Risque plus élevé de lymphome lorsqu'on consomme trop de lait

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 16/03/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité

Les personnes qui consomment beaucoup de lait, beurre, fromage auraient un risque de lymphome non-Hodgkinien plus élevé, un cancer dont l'incidence est en hausse.

Une nouvelle étude parue dans la revue Nutrients rapporte que la consommation de produits laitiers et notamment de lait est associée à un risque modérément accru de lymphome non-Hodgkinien. Ce lien demande confirmation car il ressort d'études cas-contrôles, qui ne sont pas les plus fiables.

Le lymphome malin non hodgkinien est un cancer qui prend naissance dans les tissus lymphoïdes et les ganglions lymphatiques. Il est provoqué par la transformation et la multiplication anarchique de certaines cellules de notre système immunitaires : les lymphocytes. "Durant les dernières décennies, l’incidence et la mortalité liée à ce cancer ont augmenté. Même si les causes et les facteurs de risque de la maladie restent mal compris, des études récentes suggèrent que des facteurs alimentaires peuvent rentrer en jeu" disent les auteurs de l'article.

Lire : moins de lymphome non-hodgkinien grâce aux antioxydants du chou

Les produits laitiers constituent une partie importante de l’alimentation dans les pays occidentaux. « Plusieurs études récentes ont montré qu’une consommation excessive de produits laitiers serait associée à plusieurs maladies, comme la maladie de parkinson ou le cancer de la prostate » expliquent les auteurs. « Nous avons choisi d’étudier l’association entre produits laitiers et le risque de lymphome non-Hodgkinien car les études donnent des résultats contradictoires ».

Les auteurs ont réalisé une méta-analyse de 16 études afin de mieux comprendre l’association entre la consommation totale de produits laitiers et le lymphome non-hodgkinien. Les auteurs ont également étudié l’influence de la consommation de produits laitiers spécifiques (lait, beurre, fromage, yaourt, glace) sur le risque de lymphome.

Les résultats montrent que ceux qui consomment le plus de produits laitiers ont 20% de risque en plus de développer un lymphome que ceux qui en consomment le moins. Sur la base de 5 études (sur 16), les auteurs rapportent une relation linéaire entre la consommation de produits laitiers et le risque de lymphome non-hodgkinien : ceux qui consomment 1 500g/jour de produits laitiers auraient 42% de risque en plus de développer un lymphome que ceux qui en consomment 40g/jour.

La consommation de lait, de beurre, de glace, de fromage mais pas celle de yaourt est liée à une augmentation du risque de lymphome.

Pour chaque portion de 200 g/jour de produits laitiers et de lait, le risque de lymphome augmenterait de 5% et 6% respectivement.

Il faut cependant rester prudent. D'abord, il s'agit d'une étude d'observation ne permettant pas de conclure à une relation de cause à effet. Autre bémol à ce travail : parmi les études retenues, les études cas-contrôle trouvent une augmentation de 41% du risque de lymphome pour les gros consommateurs de produits laitiers, mais les études prospectives figurant dans cette analyse ne trouvent que 2% d'augmentation, c'est-à-dire un risque négligeable. Or les études cas-contrôles sont moins fiables que les études prospectives.

Comment expliquer cette association si elle se confirme dans d'autres études ? Les produits laitiers sont riches en protéines et en matières grasses. Des études menées sur des animaux suggèrent que des apports excessifs en protéines pourraient donner lieu à une hyperstimulation chronique du système immunitaire. Une étude a par exemple montré une augmentation du risque de lymphome après l’augmentation des apports en caséine, la principale protéine du lait. Il est également possible que certains pesticides contenus dans le lait de vache (car ayant une affinité pour les graisses) augmentent le risque de cancer.

Pour prévenir le lymphome non-hodgkinien, on conseille généralement d'éviter l'exposition aux pesticides, et de consommer des fruits et légumes en quantité (bio de préférence). Vous pourriez aussi, sur la base de cette étude éviter par précaution de surconsommer lait et fromage. LaNutrition.fr n'édicte aucun interdit alimentaire ; dans le guide La Meilleure Façon de Manger, sur la base des données scientifiques, nous recommandons simplement à ceux qui consomment des produits laitiers et les tolèrent, de ne pas consommer plus de 1, voire 2 produits laitiers par jour. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle étude vient s’ajouter à celles qui ont trouvé une association entre une consommation excessive de produits laitiers et l’augmentation du risque de certains cancers comme la prostate et les ovaires. A l'inverse une consommation élevée de calcium laitier est associée à un risque plus faible de cancer du côlon.

Pour tout savoir sur produits laitiers et cancers, lire : le lait et le cancer (réservé abonnés)

Source

Jia Wang, Xutong Li and Dongfeng Zhang. Dairy Product Consumption and Risk of Non-Hodgkin Lymphoma: A Meta-Analysis. Nutrients 2016, 8(3), 120; doi:10.3390/nu8030120

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