Cartographie du désir

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 25/06/2007 Mis à jour le 21/02/2017
L'essentiel

LaNutrition.fr ouvre le grand dossier de la sexualité.Comment vont les Français dans ce domaine ? Que sait-on aujourd’hui des bases biologiques de l’attraction ? Et surtout que faire pour relancer le désir quand il vient à manquer ?LaNutrition.fr répond à toutes les questions que vous pouvez vous poser sur le sexe dans ce dossier complet.

Et vous, comment va votre vie sexuelle ?

Au pays du French Lover tendre et romantique, nos contemporains sont-il à la hauteur de leur réputation ? Deux études récentes ont passé à la loupe la sexualité des Français. Que se passe-t-il sous nos couettes (ou ailleurs…) ?

Si l’on en croit les couvertures des magazines, les Français s’intéressent davantage au sexe quand l’été pointe son nez… La longueur des jupes diminue à mesure que la température augmente et cet étalage de corps de plus en plus dénudés semble flatter notre libido… Mais les Français ont-ils réellement davantage de rapports sexuels en été que le reste de l’année ? « C’est possible, répond le sexologue Ronald Virag, mais il ne faut pas y voir une quelconque manifestation hormonale ou physiologique. Si l’été est considéré comme “ la saison des amours”, c’est simplement que pendant les vacances les gens ont davantage de temps libre pour avoir des rapports sexuels. » Malgré tout, des analyses réalisées en Norvège et en Jordanie suggèrent que le niveau de testostérone (une hormone sexuelle liée au désir, chez l’homme comme chez la femme) est plus élevé aux beaux jours qu’en hiver (1). Ce niveau pourrait en effet fluctuer avec la chaleur et la pression barométrique.

Et le reste de l’année, comment se porte la sexualité des Français ? Deux récentes enquête menées l’une par l’Inserm (Institut national et l’Ined (Institut national d’études démographiques) et l’autre par la marque de préservatif Durex nous le disent…

 

Age au premier rapport sexuel, par sexe et par génération (année des 18 ans)

 

Des sondages sous la couette

L’enquête « Contexte de la sexualité en France » de l’Inserm et de l’Ined a été publiée en mars 2007. 12 364 hommes et femmes âgés de 18 à 69 ans ont révélé les détails les plus intimes de leur vie sexuelle. Verdict : les habitudes sexuelles des Français évoluent.

Premier constat : l’âge du premier rapport diminue. Les seniors d’aujourd’hui avaient connu leurs premiers émois sexuels à 18,8 ans pour les hommes et à 20,6 ans pour les femmes. Aujourd’hui nos ados découvrent l’amour au même âge, dans leur 17ème année.

Deuxième enseignement de l’étude, ces messieurs seraient plus portés sur le nomadisme sexuel que ces dames… Les hommes déclarent en effet un nombre moyen de partenaire de 11,6 contre seulement 4,4 pour les femmes. Néanmoins, les auteurs précisent que les femmes, à la différence des hommes, tendent à n’inclure dans leur tableau de chasse que les relations qui ont compté pour elles au niveau affectif et pas les aventures d’un soir. Ainsi, elles ne sont qu’1 sur 10 à déclarer avoir eu au moins 10 partenaires contre plus d’1 homme sur 3.

Nombre moyen de partenaires dans la vie en 1970, en 1992 et en 2006

Par ailleurs si l’on en croit les conclusions des enquêteurs, ce que l’on nomme parfois la « bagatelle » est loin d’en être une : près de la moitié des hommes interrogés et plus de 30 % des femmes considèrent que la sexualité est indispensable à leur équilibre personnel. Ainsi la sexualité concernerait une grande majorité des Français : près de 90 % d’entre eux déclarent avoir eu des rapports sexuels dans les 12 derniers mois.

 

La sexualité est indispensable à votre équilibre personnel (% d'accord)

 

Plus de 2 rapports par semaine mais seulement 25% de satisfaits

Côté fréquence, le rapport de l’Inserm révèle que les hommes et les femmes qui ont un partenaire feraient 8,7 fois l’amour par mois soit environ deux rapports sexuels par semaine. C’est à peu près le même score dévoilé par la dernière enquête commandée par la marque de préservatifs Durex. L’enquête a été effectuée auprès de 26.000 personnes dans 26 pays. Avec 120 rapports annuels les Français seraient plus actifs que la moyenne qui est de 103 rapports par an. Ils se classeraient à la 11ème place, devancés par les Grecs (164), les Brésiliens (145), les Polonais et les Russes (143), les Indiens (130), les Mexicains et les Suisses (123), les Néo-Zélandais et les Chinois (122) et les Italiens (121). En queue de peloton on trouve les Etats-Unis et Singapour (85), le Nigéria (84), Hongkong (82) et le Japon (48).

En revanche en terme de satisfaction nos voisins n’auraient vraiment rien à nous envier : seuls 25 % des Français se déclareraient satisfaits sexuellement. La seule contrée qui obtient un score plus déplorable est le Japon avec seulement 15 % de satisfaction. Le Nigeria, le Mexique et l’Inde caracolent en tête avec respectivement 67 %, 63 % et 61 % de satisfaction. Et pourtant les Nigériens arrivent eux en avant- dernière position pour ce qui est de la fréquence des rapports sexuels, avec seulement 84 rapports par an.

L'enquête indique par ailleurs que la durée moyenne d'un acte sexuel est de 18 minutes. Avec 15 minutes, les Français sont parmi les plus rapides devant les Indiens, derniers avec 13,2 minutes. Avec 24 minutes, les Nigérians font durer le plaisir.

(1) El-Migdadi F, Nusier M, Bashir N. Seasonal pattern of leutinizing, follicle-stimulating hormone, testosterone and progesterone in adult population of both sexes in the Jordan Valley. Endocr Res. 2000 Feb;26(1):41-8.

 

Quand le désir et le plaisir ne sont plus au rendez-vous

Parfois la machine s’enraye : le désir et le plaisir ne sont plus au rendez-vous et le rapport au sexe peut devenir un problème. Que faire dans ces cas là pour retrouver une sexualité épanouie ?

Si l’on en croit les résultats de l’enquête « Contexte de la sexualité en France » de l’Inserm et de l’Ined portant 12 364 hommes et femmes âgés de 18 à 69 ans, peu de Français souffrent fréquemment de dysfonctions sexuelles : seuls 1,9% des hommes et 6,8 % des femmes confient souffrir « souvent » de difficultés sexuelles. En revanche 20,1 % de ces messieurs et 29 % de ces dames reconnaissent souffrir « parfois » de problèmes liés à leur sexualité. (voir tableau)

 

Dysfonctions rencontrées dans les douze mois

Chez les hommes, la principale plainte concerne les troubles de l’érection. Un problème qui augmente considérablement passé l’âge de 40 ans (voir graphique). Passé 60 ans ce sont 30 % des hommes qui se plaignent de souffrir « parfois » de difficultés à atteindre et maintenir une érection.

 

Hommes déclarant des problèmes d'érection "souvent"

Le principal motif d’insatisfaction sexuel au féminin est la difficulté à atteindre l’orgasme. Cette plainte concerne surtout 2 catégories de femmes : les 18-24 ans et les 60-69 ans. Pour les auteurs de l’étude ces chiffres traduisent les difficultés liées à l’apprentissage de la sexualité chez les jeunes et les effets conjugués de la durée de la relation et du vieillissement chez les plus âgées.

 

Femmes déclarant des difficultés à atteindre l'orgasme "souvent"

 

La sexotherapie pour retrouver une sexualité épanouie

Comment faire pour oublier les pannes d’érection ou les problèmes d’orgasme ? Le passage par le divan du sexotherapeute peut être très efficace. En effet parfois ces troubles ont une origine psychologique dominante et dans ce cas là une consultation avec un sexologue peut s’avérer utile. C’est notamment ce que confirme le docteur Michel Lombard, sexologue à Gagny et président de l’association pluridisciplinaire de recherche et d’étude sur la sexualité (APRES) qui reçoit des patients venus le consulter pour des troubles du désir et/ou du plaisir. En 30 ans de pratique ce dernier est très positif quand à l’efficacité de la sexotherapie : souvent le simple fait de parler de ces troubles permet de retrouver une sexualité normale.

 

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