Graisses et graisses saturées : il ne faut plus en avoir peur

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 27/12/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité
C’est la fin du mythe des graisses mauvaises pour la santé.

Les graisses en générale et les graisses saturées en particulier ont été longtemps accusées de favoriser les maladies cardiovasculaires en augmentant le « mauvais » cholestérol.  Mais de plus en plus d’études mettent en doute le postulat selon lequel elles seraient mauvaises pour la santé. Et des huiles riches en graisses saturées, comme l'huile de coco sont de plus en plus conseillées par les spécialistes de nutrition pour leur résistance à la chaleur.

Une question de qualité des aliments

Des chercheurs de l’université de Bergen (Norvège) ont réalisé un essai clinique avec 46 hommes âgés de 30 à 50 ans, avec un IMC supérieur à 29. Pendant 12 semaines, ils ont suivi un régime soit riche en graisses (dont la moitié étaient saturées, avec 73 % d’énergie en graisses et 10 % en glucides) soit riche en glucides (30 % d’énergie en graisses et 53 % en glucides. Les deux régimes apportaient la même quantité d’énergie totale et 17 % en protéines. Les types d’aliments étaient les mêmes et variaient seulement en quantités ; les apports en sucre ajouté étaient minimisés. L’alimentation était riche en aliments frais, faiblement transformés et nutritifs, avec des apports élevés en légumes et riz au lieu de produits à base de farine. Les sources de graisses étaient faiblement transformées : il s’agissait de beurre, de crème, d’huiles pressées à froid.

Lire : Manger moins gras, une obsession malsaine

Les deux régimes ont réduit de manière significative le tour de taille (de 11 à 13 cm), la graisse abdominale, viscérale et le poids (11 à 12 kg). Les deux groupes ont amélioré leur profil lipidique, ils avaient moins de triglycérides dans le sang et des réductions similaires de l’insuline. Pour Ottar Nygård, un cardiologue qui a travaillé à cette étude, « Les apports très élevés en graisses totales et saturées n’ont pas augmenté le risque calculé de maladies cardiovasculaires. Les participants au régime très riche en graisses avaient des améliorations considérables dans plusieurs facteurs de risque cardiométabolique importants, comme le stockage de graisse ectopique, la pression sanguine, les lipides sanguins (triglycérides), l’insuline et le sucre sanguin. »

Cette étude suggère que le principe d’une alimentation saine repose plus dans la qualité des aliments que dans la quantité de graisses et de glucides. « Ces résultats indiquent que la plupart des gens en bonne santé tolèrent probablement bien un apport élevé en graisses saturées, tant que la qualité des graisses est bonne et que les apports énergétiques totaux ne sont pas trop élevés. » L’étude suggère aussi de limiter ses apports en produits riches en farines, graisses transformées ou en sucre ajouté.

Lire : Le guide de l'huile de coco et Je cuisine à l'huile de coco


Les acides gras saturés des oléagineux sont bons pour le cœur

Les acides gras saturés à très longue chaine améliorent lipides sanguins et marqueurs cardiovasculaires. Ils sont également associés à un risque plus faible de maladie coronarienne.

Une étude parue dans la revue Circulation rapporte une association entre la concentration plasmatique en acides gras saturés à très longue chaine que l'on trouve dans les oléagineux, et un profil favorable des lipides sanguins et des marqueurs de résistance à l’insuline. Les personnes qui ont le plus d’acides gras saturés à très longue chaine dans le plasma ont un risque plus faible de maladie coronarienne.

Lire : pour la ligne et la santé, il vaudrait mieux limiter les glucides que les graisses

Les acides gras saturés à très longue chaine proviennent essentiellement des noix et des huiles et peuvent être synthétisés dans l’organisme, ils servent de constituants essentiels des sphingolipides que l’on trouve dans les membranes cellulaires dans tout le corps.

Dans cette étude, les chercheurs ont évalué 3 acides gras à très longues chaines (C20 :0 arachidique, C22 :0 béhénique et C24 :0 lignocérique) dans le plasma et les érythrocytes de 794 personnes atteintes de maladie coronarienne, soit des femmes appartenant à la Nurses’ Health Study (NHS; 1990-2006) soit des hommes appartenant à la Health Professionals Follow-up Study (HPFS; 1994-2008). 1233 personnes en bonne santé ont servi de groupe de contrôle.

Les acides gras à très longues chaines dosés dans le plasma sont corrélés avec des profils favorables de lipides sanguins, de marqueurs de résistance à l’insuline et de marqueurs de l’inflammation. En tenant compte d’un certain nombre de facteurs (indice de masse corporelle, régime alimentaire, acides gras trans, acides gras oméga-3), les chercheurs ont déterminé que ceux qui avaient le plus d’acides gras saturés à très longue chaine dans le plasma présentaient un risque de maladie coronarienne diminué de 52 % par rapport à ceux qui en avaient le moins.

Les résultats obtenus dans cette étude fournissent de nouvelles preuves des effets bénéfiques des acides gras saturés à très longue chaine sur la santé cardiométabolique. « La concentration d’acides gras saturés C24 : 0 dans le sang a notamment été associée à une plus faible incidence de diabète » expliquent les auteurs.

Les mécanismes sous-jacents ne sont pas bien établis mais les études menées sur des modèles animaux suggèrent que ces acides gras  pourraient activement moduler le métabolisme des lipides et la sensibilité à l’insuline. Ils présentent une particularité quant à leur dégradation. « Contrairement à la plupart des acides gras qui sont oxydés dans les mitochondries, l’oxydation des acides gras saturés à très longues chaines se produit dans les peroxysomes ».

Pour en savoir plus sur les graisses et bien les choisir, lire La Meilleure Façon de Manger (lire un extrait ICI  >>)

Sources

V. L. Veum, J. Laupsa-Borge, O. Eng, E. Rostrup, T. H. Larsen, J. E. Nordrehaug, O. K. Nygard, J. V. Sagen, O. A. Gudbrandsen, S. N. Dankel, G. Mellgren. Visceral adiposity and metabolic syndrome after very high-fat and low-fat isocaloric diets: a randomized controlled trial. American Journal of Clinical Nutrition, 2016; DOI: 10.3945/%u200Bajcn.115.123463

Malik VS, Chiuve SE, Campos H, Rimm EB, Mozaffarian D, Hu FB, Sun Q. Circulating Very-Long Chain Saturated Fatty Acids and Incident Coronary Heart Disease in U.S. Men and Women. Circulation. 2015 Jun 5. pii: CIRCULATIONAHA.114.014911.

A découvrir également

Back to top