Les hormones mâles, un espoir pour la ménopause

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 02/05/2006 Mis à jour le 10/03/2017
Point de vue

Vous connaissiez la DHEA, découvrez la testostérone ! Tel est le message délivré par une étude récente, qui suggère que le risque de cancer du sein lié au traitement hormonal de la ménopause peut être sérieusement diminué lorsque les femmes prennent aussi l’hormone mâle.

Il y a quelques années, les Instituts Nationaux de la Santé des Etats-Unis interrompaient brutalement la Women’s Health Initiative Study (WHI), une étude auprès de 16 608 femmes conçue pour évaluer les bénéfices par rapport à un placebo d’une combinaison d’hormones femelles (traitement hormonal substitutif ou THS) sur la santé cardiovasculaire et le risque de cancer. Par rapport à celles qui recevaient un placebo, les femmes sous THS avaient connu 29% d’infarctus, 41% d’accidents vasculaires cérébraux, mais aussi 26% de cancers du sein en plus. La publication de ces résultats s’est accompagnée aux Etats-Unis et au Canada d’une baisse nette des prescriptions d’hormones femelles chez les femmes ménopausées.

Hormones mâles sous-employées

Les critiques de l’étude WHI et plus généralement du traitement hormonal substitutif n’ont pas manqué. L’une d’elles porte sur le type même d’hormones proposé aux femmes au moment de la ménopause. Alors que la plupart des hormones sont basses ou effondrées à cette époque de la vie, les laboratoires et les médecins ont jusqu’ici privilégié les seules hormones femelles, estrogènes et progestérone. Lorsque je les ai interrogés l’an dernier à ce sujet, les Dr Thierry Hertoghe (Bruxelles, Belgique) et Etienne-Emile Baulieu (Paris) m’ont clairement dit qu’ils pensaient que les hormones mâles (DHEA et testostérone) sont « sous-utilisés » dans le THS.

Un espoir nommé testostérone

Une étude australienne préliminaire présentée le 19 juin au 85ème congrès de la Société d’endocrinologie des Etats-Unis à Philadelphie (Pennsylvanie) apporte de l’eau à leur moulin. Le Dr Robert Jones (Memorial Medical Center, North Adelaide, Australie) a suivi 511 femmes ménopausées qui ont reçu pendant 3 à 8 ans un peu de testostérone (hormone mâle) en sus du traitement substitutif traditionnel à base d’hormones femelles.

Résultat : chez ces femmes, le taux de cancer du sein s’est révélé identique à celui de la population générale non traitée (240 pour 100.000 personnes/an), c’est-à-dire sensiblement plus bas que chez les femmes ménopausées qui reçoivent les seules hormones femelles (400 pour 100.000 personnes/an). Selon le Dr Glenn Braunstein (Cedars-Sinai Medical Center, Los Angeles, Californie), qui commentait ces résultats prometteurs, «des études in vitro ont déjà montré que des souches de cellules cancéreuses du sein sont stimulées par les estrogènes, mais que cette stimulation est bloquée lorsqu’on ajoute des androgènes.»

Un tournant dans le THS

La testostérone et la DHEA peuvent être prescrites par les médecins français aux femmes qui en font la demande, en sus des hormones femelles, mais il faut bien sûr souligner que les résultats que je viens de rapporter sont encore préliminaires. Surtout, les spécialistes conseillent de faire pratiquer des dosages hormonaux avant et pendant le traitement. Or c’est une pratique qui n’est pas répandue chez les médecins français.

En tous cas, dans l’attente d’études de confirmation, on assiste peut-être à un tournant dans le traitement hormonal des troubles de la ménopause, avec à l’avenir une prise en charge plus globale des déficits hormonaux, pas seulement limitée aux seules hormones femelles pour une meilleure qualité de vie et un risque plus faible…

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