Un médicament inefficace coûte plus de 300 millions d’euros par an à l’Assurance-maladie

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 16/10/2015 Mis à jour le 10/03/2017
En 2014, le Crestor, un anticholestérol censé prévenir l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral, a coûté 322 millions d’euros à la collectivité. Bénéfice probable pour les patients : zéro.

Le Crestor (rosuvastatine), du laboratoire AstraZeneca, est le plus vendu d’une classe de médicaments, les statines, prises par près de 7 millions de Français. La particularité de ce médicament, prescrit en prévention des maladies cardiovasculaires, est qu’il n’a jamais réellement fait la preuve de son efficacité.

Le Crestor a fait l’objet de 4 essais cliniques : JUPITER, CORONA, GISSI-HF et AURORA.

Les trois essais CORONA, GISSI-HF et AURORA n’ont montré aucun bénéfice sur la mortalité par rapport au placebo.

Les auteurs de l’essai JUPITER, publié en 2008 ont assuré que le Crestor diminue la mortalité chez des patients à risque cardiovasculaire modéré.

Mais le Dr Michel de Lorgeril (CNRS) avec d'autres chercheurs dont le Pr John Abramson (Harvard) ont réanalysé les données dans un article retentissant publié en 2010 dans Archives of Internal Medicine, et pointé les incohérences des résultats de JUPITER.

Conclusion : l’essai a été biaisé car arrêté prématurément. « JUPITER est totalement négatif sur le plan de la mortalité, explique Michel de Lorgeril, même si les auteurs de l’étude et le laboratoire qui l’a financée ont tenté de faire croire le contraire. »

Au final, donc, aucun essai clinique n’a trouvé de bénéfice au Crestor. « Faute de la moindre donnée scientifique justifiant sa commercialisation, le Crestor devrait être retiré du marché », dit Michel de Lorgeril, qui pointe également le risque élevé de diabète pour les patients, un risque que les auteurs de l’étude ont cherché par tous les moyens à minimiser.  

Le dixième médicament le plus prescrit en 2014 en France s'appelle Inegy. C'est un mélange de simvastatine (Zocor) et d'ézétimibe (Ezetrol). Il a coûté à la collectivité plus de 173 millions d'euros l'an dernier. Lui aussi a été testé cliniquement dans une étude appelée ENHANCE. Or cette étude est un fiasco : le médicament n'a montré aucun bénéfice, son seul intérêt aux yeux des autorités sanitaires qui ont approuvé sa commercialisation, étant de faire baisser le cholestérol !

Lire : Dr Michel de Lorgeril : "Avec les statines, il n'y a pas de bénéfices, rien que des risques"

Selon les chiffres publiés jeudi 15 octobre par l’Assurance maladie, les dépenses de médicaments en France  se sont élevées à 23 milliards d’euros en 2014, soit 845 millions d’euros de plus qu’un an plus tôt.

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