brevis KB290 to mice alleviates clinical symptoms following influenza virus infection. Letters in Applied Microbiology. doi: 10.1111/lam.12160

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