Parce qu'il restreint le glucose qui est une source d’énergie pour les cellules cancéreuses, le régime cétogène est souvent mis en avant pour ses vertus anticancer. Mais que dit la recherche à ce sujet ?
Certains ingrédients et additifs présents dans les aliments transformés, les plats préparés, peuvent directement ou indirectement influencer le risque de cancer. Lisez bien les étiquettes.
Les cancers représentent en France la première cause de mortalité chez l’homme et la deuxième chez la femme. L'alimentation influence le risque de cancer, d'où l'intérêt de bien connaître la composition des aliments que l'on achète au supermarché.
Aliments potentiellement cancérogènes : quels sont les produits à surveiller dans l'alimentation ?
Pour prévenir le cancer ou encore si vous avez dans le passé été traité pour un cancer, LaNutrition vous conseille la prudence avec les ingrédients suivants, que l'on rencontre communément dans les produits transformés.
Les nitrites et nitrates
Plus de 15 000 produits emballés sur le marché français contiennent actuellement des nitrites (E250) ou des nitrates (E251). Ces additifs sont utilisés pour la conservation des aliments, en raison de leur rôle antimicrobien. Le sel nitrité donne aussi une coloration rose aux charcuteries. Mais nitrites et nitrates peuvent donner naissance en présence de fer à des composés cancérogènes qu’on appelle nitrosamines, accusées de favoriser les cancers digestifs.
Les nitrites et nitrates sont également retrouvés dans d’autres aliments, légumes et eau de consommation, car ils sont naturellement présents dans les sols. Certaines pratiques agricoles et industrielles peuvent aussi augmenter leur présence.
Dans un rapport de juillet 2022, l’Anses a préconisé de limiter l’utilisation des nitrites et des nitrates comme additifs alimentaires, du fait de leur impact probable sur le risque de cancer colorectal (1). Vous pouvez trouver des nitrites dans les aliments suivants :
Les émulsifiants
Les émulsifiants sont des additifs couramment utilisés par l’industrie agroalimentaire pour améliorer la texture, l’apparence, le goût des produits et prolonger leur conservation. Par exemple, les émulsifiants sont présents dans des pâtisseries, gâteaux, desserts, glaces, barres chocolatées, pains, margarines et plats préparés. Les émulsifiants pourraient perturber le microbiote intestinal et augmenter le risque d’inflammation, et potentiellement favoriser la survenue de certains cancers.
Des chercheurs français, regroupés au sein de l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Cress-Eren), ont étudié les liens entre les apports alimentaires en émulsifiants et la survenue des cancers. Ils ont analysé les données de santé de 92 000 adultes (âge moyen 45 ans ; 79 % de femmes) qui participaient à l’étude de cohorte française NutriNet-Santé (2). Après un suivi moyen de 7 ans, les résultats suggèrent une association entre l’ingestion de certains émulsifiants et un risque accru de cancers, en particulier du sein et de la prostate. Par exemple, les femmes ayant des apports plus élevés en carraghénanes (E407 et E407a) avaient 32 % de risque en plus de développer des cancers du sein, par rapport au groupe ayant des apports plus faibles.
Dans un communiqué de presse, Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, et Bernard Srour, professeur junior à INRAE, principaux auteurs de l’étude, ont déclaré : "Si ces résultats doivent être reproduits dans d’autres études à travers le monde, ils apportent de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs."
Les émulsifiants comprennent les mono- et diglycérides d’acides gras, les carraghénanes, les amidons modifiés, les lécithines, les phosphates, les celluloses, les gommes et les pectines. Vous pouvez trouver des carraghénanes (ou E407) dans les produits suivants :
Amidon de blé, amidon transformé de blé, fécule de pomme de terre, saccharose, fructose, glucose, sirop de glucose, sirop de glucose-fructose, maltose
Ces ingrédients favorisent la libération d'insuline. Or des taux élevés d'insuline et d'IGF-1 (insulin-like growth factor-1, une molécule ayant une structure proche de celle de la proinsuline) sont associés à un risque accru de cancer du côlon (3). De nombreuses études indiquent que les habitudes alimentaires qui stimulent la résistance à l'insuline ou la sécrétion d'insuline, notamment une consommation élevée de saccharose, diverses sources d'amidon, un indice glycémique élevé et une forte consommation d'acides gras saturés, sont associées à un risque plus élevé de cancer du côlon. Le fructose ou le sirop de glucose-fuctose ne sont pas de bonnes alternatives au sucre car on les soupçonne eux aussi de conduire à une résistance à l'insuline qui n'est désirable ni en prévention du cancer ni du diabète.
Vous serez surpris(e) d'apprendre que même des conserves de légumes ou des surimis peuvent contenir du sucre ou des amidons de blé :
Contient de l'amidon de blé
Contient du sucre
Les graisses hydrogénées et partiellement hydrogénées
Une vaste étude française a révélé que les femmes qui consomment le plus d’acides gras trans ont presque deux fois plus de risque d’avoir un cancer du sein (4). Les acides gras trans ont deux origines différentes : naturelle ou industrielle. Les premiers sont issus d’une transformation bactérienne des acides gras insaturés dans le rumen des vaches. On les retrouve naturellement dans les produits laitiers. Les seconds sont produits lors des processus de transformation des graisses utilisés dans l’industrie agro-alimentaire notamment l’hydrogénation des huiles. On les retrouve dans les biscuits, viennoiseries, et autres produits industriels. Ce sont eux qui sont accusés d’augmenter le risque de cancer du sein, mais aussi le cancer du côlon (5).
Des colorants
Certains colorants sont génotoxiques, voire cancérogènes.
Génotoxique vs cancérogène
Une substance est cancérogène lorsqu’elle provoque une augmentation de l’incidence des tumeurs malignes ou un raccourcissement du délai d’apparition des tumeurs malignes. Un composé génotoxique crée des lésions dans le matériel génétique (ADN), pouvant être à l'origine de mutations.
Des exemples de colorants des aliments considérés comme cancérigènes probables par le CIRC
Parmi les colorants rouges, le rouge allura AC (E 129) peut contenir de la p-crésidine, qui est reconnue par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) comme possiblement cancérogène chez l’homme.
Lire : 14 colorants alimentaires à éviter (abonnés)
De même, parmi les colorants marron, le caramel ammoniacal (E150c) et le caramel de sulfite d'ammonium (E150d) sont tous les deux cancérogènes chez le rat (6). Ils sont classés comme possiblement cancérigènes chez l’homme par le CIRC. Ces colorants sont présents dans des sodas, mais aussi des vinaigres (voir ci-dessous).
Des exemples de produits avec le colorant brun E150d :
Pour connaître les colorants à éviter, lisez Le nouveau guide des additifs, d'Anne-Laure Denans
Quels sont les autres aliments qui favorisent le cancer ?
Les aliments frits, grillés ou fumés
Les cuissons à forte température libèrent des produits chilmiques néfastes à la santé. Les fritures (frites, chips) renferment des niveaux élevés d’acrylamide, une substance potentiellement cancérigène.
Plusieurs études ont établi que les personnes qui mangent le plus de viande cuite au barbecue présentent un risque accru de cancer de la prostate ou de la bouche. Mais c'est le pancréas qui semble le plus sensible aux composés mutagènes des aliments grillés. En 2002, des chercheurs de l'université du Minnesota (États-Unis) ont montré qu'une consommation importante de viande rouge grillée est un facteur de risque de cancer du pancréas (7). Ces résultats sont confirmés par une étude réalisée par l'université du Texas (États-Unis) sur plus de 1000 individus (626 cas de cancer et 530 contrôles) : les personnes qui consomment le plus souvent du porc trop cuit ou du poulet frit ou grillé ont plus de risques de cancer du pancréas (8). Les personnes malades ont une fréquence de consommation d’aliments types bacon, poulets grillés et frits, supérieure aux personnes non malades.
Des aliments cuits à haute température (frits, grillés ou fumés) donnent lieu à des composés cancérogènes comme les nitrites, les amines hétérocycliques (HCA) et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (PAH). Pour ces raisons, il est conseillé de privilégier les modes de cuisson à température plus basse, avec des durées limitées, sans fritures.
Les aliments avec un index glycémique (IG) élevé ou sucrés
Dans les études épidémiologiques, une alimentation à index glycémique/charge glycémique élevés est associée à un risque accru de cancers colorectal, du sein (après ménopause), de l'endomètre, du pancréas. Toutefois une association ne démontre pas forcément un lien de causalité.
Le sucre peut contribuer à activer la voie insuline et élever le niveau de facteurs de croissance comme l'IGF-1 qui est associé au risque de cancers.
Les aliments ultra-transformés
De nombreuses études ont montré un lien entre la consommation d'aliments ultra-transformés et le risque de cancer.
Pour en savoir plus, lisez : La consommation d'aliments ultra-transformés liée au risque de cancer
Les viandes rouges
Comme expliqué sur le site de l'organisation mondiale de la santé (OMS), la consommation de viande rouge a été classée comme probablement cancérogène pour l’homme (Groupe 2A). Cette classification se fonde sur des études épidémiologiques montrant des associations positives entre la consommation de viande rouge et le développement d’un cancer colorectal.
Un excès de protéines animales stimule le niveau d'IGF-1. La consommation de grandes quantités de viande rouge se traduit aussi par un excès de fer dans l'organisme, en particulier chez les hommes et aussi chez les femmes de plus de 50 ans. L'excès de fer alimentaire semble associé à un risque plus élevé de certains cancers.
De plus, les viandes sont souvent mangées après avoir été poêlées, rôties, grillées. Comme vu ci-dessus, ce type de cuisson à haute température donne naissance à des substances mutagènes. Les données scientifiques disponibles indiquent que les personnes qui mangent le plus de viandes grillées, roussies, rôties ont plus de risque que les autres de développer un cancer du côlon-rectum, du sein, de la prostate, du pancréas.
Le risque de développer certains cancers augmente à partir d’un verre d’alcool par jour
L'alcool
L'alcool est un facteur de risque important pour le cancer. En France, d'après Santé publique France, environ 15 000 personnes décèdent chaque année des suites d'un cancer attribuable à la consommation de boissons alcoolisées. Il serait le deuxième facteur de risque évitable de cancers après le tabac. "Le risque de développer certains cancers augmente à partir d’un verre d’alcool par jour quel que soit l’alcool consommé qu’il s’agisse de vin, de bière ou d’alcool fort," explique l'agence sanitaire sur son site.
Le sel
Le sel est lié au risque de cancer de l’estomac.
Les aliments anti-cancer
Les aliments qui protègent du cancer sont donc plutôt des aliments à IG bas, pauvres en sucres, riches en fibres et antioxydants, ni frits ni grillés et non ultra-transformés.
Par exemple, plusieurs études ont montré une association entre une consommation élevée d’ail et la diminution du risque de développer certains cancers (9).
Les crucifères : des aliments qui luttent contre les cellules cancéreuses
Les crucifères, à savoir les choux et brocolis, ont des propriétés anticancer reconnues. Ils contiennt des glucosinolates, qui, en présence de l'enzyme myrosinase, donnent naissance aux isothiocyanates, dont le sulforaphane. Les isothiocyanates sont capables de lutter contre les cellules cancéreuses en inhibant leur prolifération (10).
Conclusion : quels sont les aliments à éviter ?
- Les aliments contenant des nitrites, des émulsifiants, des graisses hydrogénées, des colorants potentiellement cancérogènes...
- Les alimentds ultra-transformés
- Les aliments frits
- Les aliments sucrés ou avec un IG élevé
- Les viandes rouges et charcuteries (à limiter)
- L'alcool
- Le sel
Pour aller plus loin : Le cancer aime le sucre
Lire un EXTRAIT>>
- Anses. AVIS révisé et RAPPORT de l'Anses relatif aux risques associés à la consommation de nitrites et de nitrates. 2022.
- Sellem et al. Food additive emulsifiers and cancer risk: Results from the French prospective NutriNet-Santé cohort. PLOS Medicine. 13 février 2024.
- Giovannucci E. Insulin, insulin-like growth factors and colon cancer: a review of the evidence. The Journal of nutrition 2001 Nov;131(11 Suppl):3109S-20S.
- Chajès et al. Serum trans-monounsaturated fatty acids are associated with an increased risk of breast cancer in the E3N-EPIC Study. Am. J. Epidemiol. 2008
- Vinikoor et al. Consumption of trans-Fatty Acid and Its Association with Colorectal Adenomas. Am. J. Epidemiol. 2008
- Jacobson MF. Carcinogenicity and regulation of caramel colorings. International Journal of Occupational And Environmental Health 2012; 18(3):254-9.
- Anderson. Meat intake and cooking techniques: associations with pancreatic cancer. Mutat. Res. 2002.
- Li. Dietary mutagen exposure and risk of pancreatic cancer. Cancer Epidiemology Biomarker & Prev. 2007.
- Fleischauer AT, Arab L. Garlic and cancer: a critical review of the epidemiologic literature. J Nutr. 2001.
- Wang D, Upadhyaya B, Liu Y, Knudsen D, Dey M. Phenethyl isothiocyanate upregulates death receptors 4 and 5 and inhibits proliferation in human cancer stem-like cells. BMC Cancer. 2014.