Comment le fructose fait manger plus

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 18/12/2014 Mis à jour le 10/03/2017

Le fructose ajouté aux aliments favorise l’envie de manger et serait une cause du surpoids et de l’obésité

Selon des résultats présentés au congrès annuel de l’American College of Neuropsychopharmacology, la réponse du cerveau face à des stimuli alimentaires est différente en fonction du sucre –glucose ou fructose - que l’on mange. L’étude suggère que le fructose provoque une activation plus importante que le glucose d’une zone du cerveau liée à la récompense, ce qui augmente l’envie de manger.

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Actuellement, aux Etats-Unis, deux adultes sur trois sont en surpoids et un sur trois est obèse. Les changements dans le mode de vie et dans les apports alimentaires pendant les dernières décennies sont les principaux coupables et à ce titre l’augmentation de la consommation de fructose est particulièrement préoccupante.

Le fructose est le sucre que l’on trouve dans les fruits et dans le miel à l’état naturel. Sous cette forme, il ne pose pas de problème à l’organisme. Mais il est utilisé par l'industrie pour sucrer de nombreux aliments, pur ou associé à du glucose (sirop de glucose-fructose, sirop de maïs à haute teneur en fructose). On le trouve dans de nombreuses boissons sucrées. Il a remplacé peu à peu le sucre « normal » - le saccharose composé d’une molécule de glucose et d’une molécule de fructose- en raison de son plus grand pouvoir sucrant pour un coût inférieur.

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Ce fructose ajouté est métabolisé dans le foie. Il induit une résistance à l'insuline, un stress oxydant et une infiltration graisseuse du foie (stéatose hépatique non alcoolique), trois événements qui peuvent conduire au surpoids, à l'augmentation du sucre sanguin (glycémie) et au diabète. 

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Quant au glucose, principale source d’énergie pour le corps, il est issu de l’hydrolyse de sucres « complexes », comme l’amidon par exemple.

L’ingestion de fructose provoque de plus petites augmentations d’hormones de la satiété que l’ingestion de glucose. Chez les rongeurs, l’administration du fructose directement dans le cerveau augmente la prise alimentaire alors que le glucose administré de cette façon favorise la satiété. Des études préliminaires ont montré en effet que le glucose réduit l’activité de l’hypothalamus, un phénomène associé à la satiété métabolique alors que le fructose n’a pas cet effet.

En utilisant l’imagerie par résonance magnétique (IRM) fonctionnelle, des chercheurs ont étudié la réponse du cerveau et la motivation à manger chez 24 volontaires âgés de 16 à 25 ans qui, après avoir bu une boisson contenant soit du glucose soit du fructose, ont visualisé des images de nourriture (gâteau au chocolat par exemple).

Les signaux alimentaires produisent une activation dans le noyau accumbens, une zone du cerveau qui joue un rôle central dans le circuit de la récompense, et augmente le désir de manger. Les résultats montrent que l’activation de cette zone du cerveau était plus importante après avoir bu la boisson au fructose qu’après avoir bu la boisson au glucose. La boisson au fructose a également provoqué une plus grande impression de faim et de motivation à manger que la boisson au glucose. Ces réponses neuronales et comportementales aux stimuli alimentaires riches en calories (les images d’aliments) pourraient favoriser le fait de manger et plus encore après la consommation de fructose que de glucose.

Les résultats de cette étude suggèrent que le fructose ajouté dans les aliments industriels pourrait favoriser la suralimentation, à l’origine de l’épidémie de surpoids et d’obésité.

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Source

Brain reward circuits respond differently to 2 kinds of sugar, American College of Neuropsychopharmacology

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