Les mammographies peuvent-elles provoquer des cancers du sein ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 17/12/2009 Mis à jour le 15/02/2017
L’exposition aux radiations liées aux mammographies pourrait favoriser l’apparition de cancers du sein chez les femmes atteintes d’une prédisposition génétique à cette maladie.

Certaines études suggèrent que chez les femmes à haut risque de cancer du sein, l’exposition au rayonnement lors des mammographies peut augmenter le risque de survenue d’un cancer.

Le remède pire que le poison ?

Une nouvelle étude présentée le 1er décembre 2009 au meeting annuel de la Société de radiologie aux Etats-Unis suggère que l’exposition aux radiations même faibles lors des mammographies augmenterait significativement le risque de cancer du sein chez les femmes qui présentent une prédisposition génétique pour cette maladie (1).

Les gènes augmentent le risque de cancer du sein

Il existe deux gènes identifiés depuis longtemps dans la survenue des cancers du sein : les gènes BRCA-1 et BRCA-2. Par rapport aux femmes sans cette mutation, celles qui sont porteuses d’une forme altérée de ce gène ont un risque de subir un cancer du sein augmenté de 85%. Ces mutations sont souvent associées à des formes familiales de la maladie. Les patientes qui en sont porteuses sont beaucoup plus surveillées que les autres femmes et souvent elles débutent le dépistage par mammographie dès l’âge de 20 ans à raison de un examen par an.

Le docteur Marijke Jansen Van der Weide et ses collègues de l’université de Groningen aux Pays-Bas ont analysé les résultats de 6 études portant sur l’impact d’une faible exposition aux radiations chez les femmes à haut risque de cancer du sein. Les chercheurs ont déterminé que chez ces patientes à haut risque de cancer, l’exposition aux rayons via la mammographie multipliait par 1,5 le risque de développer un cancer par rapport aux femmes à haut risque de cancer ne passant pas de mammographies. Ce risque serait même multiplié par 2,5 chez les jeunes femmes qui passent leur première mammographie avant leurs 20 ans ou qui ont subi plus de 5 mammographies.

« L’exposition répétée aux radiations devrait être évitée pour ces femmes, concluent les auteurs. » Ces derniers reconnaissent la nécessité d’un dépistage régulier, en particulier chez ces patientes à haut risque de cancer, mais suggèrent que d’autres examens de contrôle devraient être utilisés comme par exemple l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) ou par ultrasons.

Limiter l’exposition aux radiations

Cette étude n’est pas la première à suggérer que les mammographies pourraient augmenter le risque de cancer du sein. Une autre étude publiée en février 2009 par des chercheurs allemands suggérait déjà que le recours à la mammographie puisse être délétère chez les jeunes femmes porteuses d’une mutation BRCA (2).

Le docteur Amy Berrington de Gonzales et ses collègues de l’école de santé publique de Baltimore ont analysé les données provenant de 22 études concernant plus de 8000 femmes porteuses de la mutation BRCA et donc à haut risque de cancer du sein.

Ces derniers en concluent que le fait de pratiquer 5 mammographies par an augmente significativement le risque de développer un cancer du sein chez ces patientes. Ce risque est d’autant plus élevé que les patientes sont jeunes. Chez les femmes de 24 à 29 ans qui ont déjà subi 5 mammographies, ces examens seraient à l’origine de 26 cas de cancer pour 10.000 femmes. Chez les patientes de 30 à 34 ans, ce sont 20 cancers supplémentaires pour 10.00 femmes. Enfin chez les femmes de 35 à 39 ans, 13 cancers supplémentaires pour 10.000 femmes seraient attribuables aux radiations provoquées par les mammographies.

Pas de mammographie avant 35 ans

Au final ces patientes conservent-elle un avantage à passer des mammographies ? Selon les auteurs, pour que le bénéfice de la mammographie surpasse ce risque, il faudrait que le dépistage réduise la mortalité d’au moins 51 % chez les 25-29 ans, de 12 % chez les 30-34 ans et de 4% chez les 35-39 ans. Considérant que la réduction de mortalité liée au dépistage du cancer du sein n’excède pas 15 à 25 % chez les jeunes femmes, les chercheurs suggèrent que le dépistage par mammographie est délétère chez les jeunes filles de 25 à 29 ans porteuses de la mutation BRCA et que son intérêt est quasi nul chez les femmes de 30 à 34 ans. Ces derniers concluent que pour les patientes qui portent la mutation sur le gène BRCA, les mammographies devraient n’être utilisées qu’à partir de 35 ans.

(1) Geertruida H. de Bock, Ph.D., Marcel J.W. Greuter, Ph.D., Liesbeth Jansen, M.D., Ph.D., Jan C. Oosterwijk, Ph.D., Ruud Pijnappel, M.D., Ph.D., and Matthijs Oudkerk, M.D., Ph.D. annual meeting of the Radiological Society of North America (RSNA). 1-Dec-2009

(2) Berrington de Gonzalez A, Berg CD, Visvanathan K, Robson M. Estimated risk of radiation-induced breast cancer from mammographic screening for young BRCA mutation carriers. J Natl Cancer Inst. 2009 Feb 4;101(3):205-9. Epub 2009 Jan 27.

A découvrir également

Back to top