Il suffit de 2 semaines pour réduire son risque de cancer du côlon

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 29/04/2015 Mis à jour le 10/03/2017
En passant d’un régime alimentaire occidental à un régime traditionnel africain riche en fibres, des Américains ont diminué leur risque de cancer du côlon.

Une étude originale sur des Afro-Américains et des Africains montre qu’en suivant pendant seulement 2 semaines un des régimes alimentaires des paysans africains,on voit s’améliorer les marqueurs biologiques liés au risque de cancer.

Le cancer du côlon est l’un des cancers les plus fréquents dans les pays occidentaux et la deuxième cause de décès par cancer. Les Afro-Américains sont plus de 100 fois plus susceptibles de développer un cancer du côlon que les Africains des zones rurales, et cette différence s’explique largement par les différences dans le régime alimentaire. En particulier, une alimentation riche en fibres pourrait avoir un effet extrêmement bénéfique sur le risque de cancer du côlon dans les populations les plus à risque.

Des scientifiques américains et britanniques ont commencé par étudier le régime alimentaire de 20 Afro-Américains de Pittsburgh et 20 Africains vivant dans des zones rurales de la province du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud. Les Afro-Américains consommaient deux à trois fois plus de matières grasses et de protéines animales que les Africains des zones rurales, et beaucoup moins de fibres alimentaires. 

Les chercheurs ont ensuite analysé la flore intestinale des deux groupes. Ils ont constaté que les régimes américains et africains sont associés à des populations très différentes de bactéries intestinales. Les Africains des zones rurales avaient plus de bactéries qui prolifèrent à partir de la fermentation des glucides, et d'autres qui produisent de l’acide butyrite. Les Américains avaient plus de bactéries qui décomposent les acides biliaires. Des coloscopies ont révélé la présence de polypes - qui peuvent parfois se transforment en tumeurs - chez neuf des Américains, mais aucun des Africains des zones rurales. 

Les scientifiques ont ensuite invité les deux groupes à échanger leurs régimes alimentaires pendant une quinzaine de jours. Au lieu de leurs plats traditionnels riches en fibres, les Africains des zones rurales ont consommé une alimentation riche en graisses et en protéines animales avec des saucisses, des frites, des hamburgers, des gâteaux. Pendant ce temps, les Afro-Américains ont suivi un régime pauvre en corps gras, riche en fibres provenant de légumes secs, légumes et fruits.

Après deux semaines, l'équipe de l'Université de Pittsburgh et de l'Imperial College de Londres constaté que les Afro-Américains avaient significativement moins d’inflammation du côlon, et une réduction des marqueurs biologiques du cancer. Le seul inconvénient de l'alimentation africaine semble être un excès de gaz.

De leur côté les Africains des zones rurales mis au régime américain semble  ont montré des signes d’augmentation du risque de cancer.

« Nous avons été impressionnés par l’ampleur des changements. Nous pensions que nous allions trouver quelques changements ici et là, mais ce que nous avons constaté était totalement inattendu », déclare Stephen O'Keefe, qui a dirigé l'étude. « Les résultats suggèrent qu'il n’est jamais trop tard pour réduire le risque de cancer du côlon », ajoute-t-il. 

Les changements dans le risque de cancer ont coïncidé avec des changements radicaux dans les populations de bactéries intestinales. Avec le régime riche en fibres, les bactéries de l'intestin produisent plus d’acide butyrique, alors que le régime alimentaire occidental entraîne une production accrue d’acides biliaires, ce qui peut augmenter le risque de cancer.

Les scientifiques ne peuvent pas dire avec certitude que le changement de régime aurait conduit à plus de cancers dans le groupe africain ou moins dans le groupe américain. Il faudrait pour cela poursuivre l’expérience pendant des décennies. Mais des études épidémiologiques ont déjà montré que les régimes riches en fibres sont liés à un risque réduit de cancer du côlon sans que le mécanisme ait été correctement élucidé. Cette étude suggère que l'alimentation peut affecter le risque de cancer en modifiant la flore intestinale et les substances qu’elle libère dans l’intestin.

Pour aller plus loin, le livre Soignez le colon irritable naturellement par le Dr. Jacques Médart (Lire un extrait ICI  >>)

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