Les sucres ajoutés, une mauvaise nouvelle pour le cœur et les artères

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 14/11/2016 Mis à jour le 11/12/2017
Actualité

Pour prévenir l'infarctus et l'AVC, il faudrait d'abord manger moins de sucre.

On a cru longtemps que les graisses saturées dans l'alimentation sont les principales responsables des maladies cardiovasculaires; et il est possible qu'à dose élevée, certains acides gras saturés soient néfastes. Cependant, de nombreuses études récentes suggèrent que le sucre est au moins aussi préoccupant que les graisses saturées. Le saccharose est le sucre de table blanc, présent naturellement dans les végétaux, et en particulier dans la betterave sucrière et la canne à sucre, composé de glucose et de fructose. Saccharose et fructose sont tous deux ajoutés aux aliments par l’industrie agroalimentaire. Récemment il a été montré que l’industrie du sucre avait payé des chercheurs pour qu’ils fassent reposer le risque de maladies cardiovasculaires sur les graisses. Le sucre est-il alors le vrai coupable ? 

Lire : Comment l'industrie du sucre a façonné les reccommandations nutritionnelles officielles 

Saccharose et maladies coronariennes

Une étude de l’université de Lund en Suède s’est intéressée au saccharose naturellement présent dans les fruits et légumes, mais dont la consommation humaine provient majoritairement de sucre ajouté. A côté des boissons sucrées, des gâteaux et bonbons, le saccharose se trouve dans de nombreux autres aliments transformés, comme les produits laitiers, le pain ou la confiture.

Lire : 90 % des sucres ajoutés viennent d'aliments ultra-transformés 

Selon les recommandations nutritionnelles suédoises, il faut consommer au maximum 10% de ses apports énergétiques sous forme de sucre ajouté. Les chercheurs ont utilisé les données d'une vaste étude de population, la Malmö Diet and Cancer Cohort Study. Le suivi a duré en moyenne 17 ans, avec un total de 26190 participants qui n’avaient pas de diabète ou de maladie cardiovasculaire connue. Résultats : les participants qui consommaient plus de 15 % de leur apport énergétique en sucre avaient 37% de risque en plus d’avoir un événement coronarien que ceux qui consommaient moins de 5 % de sucre. 

Notez que l'étude n’établit pas un lien de cause à effet entre le saccharose et la maladie coronarienne mais seulement une association.

Boissons sucrées et risque cardiovasculaire

Une autre étude parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition montre que des boissons sucrées qui contiennent des sucres ajoutés - sous forme de sirop de maïs à haute teneur en fructose - en quantité faible, moyenne ou élevée augmentent significativement les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, même lorsqu’elles sont consommées pendant seulement 2 semaines par des jeunes adultes en bonne santé. C’est la première étude à montrer que cette relation est dose-dépendante, c’est-à-dire que plus on consomme de sucres ajoutés présents dans les boissons sucrées, plus le risque cardiovasculaire augmente.

Le fructose ajouté est utilisé par l'industrie pour sucrer de nombreux aliments, pur ou associé à du glucose (sirop de glucose-fructose, sirop de maïs à haute teneur en fructose). Grâce à son pouvoir sucrant élevé, il a peu à peu remplacé le saccharose, notamment dans les boissons sucrées. Mais ses effets néfastes sur l'organisme sont de plus en plus pointés du doigt : infiltration graisseuse du foie, surpoids, augmentation du risque de diabète de type 2 et de maladie cardiovasculaire...

Lire : le sirop de glucose-fructose serait plus toxique que le sucre blanc

Dans cette étude, les 85 participants – des hommes et des femmes âgés de 18 à 40 ans  ont été répartis en 4 groupes. Durant les 15 jours de l’étude, ils ont bu des boissons sucrées contenant du sirop de maïs à haute teneur en fructose dans différentes proportions : 0 %, 10 %, 17,5 % et 25 % de leurs besoins énergétiques quotidien. Le groupe de contrôle (0 % de fructose ajouté) a consommé une boisson sucrée à l’aspartame. 

Les résultats montrent que ces facteurs de risque augmentent lorsque la dose de sirop de maïs à haute teneur en fructose augmente. Même les participants du groupe 10% - le groupe ayant consommé le moins de sucres ajoutés - présentent une augmentation de leur cholestérol-LDL et de leurs triglycérides entre le début et la fin de l’étude. Cette étude qui n’a duré que 2 semaines montre à quel point une consommation excessive de sucres peut induire des dérèglements métaboliques rapidement.

Lire : le fructose ajouté transforme le foie des enfants en "foie gras"

Mortalité cardiovasculaire multipliée par 3 ?

Des données recueillies par James DiNicolantonio et James O'Keefe suggèrent qu'un régime alimentaire dont plus de 25% de calories proviennent de sucres ajoutés est associé à un risque de mortalité cardiovasculaire multiplié par 3, par rapport à un régime dont moins de 10% de calories viennent des sucres ajoutés. Selon les auteurs, l'élévation de la glycémie qui accompagne une consommation élevée de sucre entraîne une hyperinsulinémie. C'est elle qui serait particulièrement dangereuse pour le coeur. 

Dans l'étude de Whitehall, une étude prospective incluant 18403 patients, la glycémie après un test de tolérance au glucose de 2 heures était liée à la mortalité coronarienne 7,5 ans. Chez les non-diabétiques, une glycémie à 96 mg / dL ou plus était associée à un risque de mortalité par maladie coronarienne mumltiplié par 2. Ce lien a été retrouvé dans d'autres études. Sachant que le sucre raffiné, augmente les taux sériques d'insuline y compris lorsqu'on le compare à l'amidon des céréales raffinées, cela laisse penser que la surconsommation de sucres ajoutés (saccharose ou sirop de maïs à haute teneur en fructose) peut entraîner un risque accru de maladie coronarienne en raison de l'augmentation des taux d'insuline. Les études chez l'animal laissent aussi penser que les sucres ajoutés dégradent plus la résistance à l'insuline que les céréales raffinées et le glucose pur. 

Or, disent les auteurs de cet article, "tout facteur alimentaire qui aggrave la tolérance au glucose et favorise la résistance à l'insuline augmente aussi certainement le risque d'infarctus, de maladie coronarienne et de mortalité cardiovasculaire". Les études d'intervention montre qu'il suffit de suivre un régime riche en sucre pendant 3 semaines pour voir des effets indésirables sur la santé cardiovasculaire chez environ un tiers des participants.

En pratique

Une étude a trouvé que 73% des victimes d'un infarctus du myocarde avaient une intolérance au glucose, ce qui signe un problème avec l'insuline (hyperinsulinémie, résistance à l'insuline). Dans cette étude, la moitié des victimes étaient diabétiques. Il est donc possible que l'infarctus soit, chez une partie importante de ceux qui en sont victimes, la manifestation d'un trouble lié à l'insuline et à la gestion du sucre sanguin. Les traditionnels facteurs de risque que sont l'hyperglycémie, le cholestérol et les triglycérides élevés pourraient dans de nombreux cas n'être qu'une manifestation d'un régime alimentaire trop riche en sucre, puisque le sucre ajouté est plus néfaste que les graisses et les amidons à index glycémique élevé sur le niveau d'insuline. Pour se mettre à l'abri, il faudrait commencer par avaler peu de sucre. Une étude conduite par le Dr Robert Lustig a trouvé qu'il suffit de quelques jours d'un régime pauvre en sucre pour voir de nombreux facteurs de risque s'améliorer. Pour en savoir plus sur le rôle du sucre, du fructose et les moyens de s'en affranchir, lisez "Sucre, l'amère vérité" du Dr Robert Lustig.

Sources

Warfa K, Drake I, Wallström P, Engström G, Sonestedt E. Association between sucrose intake and acute coronary event risk and effect modification by lifestyle factors: Malmö Diet and Cancer Cohort Study. Br J Nutr. 2016 Nov;116(9):1611-1620.

Stanhope KL, Medici V, Bremer AA, Lee V, Lam HD, Nunez MV, Chen GX, Keim NL, Havel PJ. A dose-response study of consuming high-fructose corn syrup-sweetened beverages on lipid/lipoprotein risk factors for cardiovascular disease in young adults. Am J Clin Nutr. 2015 Apr 22. pii: ajcn100461.

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