Diabète:le contrôle strict de la glycémie ne réduit pas les complications

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 09/09/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Pas de preuves qu'en réduisant strictement le sucre sanguin les diabétiques connaissent moins de complications.

Le contrôle de la glycémie est l'un des objectifs principaux du traitement médicamenteux du diabète. Mais ceux qui réduisent ainsi leur sucre sanguin et leur hémoglobine glyquée ont-ils moins de complications ?

D’après une revue de littérature, il existe peu de preuves montrant que le contrôle strict de la glycémie réduit le risque de complications.

Des chercheurs de la clinique Mayo aux Etats-Unis ont analysé 16 recommandations officielles, 328 articles et 11 méta-analyses publiées entre 2009 et 2014, ainsi que cinq essais contrôlés randomisés.

Dans l’ensemble, ils ont trouvé qu’il n’y avait pas de bénéfice significatif à suivre de manière stricte la glycémie pour réduire le risque de dialyse, de transplantation rénale, de décès lié à une maladie rénale, de cécité ou de neuropathie. Il n’y avait pas non plus de preuves d’un effet sur la mortalité toutes causes confondues, la mortalité cardiovasculaire, l’AVC ; cependant le contrôle strict de la glycémie était associé à une réduction de 15 % du risque d’infarctus du myocarde non-fatal.

Pourtant il existe un consensus sur le suivi de la glycémie des patients diabétiques de type 2. Pour Victor Montori, un des auteurs de ces travaux, les résultats obtenus sur le diabète de type 1 ont été extrapolés au diabète de type 2, en raison du manque de preuves. Il se demande donc : « Est-il utile de poursuivre l'amélioration de la santé des personnes atteintes de diabète exclusivement avec des interventions qui réduisent les sucres, ou devrions-nous élargir notre approche, la recherche de nouvelles façons de prévenir les complications du diabète au-delà du contrôle de la glycémie ? »

L'avis de LaNutrition.fr. Ce travail suggère que la prise en charge du diabète doit aussi se focaliser sur d'autres événements comme le niveau d'insuline, et les perturbations à l'origine de la maladie, à commencer par le taux de graisses dans le foie et le pancréas, qui ne peut être significativement abaissé que par un régime alimentaire associé à l'exercice physique. Comme pour le cholestérol, le pilotage de l'état du patient via les seuls marqueurs biologiques donne des résultats décevants.

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