Une baisse même modérée des glucides diminuerait le risque de diabète.

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 09/01/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Un régime pauvre en glucides (low-carb) est plus efficace qu'un régime pauvre en graisses pour prévenir le risque de diabète de type 2. Il modifie le métabolisme du glucose et diminue la graisse intra-abdominale.

Une nouvelle étude parue dans le Journal of Nutrition montre qu’une réduction modeste de l’apport en glucides a des effets bénéfiques sur la composition corporelle, la distribution des graisses et le métabolisme du glucose, permettant ainsi de diminuer le risque de diabète de type 2 chez les personnes les plus exposées.

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L’obésité, et particulièrement l’adiposité intra-abdominale, est associée à la résistance à l’insuline qui, avec le dysfonctionnement des cellules spécialisées du pancréas qui fabriquent cette hormone (cellules β), contribue au développement du diabète de type 2. La consommation en quantités élevées de glucides transformés est un facteur majeur de l’obésité et des troubles métaboliques.

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La consommation de glucides transformés entraîne une augmentation de la sécrétion d’insuline par le pancréas. Cette augmentation favorise l'utilisation du glucose comme source d'énergie au détriment des graisses corporelles. Elle entraîne aussi la synthèse de graisses à partir du glucose (lipogénèse) et leur stockage, tout en conduisant à une résistance à l’insuline, à l’inflammation et au stress oxydant. « En revanche, écrivent les auteurs, lorsque les glucides alimentaires sont diminués et que l’insuline baisse, les processus métaboliques sont modifiées et favorise l’oxydation des graisses au détriment de leur stockage ».

L’impact des glucides alimentaires sur le métabolisme diffère en fonction des personnes. Les personnes qui sont plus sensibles à l’insuline ou qui secrètent une plus grande quantité d’insuline en réponse à l’ingestion de glucose semblent être plus sensibles aux effets des glucides alimentaires sur les dépôts graisseux. Ainsi, pour la même quantité de glucose avalée, les Afro-américains ont tendance à sécréter plus d’insuline que les Américains d’origine européenne.

Dans cet article, les chercheurs analysent les résultats de deux études qui comparent les régimes plus pauvres en glucides aux régimes plus pauvres en graisses dans des populations à risque élevé de diabète.

Un régime pauvre en glucides : le nouveau régime Atkins

La première étude concerne 69 personnes (hommes et femmes) en surpoids ou obèses, non-diabétiques dont 47% sont afro-américains et 53% sont américains d’origine européenne. Ils ont suivi soit un régime pauvre en graisses (55%, 18% et 27% de glucides, protéines et graisses respectivement) soit un régime pauvre en glucides (43%, 18% et 39% glucides, protéines, graisses respectivement). Pendant 8 semaines, le régime apportait le même nombre de calories que celui qui était dépensé quotidiennement, et les 8 semaines suivantes, l’apport calorique a été diminué de 1000 kcal/jour.

Après les 8 premières semaines d’intervention, ceux qui ont suivi le régime pauvre en glucides ont perdu plus de graisse intra-abdominale (11%) que ceux qui ont suivi le régime pauvre en lipides. Après le régime hypocalorique et la perte de poids, ceux qui ont suivi le régime pauvre en glucides ont 4,4% de masse grasse en moins que ceux qui ont suivi l’autre régime. Après les 16 semaines d’intervention, les Afro-américains ont perdu plus de masse grasse avec le régime pauvre en glucides qu’avec le régime faible en graisses (6,2 kg et 2,9 kg respectivement) alors que pour les Américains d’origine européenne il n’y avait pas de différence entre les 2 régimes.

La 2ème étude portait sur 30 femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques, caractérisé par une résistance à l’insuline. Elles ont également été soumises à deux régimes différents : un pauvre en glucides, l’autre pauvre en graisses.

Chez ces femmes, le régime pauvre en glucides permet de diminuer la glycémie à jeun, l’insulinémie à jeûn et d’augmenter significativement la sensibilité à l’insuline. Aucune modification de ces facteurs n’a été observée avec le régime pauvre en graisses. Alors qu’avec le régime pauvre en glucides, les femmes ont perdu de la graisse intra-abdominale et de la graisse intermusculaire, avec le régime pauvre en matières grasses, elles ont perdu de la masse maigre, c'est-à-dire des muscles.

Ces deux études montrent qu’une diminution modérée des apports en glucides alimentaires peut améliorer le métabolisme du glucose et la composition corporelle chez les personnes à risque élevé de développer un diabète de type 2.

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« Malgré les avantages d’une réduction ou d’une restriction des glucides alimentaires sur la santé, celles-ci ne sont pas encore recommandées pour le traitement ou la prévention du diabète par les associations de médecins et les institutions officielles » déplorent les auteurs dans leur article.

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Source

Gower BA, Goss AM. A lower-carbohydrate, higher-fat diet reduces abdominal and intermuscular fat and increases insulin sensitivity in adults at risk of type 2 diabetes. J Nutr. 2015 Jan;145(1):177S-83S. doi: 10.3945/jn.114.195065. Epub 2014 Dec 3.

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