La plupart des cancers de la prostate ne devraient pas être traités

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 20/07/2012 Mis à jour le 10/03/2017
Aujourd'hui, la plupart des patients diagnostiqués à un stade précoce du cancer de la prostate reçoivent de la radiothérapie, de la chimiothérapie, ou se voient carrément enlever la prostate.Une nouvelle étude montre que dans la plupart des cas, ces traitements sont inutiles.Ce point de vue est défendu par le Dr Mark Scholtz et par son co-auteur Ralph Blum dans leur best-seller "Touche pas à ma prostate."

Une nouvelle étude sur le cancer de la prostate, du nom de PIVOT, dont LaNutrition.fr avait annoncé les résultats préliminaires, vient d'être publiée. Elle montre que la chirurgie du cancer de la prostate, qui conduit souvent à l’impuissance ou l’incontinence, ne semble pas améliorer la survie des hommes dont la maladie est à un stade précoce (ce qui est le cas le plus fréquent). En fait, beaucoup de ces patients feraient tout aussi bien de ne choisir aucun traitement du tout.

Lire l'éditorial de Thierry Souccar.

Ces conclusions sont tirées de la plus importante étude clinique jamais conduite pour comparer l'ablation chirurgicale de la prostate à la simple « surveillance active » du patient. Elle vient conforter le sentiment que le dépistage croissant du cancer de la prostate et l’explosion des actes chirurgicaux pour traiter ce cancer dans les pays développés au cours des 25 dernières années, ont malheureusement conduit à une situation désolante, avec des millions d'hommes impuissants, incontinents et angoissés par une maladie qui n’aurait probablement jamais menacé leur vie.

Un éditorial accompagnant le rapport fait valoir que malgré son importance, l'étude qui portait sur 731 hommes et a duré 15 ans est encore trop restreinte pour qu’on puisse en tirer des conclusions définitives sur les avantages relatifs de la prostatectomie radicale. Le risque de décès par cancer de la prostate ou toute autre cause n’était pas différent d’un groupe à l’autre mais les hommes qui n’avaient pas été opérés ont été un peu plus nombreux à développer des métastases osseuses.  Les résultats suggèrent aussi que les hommes dont le score initial était élevé étaient plus susceptibles de bénéficier de la chirurgie. Ces résultats ne permettent pas de tirer des conclusions pour les hommes à un stade plus avancé de la maladie, qui pourraient bénéficier d'un traitement plus radical, estime l’auteur de l’éditorial.

L'étude a inclus des hommes au stade précoce de la maladie, dont la moitié ont appris leur cancer à la suite d’un dosage de l’antigène prostatique (PSA). Environ 80% des hommes ayant un cancer de la prostate n’ont pas de métastases.

"Nous ne devrions pas nous attacher à trouver tous les cancers de la prostate parce que, comme cette étude et d’autres le montrent, la majorité des cancers que l’on trouve n’avaient pas besoin de l’être,'' écrit le Dr Thompson, (University of Texas Health Science Center, San Antonio). "Nous devrions nous concentrer sur les patients qui sont susceptibles d'avoir des tumeurs plus agressives pour lesquelles le traitement semble faire une différence."

En mai, le Preventive Services Task Force des États-Unis a émis une recommandation controversée contre le dépistage du cancer de la prostate par dosage régulier du PSA. Le groupe de travail a conclu que le test offre peu de bénéfices, voire aucun, mais qu’il entraîne une anxiété et des biopsies douloureuses et les conduit souvent à un traitement invasif et risqué. Mais plusieurs sociétés médicales d’urologie ont critiqué cette conclusion, et le test PSA reste un élément quasi-immuable de la surveillance des hommes d'âge mûr.

L'étude Pivot avait initialement prévu de recruter 2000 hommes, mais elle n’a pu en inclure que 731. Après 15 ans de suivis, 354 hommes étaient morts, mais la plupart d'entre eux d'une autre cause que le cancer de la prostate. Seulement 52, soit environ 7 pour cent des participants, sont morts des suites d’un cancer de la prostate. Il n'y avait pas de différence statistique dans les taux de mortalité globaux entre le groupe « chirurgie » (171 décès), et le groupe « surveillance active » (183 décès), ni dans les taux de mortalité dus au cancer de la prostate.

Cependant, parmi les hommes ayant un PSA supérieur à 10 ng/mL, la chirurgie réduit le risque de décès de 33 pour cent. Dans l'ensemble, chez les hommes ayant des scores élevés de PSA, il ya eu 13% de décès en moins chez ceux qui ont été opérés. Aucune différence n'a été observée chez les hommes ayant un PSA de 10 ou inférieur.

Le Dr Timothy J. Wilt, auteur principal de l'étude et professeur de médecine (Minneapolis) espère que ces résultats encourageront plus de patients à un stade précoce de la maladie à choisir la surveillance active comme option. Selon lui, 90 pour cent de ces hommes choisissent aujourd’hui un traitement chirurgical ou de radiothérapie. "Beaucoup d'hommes, quand ils entendent parler d'un diagnostic de cancer de la prostate, ont peur," dit le Dr Wilt. "Ils pensent que s'ils ne sont pas traités, ils mourront. Nos résultats démontrent clairement que ce n'est pas vrai. L'écrasante majorité ne mourra pas de leur maladie si elle n’est pas traitée. "

A lire, le best-seller du Dr Mark Scholtz et Ralph Blum "Touche pas à ma prostate."

Lire une interview du Dr Mark Scholtz

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