Pédaler au “grand air” pas toujours bon pour la santé

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 05/06/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Les pistes cyclables près des routes exposent à 30% de polluants atmosphériques en plus que celles qui en sont séparées

Les pistes cyclables ont en général une bonne image auprès des gens : elles encouragent à prendre le vélo et à faire de l’exercice et permettent ainsi de diminuer la circulation automobile. Elles ont donc à la fois un aspect « écolo » et santé. Mais une nouvelle étude de la Harvard School of Public Health (1) vient quelque peu nuancer cette idée. Car si faire du vélo peut sembler bon pour la forme, cela dépend en fait d’où vous choisissez de pédaler ! En partageant la route avec les voitures, un cycliste augmente de plus de 30% son exposition aux polluants atmosphériques que s’il pédale sur une piste cyclable séparée de la route.

Les études montrent que la pollution de l’air augmente le risque de certaines maladies comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires (2). La pollution de l’air est à l’origine de nombreux décès prématurés dans le monde.

Lire : la pollution facteur majeur du cancer du poumon

En ville, les émissions de polluants liées au trafic routier sont responsables d’une part importante de la pollution de l’air. Parmi les polluants atmosphériques, on trouve : les particules fines (PM 10 et PM 2,5, PM = particulate matter), le dioxyde d’azote NO2, le monoxyde de carbone (CO) et l’ozone (O3).

Alors qu’en-est-il pour les cyclistes directement exposés aux gaz d’échappement ? C’est ce qu’ont cherché à savoir des chercheurs de Boston. Ils ont mesuré la pollution le long de 5 itinéraires cyclables de la ville, comprenant des bandes cyclables directement adjacentes à la route, des pistes cyclables séparées de la route et des voies de circulation partagées par les bus et les vélos.

Les chercheurs ont arpenté ces routes en vélo avec un dispositif de mesure de la pollution. Ils ont notamment mesuré deux éléments connus pour augmenter les risques cardiovasculaires et le risque de cancer du poumon : les particules de noir de carbone (black carbone) et le dioxyde d’azote.

Les particules de noir de carbone sont émises par les pots d’échappement (notamment des moteurs diesel) et représentent un traceur pertinent de la pollution liée au trafic routier. Le dioxyde d’azote est un gaz toxique issu de la combustion. Il provoque une inflammation des voies respiratoires.

Les résultats montrent que les concentrations en polluants sont un tiers plus élevées sur les bandes cyclables adjacentes aux routes que sur les pistes cyclables plus éloignées. La qualité de l’air est particulièrement mauvaise aux intersections où les voitures s’arrêtent et redémarrent.

Etre à distance des voitures pendant que l’on pédale a une réelle importance : à Boston, le niveau de pollution mesurée sur une piste cyclable d’une voie très fréquentée –mais qui ne lui est pas directement adjacente- est plus faible que sur une bande cyclable adjacente à une voie avec un faible trafic. Dans le cas de la voie très fréquentée, la piste cyclable est située à environ 45 mètres de la circulation et est séparée par une rangée d’arbres qui bloque les gaz d’échappement.

Bref, si vous voulez faire du bien à votre corps en prenant votre vélo, choisissez les pistes cyclables les plus éloignées des routes et si vous n’avez pas le choix, vous pouvez opter pour un masque anti-pollution…

Lire : le métro parisien plus pollué que le périphérique

Sources

(1) The Boston Globe. Cyclists, don your gas masks. By Kevin Hartnett.

(2) Chen H1, Goldberg MS, Villeneuve PJ. A systematic review of the relation between long-term exposure to ambient air pollution and chronic diseases. Rev Environ Health. 2008 Oct-Dec;23(4):243-97.

A découvrir également

Back to top