Vin et cancer : la presse française en folie

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 07/10/2009 Mis à jour le 10/03/2017
La publication du rapport de l’Institut national du cancer sur la consommation d’alcool et le risque de cancer avait mis la presse française en ébullition en février 2009. Fallait-il que les journalistes aient abusé de l’alcool pour tirer à boulet rouge sur le vin à peine le communiqué de presse de l’Inca publié ?Depuis, les autorités et les études scientifiques ont complètement discrédité le rapport de l’Inca.LaNutrition.fr revient sur les réactions de la presse à cette époque….

Nous sommes le 17 février 2009, un mardi. Peut-être ce jour est-il morne dans les salles de rédaction de la presse française. Cristiano Ronaldo pourrait être transféré au Real de Madrid, ça occupera la page des sports. Tiens Eric Woerth annonce un déficit français supérieur à 4,4% du PIB, voilà qui va occuper les journalistes économiques... Deux évadés de la prison de Moulins ont été interpellés, bof. Mais voilà qu’un communiqué de presse majeur arrive à la rédaction, une vraie information qui va faire du bruit : la moindre goutte d’alcool favorise le cancer. C’est le très sérieux Institut national du cancer qui envoie un communiqué de presse. Branle-bas de combat dans les rédactions, voilà enfin un vrai sujet !

La plupart des titres de presse vont s’engouffrer à corps perdu dans la bataille contre l’alcool, à commencer par les trois grand quotidiens nationaux français. « Ah, ce petit verre de vin quotidien qui favorise le cancer », titre le journal Libération dans son édition électronique du 17 février. « Un seul verre d'alcool augmente le risque de cancer » renchérit Le Figaro dès le lendemain. Quant au journal Le Monde il titre sobrement « Bannir l’alcool pour prévenir le risque de cancer ».

Même son de cloche pour le journal Le Point « Cancer : halte au verre de vin quotidien, à l'abus de steaks et de charcuterie » et Le Parisien « Cancer : la fin du petit verre de vin quotidien ». Au Nouvel Observateur on ne fait pas davantage usage du conditionnel : « Un seul verre d’alcool augmente le risque de cancer »

La presse écrite se déchaine contre les méfaits de l’alcool, mais les radios ne sont pas en reste, « Cancer et nutrition : l'alcool plus que jamais dans le collimateur », affirme RTL. « Cancer : à bas l'alcool, le steak et la charcuterie », renchérit son confrère Europe 1.

Les médias spécialisés dans la santé ne sont pas en reste et le site internet Doctissimo affirme dans son édition du jeudi 19 février 2009, après avoir pris 2 jours pour analyser le communiqué de l’Inca que « L’alcool augmente le risque de cancer ». « L'alcool est cancérigène, même à petite dose ! », conclut également le site Futura-Santé ce même jour.

Le gros problème c’est que le rapport de l’Inca est simpliste, grossier, abusif. Qu’il ne tient pas compte des études qui ne vont pas dans le sens de ses conclusions. Qu’il laisse de côté des travaux scientifiques d’envergure qui ne l’arrangent pas. Qu’il met dans le même panier le vin et les autres alcools, alors même que les vertus santé de ce breuvage sont largement prouvées par des milliers d’études. D’ailleurs ils ont l’air malin quand quelques jours plus tard une grande étude française affirme que le vin diminue le risque de cancer, et ce dès le premier verre (lire notre article sur l’étude du docteur Dominique Lanzmann).

Si les journalistes avaient pris la peine de vérifier ces études, ils auraient pu éviter cette tempête médiatique totalement injustifiée. En affirmant plutôt comme l’ont fait les rédacteurs du site Guerir.fr que « Deux verres de vin rouge n'augmentent pas les risques de cancer ».

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