Ménopause : Le traitement du futur : sur mesure

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 05/04/2006 Mis à jour le 10/03/2017
Après la polémique autour du traitement hormonal substitutif, comment choisir son traitement lors de la ménopause ? Et si l'avenir de la ménopause se situait dans le traitement sur mesure ?

Vers un traitement sur mesure

Les remous suscités par les études anglo-saxonnes pourraient accélérer la transition vers une prise en charge personnalisée des troubles de la ménopause, comme la défend Morris Notelowitz. " Toutes les femmes ménopausées, dit-il, subissent les mêmes changements physiologiques en passant de la pré-ménopause à la ménopause, mais leur réponse biologique - et donc leurs besoins hormonaux - varient. Le moment est venu de leur proposer du sur-mesure. " Les médecins français se sont engagés dans cette démarche, mais elle relève encore largement de l'empirisme : le traitement hormonal et les doses sont adaptés aux signes cliniques et aux symptômes décrits par les patientes. Une telle interprétation est délicate : mal ajustées, les hormones peuvent aggraver les plaintes existantes ou en révéler de nouvelles. Comme un grand nombre de femmes ne répond pas aux doses standard, les médecins réagissent généralement en augmentant les dosages. D'où le taux élevé de femmes qui abandonnent le THS en cours de route. " Les femmes, soutient Mahrla Ahlgrimm, méritent mieux que cette expérimentation grandeur nature. Il est crucial de connaître le niveau de ses hormones avant de prendre un traitement ". Il est tout aussi crucial de les mesurer en cours de traitement, ajoute le Dr Notelovitz, " afin de savoir si nous donnons trop, trop peu, ou bien la quantité optimale. "
La plupart des praticiens interrogés jugent encore les dosages hormonaux " inutiles " puisque " de toute façon les femmes ménopausées ne synthétisent plus d'hormones féminines. " Pourtant, les dosages sanguins ou salivaires pratiqués chez des femmes d'une cinquantaine d'années qui ont pourtant des symptômes proches font apparaître d'étonnantes différences individuelles dans les taux d'estradiol et de progestérone. " Ces analyses montrent bien que chaque femme est unique sur le plan hormonal. Elles permettent de donner à chaque patiente les doses dont elle a besoin, ni plus, ni moins," indique le Dr Ahlgrimm. Verra-t-on demain les médecins européens proposer de telles analyses à leurs patientes ? Pas sûr. S'il reconnaît que la question du dosage hormonal pourrait refaire surface, le Pr Rosenberg juge son interprétation pas toujours simple. Et surtout sa mise en œuvre coûteuse dans un contexte international de maîtrise des coûts de santé.

Faut-il aussi proposer des hormones mâles ?

Les hormones femelles ne sont pas seules à décliner à l'approche de la ménopause. C'est aussi le cas des hormones mâles : DHEA, androstènedione et testostérone. La DHEA joue un rôle dans l'humeur, la qualité de la peau, la libido. La testostérone soutient, elle-aussi la libido. En fait, les femmes, qu'elles soient ménopausées ou pas, produisent plus d'hormones mâles que d'hormones femelles. Pourtant, ces deux substances sont rarement proposées par le médecin. Principale raison : le manque de recul. " Je suis inquiet de voir des médecins complémenter le THS avec d'autres hormones, dit le Pr Rosenberg. Quand on voit les problèmes soulevés par une étude rigoureuse sur 16 000 personnes, vous imaginez les incertitudes et les risques posés par des traitements qui n'ont jamais été évalués rigoureusement. " Mais Morris Notelovitz comme Etienne-Emile Baulieu pensent que les androgènes sont " sous-utilisés " dans le THS. " Je ne vois pas pourquoi, dit le Pr Baulieu, les femmes qui se plaignent de mélancolie, de dépression, ne recevraient pas de DHEA si leur taux est trop bas. "

Booster la libido avec un patch à la testostérone ?

Selon une étude américaine, les patchs de testostérone permettraient de pallier à l’un des inconvénients de la ménopause : la baisse de la libido.

550 femmes ménopausées âgées de 54 ans en moyenne se plaignant de ne plus prendre de plaisir dans leur vie sexuelle ont testé la formule.

Verdict : 4 fois plus de rapports mais aussi plus de plaisir, plus d’orgasmes et une meilleur image d’elles-même. Si l’utilisation de ces patchs n’est pas encore approuvée par la Food and Drug Administration, ils font déjà figure de Viagra féminin aux Etats-Unis.

(20/10/04)


En pratique, quels médicaments faut-il prendre ?


Les femmes ménopausées et celles qui le deviennent chaque année (400 000 en France) doivent prendre une décision personnelle, délicate, éclairée par les avis précautionneux de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (lire encadré) et le conseil de praticiens rendus aujourd’hui à une grande prudence, d’autant qu’ils disposent avec les isoflavones de soja, la phytothérapie (Cimicifuga racemosa) et pour l’ostéoporose, les bisphosphonates, le raloxifène, le bicarbonate de potassium et la vitamine D, d’alternatives crédibles. (lire dossier "Les traitement naturels de la ménopause")
Le THS devrait voir ses indications se rétrécir aux plaintes traditionnelles de la ménopause, où il conserve son intérêt et paraît sûr pour des périodes courtes. Oui mais sous quelle forme ? L'association estrogènes équins-médroxyprogestérone donnée dans la Women's Health Initiative Study a du plomb dans l'aile. En pratique, pour minimiser les risques de cancer du sein et de troubles vasculaires, les spécialistes préconisent dans leur majorité des molécules naturelles " celles que le corps a toujours vues ". Côté estrogènes, le 17 bêta-estradiol ; côté progestérone, la forme naturelle (sauf cas particuliers, saignements utérins par exemple). Les estrogènes seront donnés par voie transcutanée (sauf si le " bon " cholestérol HDL est bas), et la progestérone par voie orale, vaginale ou cutanée. Enfin, dans les ovarectomies, il semble judicieux de prescrire aussi des androgènes (DHEA, testostérone).

La ménopause sans les hormones

- Prévention cardiovasculaire

Même si les hormones données dans l’étude WHI ne sont pas celles que prennent les Françaises, le THS ne protège peut-être pas de l’infarctus. Il ne devrait en tout cas pas être prescrit à cet effet. Mieux vaut privilégier l’exercice physique (marche, jogging, natation, vélo), un régime de type méditerranéen riche en aliments complets, en fruits et légumes, en poisson. Compléter par des vitamines contenant de l’acide folique.

- Prévention de l'ostéoporose

Le THS réduit le risque de fractures ostéoporotiques des vertèbres (rien ne prouve son efficacité sur le col du fémur). Mais d’autres médicaments font aussi bien sans augmenter le risque de cancer du sein, comme les bisphosphonates (alendronate, désidronate) ou le raloxifène qui appartient à la classe des SERM généralement prescrits en cas de contre-indication au THS. Autre médicament prometteur, la tibolone (lire encadré).

Pour préserver ses os sans médicaments, toujours l’exercice physique (et notamment la musculation), l’exposition au soleil en été, des suppléments de vitamine D3 de novembre à mars (400 à 800 UI/j). Rayon diététique : eaux riches en calcium, fruits, légumes, et suppléments de bicarbonate de potassium pour celles qui boudent les végétaux.

- Prévention du vieillissement cutané

Le THS peut améliorer la qualité de la peau, son hydratation, sa cicatrisation. Si le traitement est hors de question, vous pouvez considérer une supplémentation en DHEA. Sinon, restent les crèmes enrichies en antioxydants, rétinol et/ou acides de fruits (AHA) et les antioxydants par voie orale.

- Prévention du vieillissement cérébral

Le THS a des effets positifs sur l’humeur, le sommeil, l’équilibre mental général probablement parce qu’il réduit les symptômes de la ménopause. Certaines études trouvent qu’il prévient la maladie d’Alzheimer, d’autres pas. Parmi les autres options qui s’offrent à vous, figure la DHEA et la testostérone. Si vous ne voulez pas de médicaments, pensez aux suppléments d’acide folique et de vitamines B12 et E, mais aussi de phosphatidylcholine (précurseur de l’acétylcholine, principal neurotransmetteur de la mémoire). Veillez à vos apports en magnésium et assurez-vous que l’eau du robinet que vous buvez ne contient pas d’aluminium (facteur de risque d’Alzheimer). Limitez enfin la viande rouge, à l’origine de surcharges en fer (à l’origine de réactions d’oxydation dans le cerveau).

- Prévention des maladies oculaires dégénératives

Des études récentes suggèrent que le THS diminue le risque de dégénérescence maculaire liée à l’âge. Autre option : arrêt du tabac, régime riche en fruits et légumes supplémentation en zinc, vitamine E, caroténoïdes (lutéine, zéaxanthine).

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