Ostéoporose : les bénéfices des suppléments de vitamine D contestés

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 22/10/2015 Mis à jour le 10/03/2017
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Pas de bénéfices sur la densité osseuse, la masse musculaire, les chutes, avec des doses allant jusqu'à 100000 UI/mois.

Des femmes ménopausées en bonne santé qui ont pris des suppléments de vitamine D3 pendant un an ne voient pas de bénéfice sur la densité minérale osseuse, la force musculaire ou les chutes, que la dose soit élevée ou faible, selon un essai clinique contrôlé en double aveugle publié dans JAMA Internal Medicine.

L’étude a été conduite entre mai 2010 et juillet 2013 auprès de 230 femmes ménopausées ou qui avaient subi une ovariectomie depuis au moins 5 ans ou une hystérectomie sans ovariectomie après 60 ans. Les participantes n’avaient pas d’ostéoporose et leur taux sanguin de 25(OH)D3 au début de l’étude était compris entre 14 et 27 ng/mL. Elles ont reçu soit 800 UI de vitamine D3 par jour, soit 50 000 UI de D3 deux fois par mois avec un placebo, soit deux placebos deux fois par mois. Elles ont aussi reçu de la crème solaire pour limiter la synthèse de vitamine D par exposition au soleil et celles qui consommaient peu de produits laitiers ont bénéficié de conseils pour augmenter les apports en calcium.

Résultats : la supplémentation en vitamine D3 a augmenté l’absorption de calcium d’un pour cent environ, ce qui ne s’est pas traduit par une amélioration de la densité minérale osseuse. Par ailleurs, les femmes ayant reçu les doses les plus élevées ont vu leur taux sanguin de vitamine D passer au-dessus du seuil de 30 ng/mL. Mais aucun des autres marqueurs retenus pour l’étude n’a été amélioré.

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Ces résultats amènent à s’interroger sur l’intérêt des suppléments de vitamine D en prévention des fractures, écrivent les auteurs de l’étude, qui s’interrogent aussi sur la pertinence du seuil de 30 ng/mL généralement admis pour définir un déficit en vitamine D.

L’avis de LaNutrition.fr : Cette étude met en doute les bénéfices attribués à la vitamine D, mais elle a des limites. Elle n’a duré qu’un an, et ne portait pas sur le risque de fractures mais sur la densité minérale osseuse, un marqueur très imparfait du risque de fracture, car il n’est pas prédictif. De plus, la fréquence des chutes enregistrée reposait sur les déclarations des participantes. L’analyse récente de 11 essais cliniques en double aveugle au cours desquels des suppléments de vitamine D avec ou sans calcium ont été donnés à des personnes de 65 ans et plus, a conclu que ces suppléments n’ont eu d’effet significatif qu’à des doses quotidiennes comprises entre 792 et 2000 UI (médiane : 808). À ces doses, la réduction des fractures du col du fémur et de 30 % et la réduction des fractures non vertébrales de 14 %. En 2018, une méta-analyse portant sur 81 essais cliniques et des doses de vitamine D aux alentours de 800 UI a abouti aux mêmes conclusions :  la supplémentation en vitamine D ne prévient pas les fractures, les chutes et n'améliore pas la densité osseuse, et ce, que la dose soit faible ou élevée. En revanche, cette étude ne concernait pas les personnes carencées (taux < 30 ng/mL), qui sont pourtant les plus à même de bénéficier des suppléments d'après les études.

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