Cholestérol, statines : 8 ans de perdu

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 16/09/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Il aura donc fallu 8 ans pour que le scandale du cholestérol et des statines, dénoncé ici-même en 2007 par le Dr de Lorgeril, soit porté à la connaissance du public par les grands médias.  

Il aura fallu huit ans pour que, coup sur coup, deux grandes émissions télévisées (Cash Investigation, diffusée lundi 14 octobre 2015) et Enquêtes de santé (mardi 6 octobre) exposent aux Français les dessous de la guerre au cholestérol et des prescriptions de statines. Des dessous pas bien propres : un coupable idéal – le cholestérol - qui n’en est pas un, des laboratoires qui truquent des études et achètent la complicité de médecins, des médicaments – les statines – qui ne soignent rien et au contraire rendent les patients malades.

C’est en juin 2007 que le Dr Michel de Lorgeril (chercheur au CNRS, auteur de la célèbre étude de Lyon sur le régime méditerranéen), le premier, a attiré l’attention sur la vraie nature du cholestérol dans son livre « Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent, il vous soignera sans médicament. » Tout est dit dans le livre, tout ce qu’on « découvre » aujourd’hui, et je dirais même que si on n’aime pas lire, tout est dit dans le titre.  

Mais à sa parution, aucun journaliste n'a voulu en parler, à l’exception notable de Sandrine Blanchard, du Monde, qui a publié une interview de Michel le 12 juin. Là encore, tout est dit dans le titre de l’article, tout ce qui fait consensus aujourd’hui mais qui, à l’époque, est apparu comme une audacieuse transgression d'un dogme médical : « Le cholestérol ne bouche pas les artères. »

Lire l'interview parue dans Le Monde en 2007

J’ai raconté comment cette simple interview a déchaîné la fureur du lobby des statines, laboratoires, sociétés savantes et professeurs de médecine, auxquels des médias complaisants ont offert, pendant des années, et ce mois-ci encore, la tribune même qu’ils refusaient à de Lorgeril.

Lire : Le lobby du cholestérol au bord de la crise cardiaque

Aujourd’hui que le rideau tombe sur cette sinistre farce, il est temps de dresser un bilan.

  • Les sous : sauf imprévu, et compte tenu des nouvelles directives laxistes aux USA et en Grande-Bretagne, le marché des statines devrait, d’ici 5 ans, avoir rapporté depuis l’origine un milliard de milliard de dollars aux laboratoires selon les estimations de John Ioannidis. Vous avez bien lu : un milliard de milliard de dollars. Un hold-up gigantesque, qui aura plombé pour longtemps les comptes sociaux de tous les pays. 
  • La mortalité : Michel de Lorgeril a révélé dans "Cholestérol, mensonges et propagandequ’aucun des essais cliniques récents, qu’il s’agisse de prévention primaire (patients n’ayant jamais eu d’infarctus ni d’AVC) ou de prévention secondaire (les autres patients) n’a montré de bénéfice sur la mortalité. Les résultats miraculeux des années 1994-2000 (étude 4S) n’ont jamais pu être reproduits, ce qui conduit les chercheurs indépendants à penser qu’ils ont été tout simplement biaisés par les laboratoires (comme l’a été l’essai Jupiter).
  • Les effets indésirables : longtemps niés par la mafia des statines, ils sont détaillés dans le dernier livre du Dr de Lorgeril, et dorénavant au cœur de monumentales actions en justice aux Etats-Unis, avant, certainement, d’occuper aussi nos tribunaux. Ceux qui attaquent sont des patients atteints de faiblesses musculaires, de diabète, d’impuissance, peut-être de cancers : au total près de 20 troubles et maladies sont directement liés à la prise de statines.

Cet insupportable bilan aurait pu, aurait dû être évité, si l’on avait entendu les lanceurs d’alerte et si le simple bon sens avait prévalu.

Car voyez-vous, les maladies cardiovasculaires sont de simples maladies du mode de vie. Inexistantes dans les populations primitives, elles sont provoquées par une alimentation inadaptée à notre physiologie, par le stress, la pollution et l'inactivité. C'est en agissant sur ces 4 facteurs qu'on prévient un infarctus.

Rétrospectivement, il fallait bien de la naïveté pour croire qu’en faisant baisser avec des médicaments le niveau d’une molécule - le cholestérol, on allait éradiquer les maladies cardiovasculaires. Il fallait surtout que beaucoup d’argent fût en jeu.

Pour aller plus loin : les livres de Michel de Lorgeril

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