2002-2008 : la saga du traitement hormonal de la ménopause

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 13/02/2008 Mis à jour le 10/03/2017
L'essentiel

Retour sur les études inquiétantes qui ont conduit de nombreuses femmes ménopausées à abandonner un traitement hormonal substitutif (THS ou THM) ou à ne jamais l’initier, et sur les données récentes, plus favorables.

L’usage du traitement hormonal de la ménopause (THM ou THS) s’est largement répandu dans les pays développés tout au long des années 1990. En 2000, on estimait ainsi que 20 millions de femmes ménopausées dans le monde suivaient un tel traitement. Les médecins le proposaient quasi-systématiquement aux femmes qui ressentaient les symptômes de la ménopause. Le rapport bénéfice/risque, assurait-on alors, était largement favorable. En France, sur les dix millions de femmes ménopausées, deux à trois millions suivaient un THS.

2002 : L’étude WHI

En juillet 2002, les initiateurs de la grande étude américaine WHI (Women’s Health Initiative study) qui suivait plus de 27 500 femmes, annoncent brutalement l’interruption de cette étude d’intervention dans laquelle 16 800 volontaires recevaient soit une combinaison d’estrogènes équins et de progestérone de synthèse, soit un placebo.

Dans le groupe traité, on relève de manière surprenante plus d’infarctus et d’accidents vasculaires cérébraux que dans le groupe placebo. Le risque de maladie coronarienne est même augmenté de 81 % la première année. On dénombre aussi plus de risque de cancer chez les femmes qui ont pris le THS : 26 % pour le cancer du sein, et selon les toutes dernières publications, 58 % pour le cancer des ovaires.

L’étude WHI n’apporte pas que des mauvaises nouvelles : le risque de cancer du côlon baisse de 37 %, celui de l’endomètre de 20 % environ, celui des fractures de la hanche d’un tiers.

2003 : L’étude MWS

Plus d’un million de femmes âgées de 50 à 64 ans ont participé à cette enquête épidémiologique baptisée Million Women Study (MWS) qui a duré 5 ans. Que conclut-elle ? Que les femmes qui utilisent estrogènes et progestérone ont en moyenne deux fois plus de risque d’avoir un cancer du sein que celles qui n’ont jamais pris d’hormones. Le risque est ramené à 30 % pour les utilisatrices d’estrogènes seuls. Plus le traitement est long, plus le risque est élevé. Cette augmentation correspondrait à 5 cancers supplémentaires pour 1 000 femmes traitées 5 ans avec les estrogènes seuls, et 19 cas supplémentaires avec estrogènes et progestatifs. Selon les chercheurs qui ont conduit cette étude, le traitement hormonal substitutif de la ménopause serait directement responsable de 20 000 décès par cancer du sein depuis 10 ans.

2003 : l’étude WHI, la suite

L’étude WHI indique que le risque de maladie d'Alzheimer augmente chez les femmes de plus de 65 ans sous THS.

2003 : l’étude ESTHER

Cette étude française rapporte que, les estrogènes naturels administrés par voie cutanée (gel, patch) comme c'est le plus souvent le cas en France, n’augmentent pas le risque de thrombo-embolie veineuse.

2003 : les femmes abandonnent le THS

Selon une étude néo-zélandaise, publiée dans le British Medical Journal en octobre 2003, près de 60 % des femmes ménopausées qui suivaient un traitement hormonal substitutif (THS) l’ont abandonné entre l’été 2002 et le début 2003. La désaffection toucherait même 75 % des utilisatrices selon un récent sondage canadien commandé par le laboratoire pharmaceutique Eli Lilly. En France, un sondage réalisé pour l’Association française pour l’étude de la ménopause (Afem) montre que les femmes sont deux fois plus nombreuses qu’il y a deux ans à arrêter leur traitement. 32 % des femmes qui prenaient un THS avaient arrêté leur traitement dès juillet 2003. Cette tendance s'est poursuivie dans les années qui ont suivi.

2004 : Toujours WHI

Le traitement par « estrogènes seuls » de l'étude WHI est arrêté prématurément à cause d’une augmentation du risque d'accident vasculaire cérébral avec les estrogènes alors que le risque de cancer du sein est diminué de manière non significative. Les femmes qui participaient à cet essai avaient été hystérectomisées : il n’était donc pas nécessaire de leur donner aussi un progestatif.

2005 : L’étude E3N

L'étude française E3N suggère que le risque de cancer du sein dépend du type de THS. Les estrogènes et la progestérone bio-mimétiques n’augmentent pas ce risque.

2006 : L’étude des Infirmières

En janvier 2006, Harvard publie les résultats de sa célèbre « Nurses' Health Study » ou étude des infirmières. Ils montrent que le risque cardiovasculaire est diminué si le THS est initié au début de leur ménopause. Des données issues de l’étude WHI le confirment.

2007/2008 : L’étude MISSION

Cette étude française d’observation conclut que le THS pratiqué en France n’augmente pas le risque de cancer du sein par rapport aux femmes non traitées. En particulier on n'observe pas de différence d'incidence des cancers du sein selon que les estrogènes sont donnés par voie orale ou voie cutanée ou selon le type de progestatif utilisé (progestérone, assimilé, ou dérivé prégnane ou nor-prégnane). Dans cette étude, aucune différence de risque de cancer du sein n'a été observée entre les femmes qui ont été traitées par un progestatif entre l'âge de 40 ans et la ménopause et les femmes non traitées.

A l’été 2007, l'Institut Curie a publié des résultats montrant que le cancer du sein sous THS était de meilleur pronostic.

Où en sommes-nous en 2008 ?

On peut penser que le risque de cancer du sein est très faible avec un THS à la française. Ce THS pourrait apporter aussi des bénéfices cardiovasculaires.

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