Hypothyroïdie : quand les symptômes persistent malgré le traitement

Par Didier Souccar - Pharmacien Publié le 23/04/2012 Mis à jour le 19/01/2022
Conseils

Malgré un traitement par des hormones thyroïdiennes, beaucoup de patients continuent de se plaindre de symptômes d'hypothyroïdie. Le seul dosage de la TSH est parfois insuffisant, tout comme la prescription de la seule lévothyroxine.

Qu'est-ce que la thyroïde ?

La thyroïde est une glande en forme de papillon, située à l’avant du cou, et qui produit trois hormones :

  • la thyroxine (T4), qui est la principale hormone produite par la thyroïde
  • la triidothyronine (T3), qui est produite par les cellules à partir de la T4
  • la calcitonine, qui intervient dans le métabolisme du calcium et du phosphore.

T4 et T3 sont produites à partir de l’iode et de la tyrosine (un acide aminé), elles vont se lier aux récepteurs intracellulaires et modifier l’expression de certains gènes, régulant ainsi un nombre impressionnant de fonctions de base de l’organisme. Le déficit en hormones thyroïdiennes pendant le développement du foetus ou les premiers stades de la croissance peut notamment entraîner un retard mental profond et irréversible, une situation aujourd’hui rarissime.

Les hormones thyroïdiennes régulent principalement le métabolisme, c’est-à-dire notre utilisation de l’énergie, donc notre poids, notre énergie, notre humeur, notre température corporelle, notre fonction musculaire, le fonctionnement du cœur et des vaisseaux, notre libido, la beauté de notre peau, de nos cheveux, de nos ongles, la solidité de nos os ou de nos dents. La thyroïde agissant partout dans l’organisme, des erreurs de diagnostics sont fréquentes : une hypothyroïdie peut ainsi être confondue avec une dépression, une fibromyalgie ou se manifester via des symptômes inhabituels (troubles du rythme cardiaque, constipation, etc).

3 livres pour comprendre et aller mieux : En finir avec l'hypothyroïdie du Dr Benoït Claeys ; En finir avec la thyroïdite de Hashimoto par le Dr Benoït Claeys et Thyroïde, les solutions naturelles du Dr Philippe Veroli.

Les troubles et maladies de la thyroïde

Les troubles et maladies de la thyroïde sont très fréquents dans le monde, et aussi en France. Les femmes sont plus touchées que les hommes avec 8 femmes sur 100 qui présentent un dérèglement de cette glande après l’âge de 65 ans.

Les problèmes de thyroïde comprennent :

  • Les goitres, qui correspondent à une augmentation du volume de la glande thyroïde
  • L'hyperthyroïdie, lorsque la glande thyroïde produit plus d'hormones thyroïdiennes que votre corps n'en a besoin
  • L'hypothyroïdie, lorsque la glande thyroïde ne produit pas suffisamment d'hormones thyroïdiennes
  • Les cancers de la thyroïde
  • Les nodules thyroïdiens, qui correspondent à des zones de la thyroïde dont l’activité change
  • La thyroïdite, une inflammation de la thyroïde

Pour diagnostiquer ces maladies, les médecins ont recours à un examen physique, des dosages sanguins, des tests, de l'imagerie. Il faut parfois avoir recours à une biopsie. Le traitement dépend du diagnostic. Il peut faire appel à des médicaments, une radiothérapie ou une intervention chirurgicale.

Les personnes qui ont une maladie auto-immune ont un risque 25% plus élevé que les autres d’avoir un jour une maladie de la thyroïde, en particulier une maladie dite « thyroïdite de Hashimoto » dans laquelle les anticorps détruisent progressivement la glande.

Dans de nombreux cas, les problèmes de thyroïde, qu’ils soient soignés par chirurgie, radiothérapie ou sans traitement, finissent par évoluer vers l’hypothyroïdie.

Qu'est-ce que l'hypothyroïdie ?

L'hypothyroïdie est la condition au cours de laquelle votre glande thyroïde ne produit pas suffisamment d'hormones. Beaucoup de cas sont dus au fait que le système immunitaire attaque la glande thyroïde et l'endommage (thyroïdite de Hashimoto), ou que la thyroïde a été infectée par un virus (thyroïdite de Quervain) ; des dommages à la thyroïde surviennent aussi lors de certains traitements dirigés contre une thyroïde trop active, ou pour soigner un cancer de la thyroïde.

Les symptômes sont généralement :

  • fatigue (symptôme majeur dans les thyroïdites auto-immunes))
  • peau sèche et cheveux secs (symptôme répandu)
  • gain de poids
  • dépression
  • sensibilité au froid, frilosités
  • douleurs musculaires
  • essoufflement 

Lire : Hypothyroïdie, causes et symptômes

Comment sont traitées les hypothyroïdies ?

Fort heureusement il existe des formes synthétiques pour compenser le déficit de nos hormones naturelles :

  • La lévothyroxine (aussi appelée L-T4), est une forme de T4. C'est l'hormone la plus prescrite aux patients, souvent à vie, en particulier sous le nom Lévothyrox.
  • La liothyronine (L-T3) est une forme de T3, commercialisée en France sous le nom Cynomel. Elle est généralement prescrite pour des durées courtes.
  • L'association L-T4 et L-T3 peut être prescrite alternativement à la seule L-T4. Elle est commercialisée en France sous le nom Euthyral (100 μg de L-T4 et 20 μg de L-T3).

"La lévothyroxine a beau être un des médicaments les plus prescrits au monde, indique le Dr Benoît Claeys, auteur de En finir avec l'hypothyroïdie, les études montrent que la plupart des personnes qui en prennent en reçoivent soit trop, soit trop peu. Un constat qui, à lui seul, explique pourquoi on peut continuer à avoir des symptômes désagréables et chroniques comme de la dépression, des crampes, des troubles du sommeil, des douleurs diffuses ou des difficultés à régler son poids."

Pourtant, ces personnes qui continuent à ressentir des symptômes d’hypothyroïdie même avec un traitement ont souvent une TSH normale. Pourquoi et comment réagir ?

Lire : Hypothyroïdie : êtes-vous concerné ? Faites-le test

Le diagnostic de l'hypothyroïdie par le dosage de la TSH

Mais comment déterminer si on en prend une dose adaptée ? En France, la surveillance de routine par les endocrinologues repose souvent simplement sur un dosage de la TSH (thyroid-stimulating hormone) dont la production est naturellement ajustée en proportion à la quantité d’hormones thyroïdiennes qui circulent dans le sang.

Un dosage de TSH, c'est quoi ? L’hypophyse, une glande située à la face inférieure du cerveau, sécrète des hormones appelées stimulines, notamment en réponse à des neuro-hormones envoyées par l’hypothalamus. L’une d’elles, la thyréostimuline ou TSH, stimule la glande thyroïde. Sous son influence, la thyroïde relâche dans la circulation sanguine les deux hormones T3 et T4.

Le dosage de la TSH reste LE critère pour déterminer un dérèglement du fonctionnement normal de la thyroïde ou ajuster un traitement. Un taux trop élevé de TSH est le signe d’un manque de T4 dans le sang (en cas de baisse de T4 dans le sang, l’hypophyse sécrétant davantage de TSH pour stimuler la glande). Le Dr Benoît Claeys (Waterloo, Belgique), qui soigne depuis plus de 15 ans des patients souffrant d'hypothyroïdie, pense qu'il ne faut pas se fier au seul dosage de la TSH pour initier ou corriger un traitement. La réalisation de tests complémentaires est nécessaire.

À lire : Thyroïdite de Hashimoto : causes et symptômes et Thyroïdite de Hashimoto : les bons réflexes alimentaires

L’avis du Dr Claeys sur l'analyse de la TSH

« Dans ma pratique, je constate qu’un grand nombre de patients présentent tous les signes et symptômes d’une hypothyroïdie alors que leurs valeurs de TSH sont normales. À cela deux raisons possibles : soit les normes ne sont pas bonnes, soit la TSH n’est pas toujours un bon indicateur de la fonction thyroïdienne. Personnellement je pense que la TSH n’est pas un bon indicateur. Aussi, le débat sur les normes, même s'il est justifié, est secondaire pour moi. Si la plupart des médecins pensent que le dosage de la TSH seul permet de poser un diagnostic d’hypothyroïdie, je crois en revanche que dans bien des cas, on peut passer à côté du problème. L’une des raisons principales est que le taux de TSH ne varie pas seulement en fonction du taux de T4 dans le sang mais également en fonction de nombreux autres facteurs dont il faudra tenir compte avant d’interpréter les résultats des dosages. »

Pour aller plus loin, lire : Hypothyroïdie : les aliments à éviter (Abonné)

Quel est le taux de TSH normal ? Quand est-elle trop basse ou trop élevée ?

Au laboratoire, les valeurs normales de TSH sont généralement comprises entre 0,3 et 5 mUI/L (elles peuvent varier selon les normes du laboratoire). En 2002, une grande étude américaine (NHANES III) a évalué la plage normale de TSH dans la population adulte ; l'étude a conclu que 95% de la population américaine exempte de maladie thyroïdienne avait une concentration sérique de TSH comprise entre 0,45 et 4,12 mUI/L. Mais en 2005, l'Académie nationale de biochimie clinique des USA (NACB) a proposé que la limite supérieure de la plage de référence de la TSH soit abaissée à 2,5 mUI/L.

Selon le Dr Benoît Claeys, "le taux de TSH n’est pas toujours un bon indicateur mais on ne peut nier que le taux de TSH est porteur d’informations. De très nombreuses études scientifiques ont montré une corrélation entre le taux de TSH et l’hypothyroïdie : plus le taux de TSH dans le sang augmente, plus le risque de développer des signes d’insuffisance thyroïdienne et les maladies qui en découlent est élevé. Plusieurs études épidémiologiques ont démontré que l’on a un risque significativement plus élevé de mourir précocement de maladies chroniques lorsque la TSH est supérieure à 1,3 mUI/L. Pour la T3 et la T4, c’est l’inverse : plus les valeurs de T3 libre et de T4 libre sont (modérément) élevées, moins le risque de maladie semble élevé."

Il faut cependant noter qu'une TSH sérique légèrement élevée chez les personnes âgées reflète simplement la diminution de l'activité biologique de la TSH ou le fait qu'elle est liée à du sucre. "Pour ces raisons, explique le Dr Bernadette Biondi (université de Naples), le traitement substitutif par hormone thyroïdienne n'est pas conseillé chez les patients âgés présentant une légère augmentation de la TSH soit moins de 7 mUI/L. Après 85 ans, l'augmentation de la TSH sérique chez les sujets de 85 ans ou plus n'est pas associée à une augmentation des troubles cognitifs ou fonctionnels ou de la mortalité cardiovasculaire et totale. De plus, le traitement substitutif par la lévothyroxine chez les patients âgés présentant une légère augmentation de la TSH n'a été associé à aucun effet bénéfique ou protecteur."

Les fluctuations qui affectent la TSH

Par ailleurs, de nombreux facteurs peuvent affecter la TSH (stress, mauvais sommeil, médicaments, mauvaise alimentation...) ce qui explique que le taux de TSH n'est pas toujours un bon indicateur de la fonction thyroïdienne.

Les facteurs qui abaissent le taux de TSH

  • Le jeûne
  • Les régimes à basses calories
  • La malnutrition
  • L’exercice intense et de longue durée
  • L’état dépressif
  • L’anxiété
  • Le diabète
  • Le syndrome post-traumatique
  • Un traitement par des hormones thyroïdiennes

Les facteurs qui augmentent le taux de TSH

  • L’âge
  • Le stress
  • La privation de sommeil

Les facteurs susceptibles d’augmenter ou de diminuer les taux de TSH en fonction des situations

  • Le rythme jour-nuit et les saisons
  • L’insuffisance rénale
  • Le cancer et l’infarctus du myocarde
  • L’alcoolisme chronique
  • Les statines (médicaments anti-cholestérol)
  • Les contraceptifs œstro-progestatifs et les progestatifs
  • Les antidépresseurs
  • Le glutamate de sodium (exhausteur de goût)
  • Les antihistaminiques
  • La grossesse

Les autres outils de diagnostic

Le diagnostic de l'hypothyroïdie par le dosage complémentaire des hormones thyroïdiennes

Alors que la Haute Autorité de Santé (HAS) ne préconise que le dosage de la TSH en première intention, de plus en plus de spécialistes de la thyroïde estiment que les tests thyroïdiens devraient aussi comporter le dosage des hormones T3 et T4 libres ou T3L et T4L. Ce sont les fractions des hormones thyroïdiennes biologiquement actives car non liées à des protéines.

Voici quelques situations rencontrées dans le dosage des hormones thyroïdiennes chez des patients prenant de la lévothyroxine, montrant l'intérêt du dosage des hormones thyroïdiennes en sus de la TSH pour mieux prendre les patients en charge :

  • TSH normale, T4L élevée, T3 normale : peut refléter une conversion moins efficace de la T4 en T3 (voir plus loin).
  • TSH élevée, T4L normale, T3 normale : hypothyroïdie.
  • TSH élevée, T4L basse : peut signifier que le médicament est pris à proximité des repas (il doit être pris à jeun) ; les fibres, le café, les suppléments de fer et de calcium, les médicaments inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) peuvent aussi freiner l'absorption de lévothyroxine. Par ailleurs, la maladie céliaque, l'achlorhydrie, l'intolérance au lactose pourraient réduire l'absorption de la lévothyroxine. Alternativement, cette situation se rencontre lorsque le métabolisme est accru : c'est le cas lorsqu'on prend des médicaments comme la phénytoïne, la carbamazépine, l'imatinib. De même les patients souffrant de syndrome néphrotique éliminent plus de T4 dans les urines. La prise de la pilule augmente le niveau de la protéine qui se lie à la T4, ce qui nécessite souvent d'augmenter la dose de T4.
  • TSH élevée, T4L basse, T3L basse : possible conversion médiocre de la T4 en T3.
  • TSH élevée, T4L normale, T3 normale : hypothyroïdie subclinique. Peut refléter une malabsorption, un métabolisme augmenté ou une prise irrégulière du médicament.
  • TSH basse, T4L et T3L élevées : tableau d'hyperthyroïdie, avec une TSH généralement inférieure à 0,03 mUI/L.
  • TSH normale ou élevée, T4L et T3L élevées : peut se rencontrer avec certains médicaments (amiodarone, héparine) ; peut aussi signer une prise irrégulière du médicament.

Le diagnostic par l'examen clinique

Le Dr Broda Otto Barnes (1906-1988), de l'Université du Colorado, a consacré sa carrière à l’étude de l’hypothyroïdie. Selon lui, 40% de la population américaine présente un dysfonctionnement de la thyroïde, et le seul dosage de la TSH est insuffisant pour les identifier. Barnes préconisait un examen clinique, un interrogatoire sur le passé médical du patient et la prise de la température 10 minutes sous l'aisselle au réveil. Il considérait qu'une température de 36,6° ou moins signait une hypothyroïdie. L'hypothyroïdie expose à un risque d'infections par déficit immunitaire, elle se traduit chez la femme par des irrégularités menstruelles, des fausses couches et une infertilité. Sur la base de rapports d'autopsie, Barnes avait établi un lien entre l'hypothyroïdie et les maladies cardiovasculaires, ainsi qu'avec les maladies vasculaires chez le diabétique.

Si vous présentez des signes d’hypothyroïdie ou d’hyperthyroïdie

Adressez-vous bien sûr à votre médecin. Il vous examinera, vous interrogera et procèdera à une prise de sang pour mesurer la TSH. Il pourra le cas échéant y adjoindre le dosage de la T4L et de la T3L pour affiner le diagnostic. En cas de prescription d'hormones thyroïdiennes, le médecin analysera l'évolution de vos résultats selon le niveau d'hormones prescrites. Si la valeur de la TSH est supérieure à 3, ou qu'elle est inférieure à 0,2, et que votre qualité de vie n'est pas améliorée, votre traitement pourra être adapté.

Certaines études montrent effectivement que les patients qui reçoivent du Lévothyrox voient leur qualité de vie s’améliorer en adaptant leurs doses pour amener la TSH en dessous de 2,5. D’autres études ont montré que les personnes qui ont une TSH entre 0,4 et 2 ont un métabolisme plus rapide que ceux dont la TSH est plus élevée, pouvant être une explication à des difficultés à perdre du poids. Une TSH légèrement trop élevée (entre 4 et 10 mUI/L) est liée à un risque accru de maladies cardiovasculaires, d’hypertension et de résistance à l’insuline. En revanche, une TSH trop basse augmente fortement le risque d’ostéoporose et de troubles du rythme cardiaque grave, en particulier en dessous de 0,1 mUI/L.

Quand la lévothyroxine (L-T4) ne suffit pas

Si vous recevez de la lévothyroxine (T4), que votre TSH est dans les valeurs normales (entre 0,2 et 3 mUI/L), et que vous souffriez malgré cela de symptômes persistants, il est possible que la lévothyroxine se convertisse mal dans votre organisme en T3, qui est l’hormone active finale. L'incapacité de la lévothyroxine à restaurer la physiologie des hormones thyroïdiennes est appelée "hypothèse de la T3 tissulaire basse". Expérimentalement, chez l'animal, la teneur en T3 des tissus n'a pu être normalisée que par l'administration combinée de T4 et de T3, la T4 seule en étant incapable. De fait, les données scientifiques montrent que 7,2 % des patients hypothyroïdiens sous LT4 ont des niveaux de FT4 supérieurs à la limite supérieure normale et 15,2 % des patients ont des niveaux de FT3 inférieurs à la limite inférieure normale. 

Dans ce cas ce trouble apparaît sur une prise de sang avec une TSH normale et une T4 et T3 légèrement abaissées (voir plus haut). Votre médecin peut alors vous prescrire un mélange de T4 et de T3 (comme Euthyral), qui devrait ramener votre taux de T3 dans la norme et faire partir vos symptômes résiduels (voir plus haut).

Dans une enquête, les symptômes dont se plaignaient les patients prenant de la lévothyroxine T4 (avant initiation d'un traitement associant T4 et T3) étaient surtout (par ordre de fréquence) : fatigue, manque d'énergie, troubles cognitifs, troubles musculo-squelettiques, problèmes de poids, douleurs, dépression, constipation, suées...

Pour l'instant les essais cliniques comparant les effets de la T4 seule à ceux de la combinaison T3-T4 ont donné des résultats mitigés ou difficiles à interpréter, en raison d'un nombre de patients trop faibles, de différences dans le profil des patients, les protocoles et les traitements. En partie aussi parce que la T3 augmente et diminue rapidement dans le sang, ce qui peut rendre difficile le maintien de taux thérapeutiques. "Ce n'est pas toujours le ticket gagnant", explique l'endocrinologue Elizabeth McAninch (Centre médical de l'université Rush). "J'ai certains patients qui se sentent mieux grâce à la combinaison T3/T4 et d'autres non". En attendant des essais cliniques de grande envergure comparant les effets de la T4 seule, ceux de la combinaison T3-T4 et ceux d'un extrait de thyroïde, les médecins sont de plus en plus ouverts à la prescription d'une petite dose de T3 chez les patients dont les symptômes ne s'améliorent pas sous T4 seule.

Lire aussi : Les aliments à éviter en cas d'hypothyroïdie

Il faut signaler que certaines variantes génétiques de certaines enzymes (les déiodinases) peuvent modifier le ressenti face au traitement. Il faut donc être à l’écoute de son corps plutôt qu’à l’écoute des chiffres de la prise de sang et adapter les doses en fonction.

Enfin, les sociétés savantes encouragent les médecins à rechercher si les symptômes persistants malgré le traitement n'ont pas de causes sans lien avec la thyroïde, comme la présence d'une auto-immunité. Plusieurs des plaintes des patients peuvent être prises en charge par des thérapies cognitives et comportementales (TCC), qui donnent de bons résultats sur la qualité de vie, l'énergie et la santé en général.  

Lire : Le grand livre des thérapies cognitives et comportementales 

Un cas particulier : l'hypothyroïdie fruste

Si vous êtes mal soigné, cela peut venir aussi d'une hypothyroïdie particulière, dite fruste. Selon la HAS, « l’hypothyroïdie fruste est définie par un taux de TSH supérieur à 4 mUI/l, confirmé par un deuxième dosage à 1 mois, sans anomalie de la concentration de la T4L (T4 libre) ». Elle concernerait en moyenne entre 3,4 et 10 % de la population. Les femmes et les personnes de plus 60 ans (notamment celles qui ont des antécédents thyroïdiens ou de traitements comme l’amiodarone, le lithium, l’interféron) sont plus à risque d’hypothyroïdie fruste.

Un tiers des cas d'hypothyroïdie fruste évoluent vers une vraie hypothyroïdie, ce qui explique qu'il est important de la diagnostiquer. Par ailleurs les personnes qui en souffrent semblent plus à risque d'être atteintes de diabète, de maladies cardiovasculaires, de troubles cognitifs et musculaires, de troubles de l'humeur et de fractures osseuses. Malheureusement, à ce jour, les indications officielles concernant le dépistage et la substitution hormonale restent controversées.

Recommandations

Il est important de communiquer avec votre médecin. Les chiffres sont une chose, vos symptômes en sont une autre, non moins importante. Dans le cas d’une suspicion de symptômes résiduels, une augmentation légère de la lévothyroxine sur quelques mois, sous réserve de l'accord de votre médecin, est généralement sans danger et peut vous permettre d'apprécier la différence. Il en va de même de l'essai par le médecin de la combinaison T4/T3.

Méfiez-vous cependant des symptômes trompeurs : beaucoup de symptômes de l’hyper ou de l’hypothyroïdie peuvent être aggravés par un déficit en vitamine D ou un autre problème hormonal, deux éventualités qu’une prise de sang pourra facilement écarter. Votre médecin peut aussi explorer d'autres causes de symptômes persistants comme la présence d'auto-immunité. Enfin, retenez que les TCC peuvent constituer une aide importante pour améliorer énergie et qualité de vie. 

Un livre à lire si votre thyroïde fonctionne au ralenti : En finir avec l'hypothyroïdie 

Références
  1. Institut de veille sanitaire. Maladies thyroïdiennes dans la cohorte SUVIMAX. 1994-2002.
  2. Spencer et al. AACC Expert Access. 08/15/06. University of Southern California.
  3. Ali J Chakera, Simon HS Pearce, Bijay Vaidya. Treatment for primary hypothyroidism: current approaches and future possibilities. Drug Des Devel Ther. 2012:6.1-11.
  4. "Doctors Hear Patients' Calls for New Approaches to Hypothyroidism", The Wall Street Journal, April 11, 2016.

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