Un taux de cholestérol LDL élevé (« mauvais » cholestérol) est associé dans plusieurs études à une mortalité plus faible chez les plus âgés. Que faut-il en conclure ?
L’étude
Il existe chez l’homme (et chez l’animal), des bactéries qui dégradent le cholestérol en coprostanol, une substance non assimilée par l’organisme qui se retrouve dans les selles. Mais jusqu’ici personne n’avait caractérisé un de ces bactéries. Pour le savoir des chercheurs français ont testé les selles de différentes personnes pour sélectionner celle qui contenait le plus de coprostanol. Pourquoi ? Plus il y a de coprostanol dans les selles, plus le cholestérol a été dégradé. A partir de cette selle, ils ont isolé une centaine de bactéries qu’ils ont mis en culture dans un milieu contenant du cholestérol. Ils ont ensuite testé la capacité de chacune de ces bactéries à convertir le cholestérol en coprostanol.
Les résultats
Les chercheurs ont pu isoler une bactérie capable de dégrader le cholestérol en coprostanol. Contrairement à toutes les bactéries possédant cette activité et isolées chez l'animal, cette bactérie n'appartient pas au genre Eubacterium mais à Bacteroides. Ceci constitue une petite révolution car il était admis que seules des bactéries du genre Eubacterium possédaient cette activité. In vitro, cette bactérie commence à dégrader le cholestérol au bout de 3 jours de culture et il faut environ une semaine pour avoir une transformation complète en coprostanol.
L’entretien
Comment vous est venu l’idée d’étudier la quantité de coprostanol dans les selles pour découvrir la bactérie responsable de la dégradation du cholestérol ?
Une étude a démontré en 1930 que la flore intestinale était capable de réduire le cholestérol en coprostanol. Cette substance n’est pas assimilée par l’organisme et se retrouve donc les selles.
Pour notre étude nous avons étudié la quantité de coprostanol dans des selles. En toute logique, plus il y avait de coprostanol, plus on avait de chance d’identifier la bactérie responsable de la dégradation du cholestérol.
Vous parlez d’une action de la bactérie après 3 jours de culture et une dégradation totale du cholestérol après 7 jours. Avez vous des chiffres concret sur l’efficacité de la bactérie ?
In vitro, la bactérie dégrade le cholestérol avec une capacité de dégradation de 0,57mg/mg protéine/h. Mais cela ne signifie pas que chez l’homme on obtienne le même résultat. En effet, dans l’étude les conditions de culture se veulent optimales. Dans l’intestin des individus, une multitude de paramètres vont intervenir.
Par exemple, dans l’étude le cholestérol est en présence uniquement de cette bactérie alors que dans l’intestin le cholestérol va être soumis à l’action de milliards de bactéries, d’enzymes...
Envisagez-vous de continuer les recherches concernant cette bactérie ?
Pour le moment nous devons absolument améliorer les conditions de culture de notre bactérie. Nous envisageons ensuite de faire des études in vivo chez l'animal afin de déterminer si cette bactérie est capable de réduire le taux de cholestérol sanguin. Enfin, il nous faudra prouver que notre bactérie n'est pas dangereuse pour l'homme.
Pensez-vous que cette bactérie puisse, un jour, être utilisée dans le traitement de l’hypercholestérolémie ?
Si les études dont je viens de parler montrent son efficacité chez l'animal et son innocuité pour l'homme, on pourrait en effet imaginer donner cette bactérie par voie orale. Une autre voie consisterait à trouver les gènes ou enzymes responsables de cette activité.
Le cholestérol est indispensable à notre organisme. Dans l’hypothèse où vous trouveriez un traitement, n’y a t’il pas de risque à dégrader la totalité du cholestérol ?
Notre organisme fabrique les 2/3 du cholestérol de notre organisme. Les 1/3 restant sont apportés par l’alimentation. C'est sur cette fraction apportées par l'alimentation que notre bactérie pourrait intervenir, la bactérie ne dégradant que le cholestérol présent dans l'intestin.
De plus, si nous parvenions à trouver un traitement il s’adresserait uniquement à des personnes présentant des excès de cholestérol.