Cancers : c'est parfois la faute à pas de chance

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 15/01/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Un article paru dans Science explique pourquoi on a plus de risques d'avoir un cancer du poumon qu'un cancer de l'estomac. Et ce n'est pas toujours à cause de l'environnement.

Le cancer est lié à une combinaison de prédispositions génétiques et de facteurs de risques environnementaux. L’hérédité, l'alimentation, l’activité physique, le tabagisme et la pollution, la consommation d’alcool influencent le risque de cancer.

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Cependant, le hasard semble aussi jouer un rôle. C'est ce que suggèrent deux scientifiques de Johns Hopkins (Baltimore). Les taux de cancers des tissus adultes varient considérablement. Par exemple, un adulte a 11 fois plus de risques de développer un cancer du poumon qu'un cancer du cerveau, et 8 fois plus qu'un cancer de l'estomac. Et les facteurs environnementaux ne peuvent pas expliquer pleinement ces variations.

Deux chercheurs américains ont voulu estimer le nombre de cancers dus à des facteurs environnementaux, à la génétique et au hasard. Pour cela, ils ont évalué le nombre de cellules souches et le nombre de divisions de ces cellules dans 31 tissus. Puis ils ont comparé ces chiffres avec le risque de cancer de ces tissus. Leur raisonnement était le suivant : à chaque division cellulaire, il existe un risque de mutation cancérogène. Les tissus qui comptent le plus grand nombre de divisions de cellules souches devraient donc être les plus touchés par le cancer. 

Résultat : pour de nombreux organes, plus il y avait de divisions cellulaires, plus le risque de cancer était élevé. 22 cancers sur les 31 étudiés semblaient essentiellemement dus au hasard des mutations lors des divisions cellulaires. Le raisonnement des chercheurs fonctionnait en particulier pour le cancer du côlon, plus courant que celui du duodénum : il y a 1012 divisions de cellules souches dans le côlon au cours de la vie, contre 1010 dans le duodénum. Les cellules souches des tissus osseux du pelvis, de la tête, des bras ont des taux de divisions parmi les plus bas, et aussi des taux de cancer parmi les plus faibles.stem cell division

Pour ces scientifiques, 65% de la variation du risque de cancer d'un type de tissu à l'autre peut s'expliquer par le nombre de divisions qui occupent les cellules souches.

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Cependant cette étude ne concernait pas tous les organes et ne portait pas sur deux cancers dont la fréquence est pourtant élevée : les cancers du sein et de la prostate. Les chercheurs ne disposaient pas de données satisfaisantes sur les taux de division cellulaires des cellules souches de ces deux types de tissus. Pour le sein, l'estimation est particulièrement complexe dans la mesure où le taux de division n'est pas linéaire dans le temps (comme c'est le cas pour le côlon par exemple).

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L'étude confirme que certains cancers, par exemple ceux du poumon, ont une composante environnementale importante, donc peuvent largement être prévenus. A l'inverse, d'autres cancers se développent par hasard.

Ces résultats suggèrent donc qu'une partie des variations des taux de cancers selon les tissus sont dus à la fréquence des divisions. Cela ne signifie bien sûr pas que l'environnement ne joue pas un rôle, mais que le hasard reste un facteur bien réel.

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Tomasetti C, Vogelstein B. Cancer etiology. Variation in cancer risk among tissues can be explained by the number of stem cell divisions. Science. 2015 Jan 2;347(6217):78-81. doi: 10.1126/science.1260825.

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